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Sur la braise : pourparlers de paix sud-soudanais /Salva Kiir et Rieck Machar doivent débarrasser le plancher
Publié le mardi 18 aout 2015  |  Le Pays




Le 17 août 2015, les frères ennemis sud-soudanais, Salva Kiir et Rieck Machar, étaient conviés pour la énième fois à Addis-Abeba, la capitale  éthiopienne, pour tenter de trouver un accord de paix. Pour ce énième rendez-vous, Rieck Machar et Salva Kiir avaient sur leurs épaules une lourde pression exercée par la communauté internationale et surtout les Etats-Unis. Cette pression internationale a finalement eu raison des réticences relevées, ces derniers jours, chez les deux chefs de guerre et qui faisaient craindre un échec de ce rendez-vous capital pour un retour de la paix au Soudan du Sud. Au finish, c’est une demi-satisfaction, car les deux frères ennemis ont accepté d’emprunter le chemin de la paix en venant à Addis-Abeba. Mais au-delà des applaudissements « diplomatiques » dans la salle, la question que se posent les populations sud-soudanaises reste toujours la même : pendant combien de temps cet accord  tiendra-t-il ? Ce d’autant plus que le président Salva Kiir a demandé un délai de 15 jours supplémentaires avant d’apposer sa signature au bas du document. Salva Kiir portera-t-il maintenant la responsabilité d’un éventuel échec de ce rendez-vous de la dernière chance ? En tout cas, il avait bien précisé qu’il n’accepterait pas un accord « non applicable ». Bien malin qui pourrait lire vraiment entre les lignes d’une telle déclaration. Le moins que l’on puisse dire dans ces conditions, c’est que cette prise de position de Salva Kiir le place dans une situation très délicate par rapport à Rieck Machar.

Etaients présents à cette ultime rencontre qui doit déboucher sur un accord permettant de mettre fin aux combats dans ce jeune Etat africain, les présidents du Kenya, de l’Ouganda et du Soudan. Trois chefs d’Etat de pays voisins qui sont censés peser de tout leur poids, et Dieu seul sait s’ils en ont, pour ramener la paix au pays du général John Garang.

Tout le monde sait que ces trois mousquetaires sont en réalité ceux qui détiennent la clef de la paix au Soudan du Sud. Leur présence dans la capitale éthiopienne est avant tout destinée beaucoup plus à assurer leur protégé respectif de leur soutien infaillible que pour les pousser à aller vers la paix. On se demande, dans ces conditions,  si ce n’est pas plutôt avec ces parrains qu’il faut négocier.

Salva Kiir et Rieck Machar sont devenus les obstacles à la paix

Pour revenir au contenu du document que les deux belligérants ont signé, il en ressort un partage du pouvoir entre les deux camps, notamment à travers la mise en place d’un gouvernement d’union nationale pour assurer une transition de deux ans et demi. Cette première étape devrait ouvrir le chemin vers une date butoir pour l’organisation d’élections libres et apaisées. Le hic, dans ce scénario, est que pour des belligérants qui ont déjà signé sept fois un cessez-le-feu qu’ils ont violé sept fois de suite, il n’y a vraiment aucune garantie qu’ils respecteront ce nouvel accord.
Cela dit, si Salva Kiir et Rieck Machar ne signaient pas l’accord censé mettre fin aux combats hier lundi avant minuit, il faudrait plaindre les populations civiles qui vivent sur ce territoire. Car les sanctions ciblées que prévoient l’ONU et les Etats Unis, ne semblent pas faire fléchir les deux chefs de guerre. A défaut de pouvoir mettre la pression sur les parrains, la communauté internationale gagnerait en temps  et ferait l’économie de nombreuses autres victimes, en amenant Salva Kiir et Rieck Machar à débarrasser le plancher. D’autant qu’ils sont eux-mêmes devenus les obstacles à la paix.

Dieudonné MAKEINI
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