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L’Observateur N° 8349 du 9/4/2013

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Situation de l’UO : Ces années académiques sans tête ni queue (1)
Publié le mercredi 10 avril 2013   |  L’Observateur




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C'est essentiellement la faute au système LMD. Telle est la conviction de la directrice de publication de Univers étudiant sur la situation qui règne à l'université de Ouagadougou. Et elle fait des propositions pour sortir de ces années académiques sans tête ni queue.

L’Etat, avec le Premier ministre Beyon Luc Adolphe Tiao, s’est soudainement retroussé les manches pour prendre à bras-le-corps la situation catastrophique que nous, étudiants, vivons à l’UO. Eh bien, nous en sommes honorés ! Mais nous ne devons pas occulter le fait que nous sommes dans un «Etat de droit», où chacun a son mot à dire dans la construction de la nation. Voix des milliers d’étudiants sans voix ni visage mais que l’on sait peuplant le temple du savoir de Zogona, le journal Univers Etudiant s’exprime sur la récente décision de blanchiment technique de l’année académique à l’Université de Ouagadougou.

Blanchiment technique de l’année… Quel terme colossal ! Personne ne comprend vraiment ce concept, et on a même souvent l’impression que celui qui l’évoque y perd les pédales.

«Ce n’est pas une année blanche», nous a-t-on précisé immédiatement pour ne pas chauffer les esprits. Car des esprits déjà plus que tièdes, il n’en manque pas dans ce «temple du savoir» en ruine.

Si nous avons bien compris, il s’agit d’ignorer l’année 2011-2012 et d’inscrire les étudiants en 2012-2013. Mais qu’implique réellement cette mesure pour les étudiants ?

Prenons le cas d’un étudiant en SVT. Ce dernier qui a eu son bac au cours de l’année scolaire 2009-2010.

Voici la situation telle qu’elle aurait dû être pour cet étudiant :

2010-2011 : 1re année

2011-2012 : 2e année

2012-2013 : 3e année

Et voici la situation de cet étudiant actuellement. Ayant commencé les cours en 2011 à l’université pour le compte de l’année 2010-2011, en 2013, il en est toujours à sa première année, plus précisément au second semestre vu que c’est le système LMD qui est en vigueur dans cette faculté.

Le blanchiment technique consiste donc à faire en sorte qu’il ne s’inscrive pas cette année pour 2011-2012, puisqu’on est déjà en 2013, mais plutôt qu’il s’inscrive au titre de l’année 2012-2013. C’est l’année académique passée qui a été blanche en fait !

La faute au système LMD

Cela n’est pas une mauvaise idée, bien au contraire, «il n’avait rien d’autre à faire», disent plusieurs étudiants. En effet, il vaut mieux amputer le doigt dès que commence la gangrène pour ne pas avoir à couper ensuite le bras.

En outre, la conservation des avantages financiers tels que la bourse et le foner n’est pas chose à déplaire aux étudiants.

Monsieur Tiao ne peut cacher sa nostalgie quand il parle de «l’UO d’antan». Mais pour quelles raisons notre chère UO en est-elle arrivée à la situation qui est la sienne actuellement ?

Selon notre analyse, tout le problème viendrait de prime abord du système LMD (son application et son refus par les étudiants).

En effet, ce système de l’enseignement supérieur, si luisant ailleurs, tellement apprécié, que l’on a voulu, comme tout bon Africain qui ne peut se détourner des pratiques de son colonisateur, copier ici à l’Université de Ouagadougou, est la cause première de ces années académiques sans queue ni tête.

Oui, monsieur, c’est la cause principale de tous les maux. Les étudiants ont parfois le sentiment que l’administration elle-même ne maîtrise pas l’application du LMD.

Ce système nécessite une grande disponibilité des professeurs, qui sont programmés par module. En d’autres termes, une matière, dès qu’elle est entamée, est la seule à être au programme jusqu’à ce que le professeur concerné termine son cours.

Mais à l’UO, on assiste à des semaines sans cours parce que le professeur serait «en mission», «en réunion», ou «en vacation» dans d’autres établissements.

A cela il faut ajouter les absences des étudiants du fait des nombreux mouvements de grève.

Au total, il apparaît que toutes les conditions n’ont pas été réunies pour la mise en œuvre du système. Nous proposons non un plagiat du système LMD en vigueur dans les pays développés, mais une adaptation à notre contexte de pays en voie d’émergence. En effet, avant de bien sauter, il faut toujours prendre un élan en reculant de quelques pas. Le système LMD était «en expérimentation dans quelques facultés», selon ce qui avait été dit au début. Quels sont les résultats de cette expérimentation ? Chacun peut en tirer sa conclusion.

Il est vrai, le souci de modernisation est là, car le système LMD est aujourd’hui répandu partout dans le monde, mais il serait judicieux, à notre humble avis, de mieux réfléchir à comment adapter ce système à nos réalités.

Ensuite, le manque crucial d’infrastructures se pose encore aujourd’hui. Délocaliser UO II au SIAO était une excellente idée, la preuve, les étudiants d’économie et de droit sont «à peu près» dans une année normale puisqu’ayant débuté en janvier 2013 pour l’année académique 2012-2013.

Que faire pour résoudre ce problème d’infrastructures ?

Soyons francs, monsieur TIAO, la situation est trop urgente pour attendre que se termine la construction en cours des amphithéâtres. Vous vous dites décidés à en finir avec cette crise à l’UO ? Eh bien, des mesures vigoureuses doivent être prises, sans aucun égard pour les moyens financiers à utiliser ni ce que pourraient dire les mauvaises langues.

Nous proposons de réquisitionner les grands espaces afin d’y dresser de grandes tentes adaptables à ces situations. Comme celles utilisées pour les Journées nationales du paysan ou la prestation de serment du Président du Faso. Les différentes salles de conférences dans les ministères, qui ne sont pas toujours occupées peuvent servir de salles de travaux dirigés. Tout grand espace pouvant recevoir beaucoup de personnes devra être mis à profit.

En effet, l’Etat est un tout et estimer qu’une infrastructure est pour la culture ou la science, et pour rien d’autre, est une grave erreur. L’heure n’est plus à ces considérations divisionnistes ;l’avenir du Faso est en jeu !

En somme, il ne suffit pas de parler de blanchiment technique, il faut combattre le mal par la racine ; car, dit-on, le serpent change de peau mais pas de caractère. Il faut travailler à résoudre les vraies causes de cette crise, sinon dans trois à quatre ans, il faudrait encore plus qu’un blanchiment technique.

Pour ce faire, les professeurs doivent respecter scrupuleusement le calendrier et collaborer étroitement avec l’administration afin qu’il y ait une cohérence entre l’emploi du temps et l’agenda des professeurs programmés.

En outre, les étudiants doivent accepter de souffrir un peu plus cette année et peut-être l’année prochaine afin que le retard soit rattrapé. Mais également, il faudra instaurer une sorte de moratoire sur les grèves et autres manifestations débouchant sur des suspensions des cours.

Enfin, le gouvernement doit être constamment mobilisé et doit rester aux côtés des étudiants et de l’administration afin de pallier les difficultés qui pourraient surgir.

Ce pays nous est tous cher et c’est ensemble que nous devons relever sa face aux yeux du monde, précisément dans ce domaine si important de l’éducation.

Pour Univers Etudiant,

La Directrice de Publication

Wendlasida Constance Kaboré

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