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Le Quotidien N° 732 du 10/4/2013

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Crise d’hysterie a Kaya : 80 filles évanouies en 2 jours
Publié le mercredi 10 avril 2013   |  Le Quotidien




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Le phénomène d’évanouissement des filles à Kaya, parti du lycée municipal, est en train de s’étendre à d’autres établissements de la ville. Loin de s’estomper, cette série de crise d’évanouissement prend des proportions inquiétantes et menace le déroulement normal des cours. Les autorités administratives et politiques de la région ainsi que celles religieuses et coutumières, sont toutes entrées dans la danse pour essayer de juguler le phénomène qui, visiblement, prend une tournure qui semble échapper au contrôle du naturel.
Nous sommes au lundi 8 avril 2013, il est 9h47mn. Des véhicules 4x4, des pick-up, des minicars et des Mercedes, quittant le lycée municipal de Kaya, à vive allure, se dirigent vers le Centre hospitalier régional de Kaya. A l’intérieur de ces véhicules, des filles en transe se débattent avec une fureur mêlée d’une virulente énergie à briser les vitres. Des cris à faire éclater les tympans jaillissent comme un vacarme et envahissent tout le périmètre rectangulaire du CHR. A peine cette première vague soit entrée à l’hôpital, qu’un autre convoi arrive. A l’hôpital, les élèves (garçons) aident les agents de santé à transporter les filles vers les urgences qui refusaient déjà du monde. La directrice générale du CHR, comme les autres jours, mobilise le personnel afin de mieux faire face à la situation. On dénombre, en effet, 52 filles, toutes frappées par le même “syndrome”, au départ anodin mais qui, par sa récurrence et son intensité, commence à faire peur. Peur qui s’explique par le fait que le nombre de victimes ne cesse d’augmenter et que tous les lycées soient frappés. D’où, la psychose dans tout Kaya, d’autant plus que, par sa complexité et sa singularité, ce phénomène ne vise que les lycéennes, dont la majorité a une tranche d’âge oscillant entre 16-17 ans.

Des élèves aux agissements perturbés 

Tout l’hôpital a été, une fois de plus, sous une « chape » de cris de filles aux attitudes variées. Pendant que certaines filles adoptent une posture docile envers les cliniciens pendant les soins, d’autres par contre, même si leur nombre est marginal, ont des réactions qui défient l’ordre et la raison. Le vendredi dernier, c’était une fille qui ne cessait de crier à tue-tête le nom d’un certain « Thomas », chaque fois qu’elle voyait une personne, homme ou femme. Le lundi, c’est le tour d’une autre de prendre le relai avec plus d’excentricité. Celle-ci, avec des agissements qui frisent la schizophrénie, s’est prénommée “la mère sorcière”, et s’est autoproclamée “la génitrice et la propriétaire de toutes les filles qui tombent et s’agitent”. Elle déclarait, à qui veut l’entendre, qu’elle a 209 ans et, qu’elle est la seule à pouvoir guérir toutes les filles qui sont tombées en transe. On la prendra plus au sérieux, lorsqu’elle s’est approchée de l’une des filles qui se débattaient. Cette dernière, dès qu’elle l’a aperçue, s’était recroquevillée et s’était couverte le visage pour, selon elle, ne pas croiser le regard de cette “mère sorcière”. A l’entendre, elle perçoit, au travers de celle-ci, des phénomènes paranormaux qui lui donnent des excitations inexpliquées. Elle proférait des menaces à des personnes. Il a fallu l’arrivée d’un pasteur pour ramollir ses ardeurs et la mettre dans un abri improvisé.

Le spectre d’une année scolaire incertaine hante-t-il le municipal?

Les conséquences immédiates de cette situation restent la suspension des cours. Depuis le retour des congés, les élèves du lycée municipal n’ont bénéficié que d’une journée de cours, le mardi 2 avril dernier. Après la résurgence du phénomène le lundi 8 avril dernier, les cours ont été à nouveau suspendus pour 48h supplémentaires et ne devraient reprendre que le 11 avril. Voilà donc près de 10 jours que les élèves du lycée municipal n’auront pas eu cours. Une situation assez délicate, d’autant plus qu’il ne reste que deux mois avant la fin de l’année scolaire. La question des conséquences de cette situation se pose avec plus d’acuité pour les classes d’examen qui attendent ce trimestre pour se mettre d’aplomb face aux épreuves fatidiques du BEPC et du Bac. A l’allure des choses, l’année scolaire du lycée municipal n’est-elle pas menacée ? Pour Léonard Kiéma, proviseur dudit lycée, c’est nenni ! Ce dernier, aussi stoïque qu’imperturbable, ne voit pas une épée qui planerait sur l’année et il donne les raisons de sa conviction : “il n’ya pas d’épée qui plane sur l’année scolaire dans la mesure où ce sont des phénomènes vécus ailleurs. Des localités comme Gaoua ont connu cette situation et ça passé. J’ai appelé là-bas et j’ai reçu des conseils. Nous allons prospecter toutes les voies possibles. Si ailleurs c’est passé, il n’ya pas de raison que chez nous ça reste. Même si cela relève du surnaturel, nous avons le courage d’y faire face, j’ai confiance que cela passera” nous a confié le proviseur. Même s’il n’a pas toutes les cartes de solutions en main, il ne baisse pas pavillon pour autant. Il ne sera pas seul à lutter puisque les autorités régionales, au premier chef le gouverneur qui, en plus d’avoir fait le déplacement les jours de crise avec son équipe au lycée et au CHR pour constater la situation, dit avoir touché les personnes ressources pour que dans la dynamique d’une synergie d’actions, des solutions soient apportées.     

Les autorités religieuses et coutumières entrent dans la danse

Depuis les premières manifestations de ce phénomène le 3 avril, les confessions religieuses (évangéliques, catholiques, musulmanes), ont été contactées afin que ces gens qui détiennent les secrets du pouvoir métaphysique puissent apporter leur aide, chacun selon sa capacité, a précisé le proviseur. Ces derniers se sont exécutés, puisque des pasteurs ont prié dans chaque classe du lycée. Les responsables du groupe charismatique ont aussi fait leurs prières, de même que les musulmans dans les différentes mosquées de la ville, a relevé le proviseur. Pour le monde coutumier, c’est le Kaya-naaba qui a fait le déplacement le vendredi matin au CHR pour constater de visu le phénomène. Pendant sa visite, il a fait savoir à notre équipe de reportage que selon des propriétaires terriens qui logent dans les environs du lycée municipal, des choses mystérieuses se passent souvent aux environs de 19h. Des bruits bizarres et des lancées de pierres sur les toits sont constatés sans que l’on ne puisse savoir la provenance, dira-t-il.

Quelle solution possible ?

Comme solution face à cette situation, le gouverneur dit avoir réuni toutes les personnes ressources afin que chacun joue sa partition. Selon elle, les religieux vont continuer leurs prières, les coutumiers vont faire leurs sacrifices et les services techniques (les médicaux) vont continuer les investigations dans l’éventualité de déceler les causes et trouver solutions scientifiques du phénomène. Mais à court terme, le gouverneur affirme qu’une équipe de médecins assurera une permanence au lycée municipal à partir du jour de la reprise des cours, de sorte à gérer si d’aventure le phénomène resurgissait, les cas urgents sur place et à référer les cas graves à l’hôpital. Le proviseur lui, souhaite que les prières de “délivrance” se fassent en présence de tous les élèves de sorte à ce que l’effet psychologique qui tenaille certains élèves se dissipe pour de bon. Un élève de la Tle D, Hamidou Saré, propose de trouver un autre site, en dehors de l’enceinte du lycée municipal, pour qu’au cas où la crise refait surface, on puisse accueillir sereinement les élèves qui ne sont pas frappés par ces agissements mystérieux. Toutefois, pour les autorités régionales et la population, aucune piste de solution d’où qu’elle provienne, ne sera laissée de côté si celle-ci peut constituer la panacée à cette épreuve qui secoue toute la ville de Kaya. Le proviseur, reconnaissant envers toutes les personnes qui l’ont diversement soutenues depuis le début de cette adversité métaphysique, dont les différentes autorités communales, provinciales et régionales et aussi ses propres élèves, garde le moral haut à l’issue finale de cette épreuve : “C’est un phénomène que nous ne maîtrisons pas en tant qu’êtres humains, mais il n’ya pas de frissons possibles, au finish nous serons vainqueurs” a-t-il conclu .

Bouabani Jonathan TOMPOUDI

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