Le Cadre de concertation national des organisations de la société civile (CCNOSC) a organisé, le samedi 15 août 2015, à Ouagadougou, un panel sur : « le rôle des forces de défense et de sécurité dans la préservation de la paix en Afrique : cas du Burkina Faso ».
Le rôle de l’armée dans le jeu démocratique alimente de jour en jour les débats. Pour éclairer les lanternes, le Cadre de concertation national des organisations de la société civile (CCNOSC) a convié la population à un panel sur : « le rôle des forces de défense et de sécurité dans la préservation de la paix en Afrique : cas du Burkina Faso ». D’entrée de jeu, le conférencier, le juriste Abdoul Karim Sango, a fait savoir que l’armée est un corps qui a pour rôle d’assurer la sécurité aux frontières de l’Etat. Elle doit accepter de mourir afin que la population vive en cas d’attaque du Burkina Faso. Cette dernière selon ses dires, comprend trois composantes : l’armée de terre, air et la gendarmerie. A titre exceptionnel, a-t-il dit, elle peut garantir la sécurité intérieure. Et la démocratie, le paneliste l’a défini comme le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. M. Sango a affirmé que dans la démocratie représentative, le mandat du peuple est donné à une personne pour décider au nom de la collectivité. « C’est ce qui sera donné au peuple burkinabè de faire le 11 octobre prochain. Si vous faites un mauvais choix, vous allez souffrir pendant 5 ans », a-t-il prévenu. Mais en Afrique, le constat, selon lui, est que l’armée ne s’en tient pas seulement à son rôle. Dans toutes les crises qu’a connu le Burkina, l’armée est intervenue lorsque, les civils ont été incapables de maîtriser une situation. A titre d’exemple, il a cité la prise du pouvoir du général Aboubacar Sangoulé lamizana, où ce dernier à même été « contraint » à prendre le pouvoir. Ce fut aussi, le cas des 30 et 31 octobre 2015, où une partie de la société civile a réclamé la prise du pouvoir par l’armée, a soutenu le conférencier. Car, la chienlit commençait à faire appelle à l’armée pour mettre de l’ordre et non s’installer au pouvoir. « Dans une république, l’armée est soumise à l’autorité du pouvoir civil », a-t-il indiqué. Quel doit être l’avenir de l’armée burkinabè ? Pour lui, le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) n’est pas mauvais. Mais, c’est ceux qui l’utilisent qui sont mauvais. « Compaoré n’est pas à l’origine de sa création. Mais, il l’a manipulé pour sa sécurité », a soutenu le juriste.
Dépolitiser l’armée
Pour lui, dans le nouveau système démocratique que le Burkina Faso est en train de se doter, les éléments du RSP sont en train d’imaginer leur avenir. Mais, dans le contexte de la Transition que connaît le « pays des Hommes intègres », le débat sur la question du RSP est prématuré. « Si nous ne voulons plus de l’arbitrage de l’armée, il faut mettre en place des institutions fortes, qu’il n’y ait pas de jeu de manipulation,…», a conseillé Karim Sango. C’est pourquoi, de son avis, les jeunes ont un rôle majeur à jouer le jour des élections. Il a ajouté : « vous devez être dans les bureaux de vote en tant qu’électeurs, observateurs, représentants des partis politiques,… ». Mais la classe politique doit être aussi responsable, a-t-il affirmé. « Perdre une élection, ce n’est pas la fin de la vie. Si vous mourrez pour un homme politique, vous êtes mort comme un chien. Mourrez pour vos valeurs », a-t-il dit aux jeunes. Pour une société démocratique, il faut aussi une société civile responsable, a dit M. Sango. A l’entendre, la démocratie ne peut se construire sans une société civile forte. Donc, il faut que la société civile fasse ses états généraux. Ces trois acteurs doivent être responsables pour que l’armée n’intervienne pas dans la chose politique. Outre ces solutions, comment dépolitiser la grande muette ? Selon ses dires, la loi sur le statut de l’armée est un début de solution à cette problématique. Pour le porte-parole du CCNOSC, Désiré Guinko, la société africaine est toujours victime de crises multiformes. La plupart d’entre elles sont consécutives aux élections. C’est la raison pour laquelle, son organisation a organisé le panel à deux mois des élections pour que le rôle de l’armée soit situé. Au Burkina Faso, a-t-il dit, depuis janvier 1966 à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre derniers, les forces de défense et de sécurité ont été des acteurs de premier plan, au point de paraître dans l’opinion publique comme des acteurs politiques à part entière. Cet état de fait, selon lui, tend à brouiller l’image de cette institution républicaine.
Abdel Aziz NABALOUM