Il est récurrent ces derniers temps de constater dans certains établissements scolaires du Burkina, des évanouissements d’élèves, notamment des filles de la classe de 4è et 3è. Un phénomène objectivement inexplicable qui, malheureusement, prend de l’ampleur dans nos établissements. Hier, lundi 8 avril 2013, la directrice régionale du ministère des Enseignements secondaire et supérieur du Centre-nord, Bernadette Sawadogo et la directrice de l’éducation des filles et la promotion du genre, Rasmata Ouédraogo, ont expliqué les actions entreprises par le ministère des Enseignements secondaire et supérieur (MESS) en vue de faire la lumière sur cette affaire que personne n’est parvenue jusqu’à présent à donner les causes réelles.
« Le ministère travaille sur le phénomène. Il entreprend des actions pour expliquer ce qui se passe, en vue de trouver des solutions rapides au phénomène des crises hystériques qui frappent nos jeunes filles quand elles vont suivre les cours », tels ont été les propos tenus presqu’en chœur par Bernadette Sawadogo, directrice régionale des enseignements secondaire et supérieur du Centre-nord et Rasmata Ouédraogo, directrice de l’éducation des filles et de la promotion du genre. Selon les deux responsables de l’éducation, en réalité, les premiers cas d’évanouissement de jeunes filles (élèves) ont été constatés pour la première fois en mai 2009 au lycée mixte de Gounghin à Ouagadougou. Au fur et à mesure, d’autres cas sont survenus dans plusieurs autres localités jusqu’en 2011. Aujourd’hui, malheureusement, dans la quasi-totalité des 13 régions du Burkina, il y a constamment des évanouissements de jeunes filles. Autant le dire, les deux dames ont tout de suite reconnu qu’elles étaient devant les faits accomplis et impuissantes. « On a beau cherché à trouver des explications, mais rien. Jusque-là, on ignore vraiment ce qui arrive à nos jeunes filles dans nos écoles. Pour l’instant, nous nous sommes juste contentées de prières d’hommes religieux, mais rien n’a changé. Chaque jour, on nous informe que dans tel établissement les filles se sont évanouies en masse », ont elle déploré. Les deux directrices se sont beaucoup plus focalisées sur les manifestations de la crise hystérique chez les jeunes filles qui en sont victimes. « Cela n’arrive qu’aux filles pubères. Il peut arriver qu’elles tombent par dizaines ou par vingtaines voire plus. Elles poussent toutes le même cri strident en marmonnant : je ne veux pas être ta femme ! Je ne veux pas être ta femme ! Parfois nous sommes obligées de fermer l’établissement comme à Kaya où il y a eu 80 cas d’évanouissement en deux jours. Le problème c’est que cela entraine d’autres pathologies cachées dans l’organisme des victimes. Et nous sommes parfois contraints de les interner, en attendant qu’ elles reviennent à elles », ont-elles expliqué. A croire Rasmata Ouédraogo, des années plutôt, la même chose aurait eu lieu à Banfora. Des mystiques auraient affirmé que les jeunes filles seraient victimes d’un génie appelé Khalifa qui voulait absolument posséder leur esprit. Elle a indiqué que des sacrifices de bœufs ont été offerts avant que cela ne s’atténue au bout de quelque temps. Les responsables du MESS ont donc pris l’affaire à bras le corps, nous ont elle rassuré. Rasmata Ouédraogo a soutenu qu’une étude diligentée par des experts est en cours actuellement pour tenter d’expliquer sous une forme ou une autre le phénomène en question. Cette investigation se fait avec l’appui de l’UNICEF, a-t-elle souligné. D’ici à fin avril 2013, les premiers résultats de cette recherche seront connus et rendus officiels. En attendant les éventuels éclaircissements sur ces étranges évanouissements, les responsables d’établissements se contentent de prières et de sacrifices, a-t-elle laissé entendre. Pour les cas les plus sérieux, les jeunes filles sont évacuées dans les centres de santé les plus proches pour des soins appropriés, nous a t-elle confié. Depuis 2009 que cela arrive au Burkina, aucun cas de décès n’a été enregistré, selon nos deux interlocutrices. C’est par un véritable cri de cœur que les deux responsables du MESS ont terminé l’entretien à nous accorder en lançant un appel en ces termes : « nous faisons confiance au cabinet qui opère les recherches sur le phénomène. Mais, nous interpellons toutes les communautés en commençant par les parents d’élèves et les associations. Cela dit nous appelons la population au calme. Qu’elle sache surtout que le MESS est en œuvre pour trouver la source du problème et y mettre fin définitivement. Nous demandons juste un peu de temps », ont-elle conclu .
Par Serge EKRA DELAFAURCE et Soumoubienkô Roland KI