Athanase Tapsoba n’a plus rien à prouver au plan national. Forcément, l’amour qu’il a pour la discipline lui donne des ambitions. Peut-être devenir un jour le premier Africain, champion du monde. Il a participé à une série de compétitions internationales, et s’est confié à Sidwaya sport.
Vous avez eu à jouer au globe-trotter pour vous faire valoir au plan international et mondial au scrabble, qu’en est--il exactement ?
J’ai pris part à plusieurs tournois au niveau international, dans la sous-région, le championnat d’Afrique de scrabble, où j’ai terminé 9e à l’épreuve Elite-duplicate, et 8e à l’épreuve classique. Au niveau de l’Europe, j’ai participé à presque tous les grands festivals, notamment d’Aix-Les-bains qui s’est déroulé en octobre –novembre 2014, où j’ai occupé la 2e place en classique, et un bon classement au niveau duplicate. Egalement, j’ai fait le plus grand festival de scrabble, qui est celui de Vichy en mai dernier, j’ai été classé 2e au classique et 64e sur 1000 joueurs, en duplicate. J’ai participé aussi à plusieurs tournois, où j’ai remporté des trophées à Paris. Je viens de participer au championnat du monde, qui s’est déroulé en Belgique. Là j’ai été 17e, en scrabble classique, duplicate, sur 300 joueurs, je me suis classé 77e, dont le 4e au plan africain, et même là les 3 qui sont devant moi sont des Africains vivant en France .
Qu’est-ce qui t’a impressionné à ce championnat du monde ?
Ce qui m’a impressionné, c’est ce personnage que l’on appelle le "Phénomène”, un Néo-Zélandais, qui ne parle même pas un traître-mot du français. Il a appris tout le dictionnaire de la langue de Molière en deux mois par cœur, et il est venu mettre tout le monde d’accord en se sacrant champion du monde francophone. J’ai eu la chance de jouer contre lui, il est vraiment phénoménal. Les qualificatifs me manquent pour le décrire, c’est simplement un génie. Je pense que c’est surhumain de bosser tout le dictionnaire en deux mois. Cela a suscité l’engouement de toute la presse internationale. Il est hors norme, et curieusement, il ne regarde pas la télé, n’a pas d’ordinateur, et il n’accorde pas d’interview, peut-être que lui, sa tête est déjà un ordinateur.
A travers vos performances, peut-on dire que le scrabble burkinabè se porte bien ?
(Hésitation) Oui, on peut dire que le scrabble burkinabè se porte bien, seulement, ça reste une discipline méconnue, au niveau national et international. On pourrait mieux valoriser la discipline. C’est ce que j’essaie de faire par mes modestes moyens, mais il faudrait de l’accompagnement.
Quels soutiens justement recevez-vous quand vous devez participer aux compétitions hors du Burkina et en Europe pour représenter le Burkina?
On a déjà participé à deux championnats du monde en équipe, où on a eu le soutien du ministère des Sports et des loisirs. Mais au championnat du monde de cette année, j’ai représenté seul mon pays, parce qu’il n’y avait pas une sélection nationale, et je l’ai fait à mes propres frais. J’ai fait de mon mieux pour y être, parce que je me suis préparé durant toute la saison, donc je tenais à participer pour m’évaluer. J’ai également déjà participé les années précédentes à des championnats d’Afrique à mes propres moyens, mais cette année, on a eu le soutien du ministère pour participer au championnat d’Afrique. Je pense que souvent, c’est mieux de participer aux différentes compétitions en équipe, qu’individuellement, si on peut avoir le soutien du ministère, ou de sponsors.
Qu’est-ce qu’il vous faut pour être encore plus performant ?
D’abord, je n’ai pas encore fini mes études, je suis étudiant en 4e année de droit. Je pense que pour persévérer et devenir fort, je pense qu’en étant en Europe, j’ai plus de chance de devenir champion du monde, parce qu’il y a plus de compétitions. Si possible, si je peux terminer mes études en Europe, parallèlement, j’honorerais mon pays au plan international par mes performances scrabblesques.
Au regard de votre expérience au plan international, qu’est-ce qu’il va falloir faire, pour booster le scrabble burkinabè, au plan africain et mondial ?
Dans tout sport, pour atteindre le haut niveau, il faut commencer très jeune. Donc pour booster vraiment le scrabble, il faut que l’on passe par la base, c’est-à-dire le niveau scolaire, en créant beaucoup d’activités. Hormis les aptitudes que cela offre, le scrabble donne à l’élève, une facilité rédactionnelle et de dissertation, le raisonnement, on a donc tout à gagner, en introduisant le scrabble dès le bas âge.
Barthélemy KABORE