La problématique du sponsoring en Afrique et particulièrement la place de la télévision dans le sport est un sujet d’intérêt quand on sait aujourd’hui l’importance de la télévision dans le sport qui est devenu un vrai business. C’est dans ce sens que, pour sa toute première activité un mois après son installation, le comité directeur de l’Union des journalistes de sport du Mali (USJMA) a choisi la thématique, « Marketing sportif et droits TV » pour son séminaire organisé le samedi 25 juillet 2015 à Bamako au Mali. Une initiative qui a permis à des hommes de médias et dirigeants sportifs de comprendre les enjeux des droits de télévision dans le sport.
Sommes-nous entrés dans l’ère du marketing sportif ? Une grande question, comme dirait l’autre. Une question à laquelle il serait difficile, pour de simples amateurs de sport, de répondre. Mais les observateurs avertis répondront par l’affirmative. On constate en effet ces dernières années que les droits de télévision ont pris une place importante dans des disciplines sportives comme la coupe du monde de football de la FIFA, la coupe d’Afrique des nations de football de la CAF, la Formule 1, le Super bowl (football américain) ou encore la NBA (basket-ball aux Etats-Unis), les grands Chelems en tennis.
Cela a inspiré la toute nouvelle association de journalistes sportifs du Mali dénommée l’Union des journalistes de sport du Mali (UJSMA) qui, un mois après avoir été officiellement installée le 12 juin 2015, a organisé le 25 juillet dernier, un séminaire sur, « Marketing sportif et droits TV » comme première activité majeure.
En initiant ce cadre d’échanges, le premier président de l’UJSMA, Baba Cissouma, estime qu’il est important que les journalistes sportifs s’informent et se forment. Et le chef de cabinet du ministre malien des Sports, Youssouf Sangaré d’abonder dans le même sens en relevant que, « L’ignorance coûte plus chère que la connaissance ».
Problématique du financement
Ainsi, quand on aborde la question du marketing sportif et des droits TV, c’est la problématique du financement qui est au cœur de la gestion du sport. Et l’un des communicateur Makan Magassouba, directeur des opérations de Sportfive Afrique, d’indiquer dans un premier temps que le marketing sportif a des normes.
Sportfive doit apporter à la CAF 1 million de dollars pour les droits TV
C’est dans ce sens qu’il a fait savoir que Sportfive est l’agence de communication et droits télé de la Confédération africaine de football (CAF) et le partenariat avec cette instance dure depuis 1994. D’ailleurs, relève-t-il, les deux parties viennent de renouveler leur partenariat jusqu’en 2028 et Sportfive, affirme Makan Magassouba, doit apporter à la CAF, la somme d’un milliard de dollars américain soit cinq cent milliards de FCFA.
Et c’est en ce moment qu’intervient le volet marketing pour Sportfive qui devra aller à la recherche de sponsors pour payer cet argent à l’instance du football continental qui, à son tour, redistribue une partie aux fédérations nationales.
Cela explique pourquoi Sportfive est exigeante sur le terrain et il y a l’exemple d’un match à Bamako du Stade malien en coupe de la Confédération CAF en 2014 qui était retransmis en direct sur les antennes de la Télévision malienne.
Une coupure de huit minutes est intervenue suite à une pluie et cela a coûté 40 mille dollars soit 20 millions de FCFA à la Télévision malienne parce que les exigences n’ont pas été respectées. On pourrait donc affirmer que le football coûte cher aux télévisions africaines et c’est la raison pour laquelle, les gens parlent aujourd’hui de football business. Mais, Makan Magassouba souligne qu’il y a toujours des arrangements en fonction du volume des pays.
Il a ainsi donné l’exemple du Mali dont les prochains matchs des éliminatoires de la CAN 2017 vont coûter chacun la somme de 100 millions de FCFA à la télévision malienne, tout en relevant que le cout d’un match est d’environ 600 millions de FCFA. Ce qui a fait dire à l’un des communicateurs, Djibril Traoré, journaliste et membre de la CAF, que si, « on veut faire comme les autres et arriver à leur niveau, il y a des efforts à fournir ».
Les télévisions doivent payer les droits
On constate aujourd’hui que ce sont les fédérations nationales de football qui paient les droits de retransmission par l’intermédiaire de l’Etat mais en principe pour Djibril Traoré, ce sont les télévisions qui devaient le faire en cherchant des sponsors pour la circonstance.
Et pour mettre en évidence que le football est un véritable business et que des télévisions ont des possibilités de payer les droits, Makan Magassouba a évoqué l’exemple du match des éliminatoires de la coupe du monde 2014 ayant opposé à Conakry, la Guinée à l’Egypte et que les droits de cette rencontre ont été vendus à trois chaines de télévisions égyptiennes à 6 millions de dollars soit 3 milliards de FCFA. Et pour avoir piraté le match aller à Ouagadougou des barrages de la coupe du monde 2014 entre le Burkina et l’Algérie, la Télévision algérienne a payé 10 millions de dollars soit 5 milliards de FCFA.
Des fédérations de football sur le continent ont atteint aujourd’hui un niveau d’autonomie grâce à un marketing bien développé qui leur permet de se prendre en charge sans avoir recours à l’Etat. Makan Magassouba a fait cas de celle d’Algérie qui, par exemple, a pris part à la CAN 2013 en Afrique du Sud sans aucun centime de l’Etat.
A la suite de l’échec des Fennecs, l’équipe nationale, un député algérien a voulu exiger du président de la Fédération algérienne de football (FAF), le bilan de la gestion financière de leur participation à cette CAN. Ce qui a amené le président de la FAF à lui dire de plutôt se préoccuper des administrés que de ce qu’il ne maitrise pas.
L’intérêt de ce séminaire qui a porté sur le marketing sportif initié par l’Union des journalistes de sport du Mali, c’est qu’il interpelle les associations nationales de football du continent à développer des initiatives pour se rendre de plus en plus indépendantes.
Jean de la Croix Ouattara