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L’Observateur N° 8349 du 9/4/2013

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Centrafrique : Djotodia face à lui-même
Publié le mercredi 10 avril 2013   |  L’Observateur




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Voici des combattants qui s’emparèrent d’un pouvoir qu’ils ont tant désiré, mais qui ne mettront pas longtemps à faire l’expérience de la dure réalité de sa gestion.

A l’intérieur de ce vaste conglomérat que représente la Seleka, désormais aux commandes en République centrafricaine, presque plus rien ne va ; ça tire à hue et à dia ; des fissures et des lézardes se trouvent dans toutes les parties d’un corps pourtant présenté il y a peu, comme une entité soudée, solide, dotée d’une volonté unique : chasser Bozizé et ses hommes du palais présidentiel. Mission réussie il y a quelque deux semaines de cela au terme d’une guerre éclair soutenue par des soldats tchadiens. Quant à la gestion du pouvoir, qui, désormais leur revient, il faudra sans doute repasser.

Et pourtant, c’est cette même Seleka qui, le 22 mars 2013, a publié un communiqué dans lequel elle niait en bloc des allégations développées selon elle par des médias malveillants, lesquels faisaient état de «profondes divisions, de dissidence, voire de dissension», montées de toutes pièces par des journalistes à la petite semaine à la solde du général Bozizé.

Mais au regard de la crise, de plus en plus ouverte, qui mine la coalition rebelle, force est de reconnaître qu’il y a véritablement problème. Dénégations passionnées et fuites en avant répétées à l’envi n’y changeront rien. La Seleka aujourd’hui est en proie aux démons de la division : récriminations de soldats qui firent l’expérience du feu sur le terrain de la conquête du pouvoir et qui estiment qu’on a tendance à les oublier maintenant qu’est venue l’heure du partage du gâteau ; népotisme du chef rebelle, Michel Djotodia, accusé de faire la part belle à sa propre famille dans la formation du nouveau gouvernement, contestation du maintien aux affaires de barons alliés de Bozizé et (injure suprême !) on reproche au numéro 1 de la rébellion de s’éloigner de l’esprit des accords de … Libreville ! Ironie du sort, c’est l’un des griefs qu’avait brandi Djotodia pour justifier la marche de la Seleka sur Bangui aux fins d’en chasser un certain… Bozizé !

Il y a péril donc en la demeure Seleka, mais, à la réflexion, la chose n’étonnera pas outre mesure. Ladite coalition est un assemblage d’éléments disparates, dont les desseins, tout aussi disparates, passaient par la prise de Bangui. Rappelons-nous le pillage organisé auquel se sont laissés aller les insurgés avant que les civils s’y mettent à leur tour.

La chose faite, il est somme toute normal que chacun retourne à ses vieilles amours et jure par ses lares anciens : il en résulte ce que l’on sait : la Seleka se présente désormais comme un véritable panier à crabes où les luttes d’influences le disputent aux querelles de positionnement. Et pour combien de temps ? Nul ne le sait vraiment.

Quelles conséquences tout cela peut-il avoir sur la conduite des 18 mois de transition qui devraient conduire à un nouveau point de départ démocratique ? On donne sa langue au chat et on s’en inquiète ; et les Centrafricains plus que tous ; car ce sont eux qui à ce jour font l’amère expérience que leurs «sauveurs», deux bonnes semaines après s’être rendus maîtres des lieux, se révèlent lamentablement incapables d’empêcher les pillages, désormais récurrents, de même qu’ils peinent à restaurer ne serait-ce qu’un semblant de sécurité. Alors, question : pourront-ils faire mieux que le président déchu ? Le moins qu’on puisse dire, c’est que les premiers signaux de la Seleka ne poussent guère à l’optimisme.

Jean Claude Kongo

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