A moins de deux mois des élections présidentielle et législatives sensées conclure la période de transition en cours à la suite de l’insurrection populaire de fin octobre 2014, la tension monte au Burkina Faso, et pour cause. Pendant que l’ex-majorité au pouvoir redoute l’exclusion annoncée de certains de ses membres, les autorités de la transition viennent d’en rajouter à leur inquiétude en mettant sous mandat de dépôt, deux anciens ministres de l’ex-régime. Des arrestations pour «malversations et détournements de fonds» qui réveillent les vieux démons qui planent sur le processus électoral.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en jetant en prison deux des lieutenants de Blaise Compaoré que sont Jérôme Bougouma et Jean-Bertin Ouédraogo, ci-devant respectivement ministre de l’intérieur et ministre des infrastructures, il s’agit bel et bien d’une démoralisation du camp des partisans du régime déchu. Ces derniers étant déjà acculés depuis plusieurs semaines par un Code électoral que le pouvoir de la transition tient à appliquer dans toute la rigueur de son article 135 qui consacre la mise à l’écart des «acteurs du changement anticonstitutionnel».
Avec la vague d’arrestation qui se met en marche avant même le très attendu verdict du Conseil constitutionnel burkinabè sur l’éligibilité des candidats aux législatives et à la présidentielle, il est difficile de ne pas parler d’une sorte de harcèlement des dignitaires du président déchu. En tout cas, l’heure n’est pas à la sérénité dans les états-majors des partis ayant soutenu Blaise Compaoré, jusqu’à sa chute en octobre dernier. Il faut craindre une nuit des longs couteaux à quelques encablures du terme d’une transition pour laquelle la communauté internationale retient son souffle.
Bark Biiga