Plus question pour les partis politiques d’utiliser des gadgets ou autres broutilles pour inciter les femmes à voter pour eux. Il leur faut avant tout dévoiler un projet de société qui tienne compte des préoccupations de l’autre moitié du ciel. C’est le plaidoyer de la Coalition burkinabè pour les droits de la femme (CBDF) qui, en partenariat avec le National democratic institute (NDI), a invité, le jeudi 13 août 2015 à Ouagadougou, des partis politiques actifs sur l’échiquier national et ayant des candidats aux élections présidentielle et législatives de 2015 à se prêter à l’exercice.
«Bonne nouvelle. On vient de nous apprendre que le repas est en route», lance un monsieur à un grand groupe de femmes attendant depuis plus de 4 heures un candidat à la présidentielle pour lui exprimer leur soutien. Fait intrigant cependant, l’annonce a suscité au sein des «militantes» un tonnerre d’applaudissements et des cris de joie, comme pour dire qu’elles n’attendaient que ça.
Cette scène désolante est malheureusement récurrente au Burkina lors des campagnes électorales où, avec de petits avantages, les candidats parviennent à mobiliser un nombre impressionnant de femmes promptes à leur accorder leur voix au moment des élections. Mais n’est-il pas grand temps que l’autre moitié du ciel adresse des revendications plus objectives aux partis politiques ? Par exemple, la prise en compte de leurs préoccupations dans les projets de société ?
C’est en tout cas ce que pense la Coalition burkinabè pour les droits de la femme (CBDF) qui, bénéficiant de l’accompagnement technique et financier du National democratic institute (NDI), a initié un vaste projet dénommé «problématique de la participation des femmes à l’élection présidentielle de 2015 et monitoring des projets de société des partis politiques». Consciente en effet, qu’il faut amener les femmes à voter de façon responsable, elle a, jeudi dernier, invité quelques partis politiques à se prêter à cet exercice certes simple mais très important.
Cette rencontre a eu pour objectif de permettre aux deux parties d’avoir des échanges francs et d’offrir l’occasion aux femmes de plaider pour la prise en compte des préoccupations qui leur tiennent à cœur. Selon la présidente du Conseil d’administration (CA) de la CBDF, Félicité Médah, qui a présidé l’ouverture des travaux, au sortir de ce face-à-face, les unes et les autres devront répercuter les informations reçues à la base afin que, dorénavant, les femmes «puissent choisir leurs gouvernants de façon responsable et éclairée».
Saluant la tenue de l’atelier du jour, la représentante résidente du NDI, Aminata Faye Kassé, a relevé qu’il était d’une importance capitale car, a-t-elle indiqué, «on ne pourrait pas comprendre qu’avec une frange aussi importante qu’est celle des femmes, en dépit de leur statut, de leur pauvreté, voire extrême pauvreté, et de leur vulnérabilité parfois, on ne saisisse pas l’occasion de mettre l’accent sur la prise en compte de ces préoccupations par les partis politiques». Les femmes ne sont pas seulement des cibles, elles sont également des actrices, a-t-elle ajouté, avant d’inviter les partis politiques à se pencher réellement sur la question s’il est vrai qu’ils veulent représenter toute la population. «Il y va de leur intérêt», conclura-t-elle.
Alima Séogo Koanda
Ingrid Lynda Kaboré (stagiaire)