«Les recours contre les candidatures aux élections d’octobre sont délirants», foi de René Emile Kaboré (REK), président du Rassemblement pour un sursaut républicain (RSR), qui l’a fait savoir au cours d’une conférence de presse hier 17 août 2015 à Ouagadougou. Selon lui, ces élections sont «fondées sur l’exclusion et son parti se réserve le droit de ne pas y prendre part» si lesdits recours sont adoptés par le Conseil Constitutionnel.
C’est connu, la conviction du CDP est faite quant à l’intention manifeste de la Transition de le réduire à sa plus simple expression, position partagée par son allié du Groupe de l’appel du 9 avril contre l’exclusion, en l’occurrence le Rassemblement pour un sursaut républicain de REK.
En effet, après les mises en accusation de certains bonzes du pouvoir déchu et les récents recours contre les candidatures aux élections législatives, le RSR s’est senti obligé de redonner de la voix pour rappeler sa position. Pour son président, le pays est dans une confusion, et rien n’est fait du côté de la transition pour y remédier. Il dépeint un tableau peu reluisant d’un Burkina au bord de la dérive, «qui s’enflammerait à la moindre étincelle».
Selon M. Kaboré, ces recours sont délirants, et il n’oublie pas de rappeler que le Conseil Constitutionnel a refusé d’examiner ceux du Groupe de l’appel du 9 avril à propos du code électoral. «Le débat est dépassé, étant donné que la Cour de Justice de la CEDEAO a condamné l’Etat burkinabè à revoir sa position, et que le Président Kafando a pris l’engagement de faire respecter cette décision», a expliqué le président du RSR.
Et comme à trop tirer sur la corde on finit par la casser, REK appelle les acteurs politiques au dialogue. De son avis, si une insurrection peut instaurer un pouvoir, «une insurrection peut en cacher une autre». C’est pourquoi le jeune parti, «légaliste», tire la sonnette d’alarme, car «déposer des recours sur la base de l’article 135 du code électoral revient à mettre en cause la décision de la CEDEAO».
Il réitère donc son invitation au président du Faso à mettre en œuvre son engagement à faire respecter la décision de la CEDEAO.
«Un crime contre la République»
Arguant que les élections à venir sont fondées sur l’exclusion, l’ancien ministre des Sports de Blaise Compaoré a déclaré que son parti se réservait le droit de ne pas y prendre part. Il condamne fortement les violences perpétrées au cours de l’insurrection populaire et estime que «brûler l’Assemblée nationale a été un crime contre la République».
Sa religion est aussi faite que les acteurs de la Transition vont à contre-courant de la Charte, qui prône l’inclusion et surtout la réconciliation, dans la mesure où «il ne se passe un jour sans que des autorités ne s’illustrent par des actes et/ou paroles d’exclusion».
Comme pour dénoncer le deux poids deux mesures et marquer sa détermination, REK a fini par dire : «Le fauteuil de Blaise Compaoré a été sculpté pendant 27 ans et ses plus grands sculpteurs sont ceux qui pensent aujourd’hui pouvoir changer les choses. Mais une chose est sûre, aucun argument juridique ne peut nous empêcher d’être candidats».
Arnaud Ouédraogo
Ingrid Lynda Sarah Kaboré (stagiaire)