Deux, trois, quatre, cinq, six heures sans électricité. Ce qui signifie un important manque à gagner pour l’économie nationale et une dégradation des conditions de vie de ceux qui ont un abonnement SONABEL dans la mesure où on a de la peine à dormir sans ventilateur, on se passe difficilement de l’eau fraîche et de la glace, etc.
Mais si l’on en croit le directeur général de la Société nationale burkinabè d’électricité (SONABEL), Siengui Apollinaire Ki, les délestages et leur lot de malheurs ne devraient plus être qu’un mauvais souvenir pour les consommateurs en avril. C’est ce qu’il a affirmé lors d’un point de presse lundi 11 mars 2013 à Ouagadougou.
Cette affirmation de la Nationale d’électricité est-elle vraiment crédible ? Sans douter de la bonne foi du directeur général, il est permis d’en douter car avec cette entreprise-là, il faut être partisan de Saint-Thomas c’est-à-dire «Voir pour croire». Effectivement, les Burkinabè ont longtemps cru dans l’espoir de voir (depuis le temps où Salif Lamoussa Kaboré était le patron de la boîte), mais ils n’ont jamais rien vu.
Ce dont on les a gavés, c’était des conférences de presse pour expliquer telle panne survenue sur le réseau, l’insuffisance du jus du fait du vandalisme ou des dysfonctionnements chez nos frères de Côte d’Ivoire dont le pays était en conflit ou est en situation de postconflit, l’altération d’une pièce maîtresse d’une des centrales…
Quant à la centrale de Komsilga au sujet de laquelle on nous a rebattu les oreilles, elle est comme une réplique de la célèbre pièce du non moins célèbre dramaturge irlandais Samuel Beckett : En attendant Godot. Dans cette pièce, deux vagabonds, Vladimir et Estragon, se retrouvent sur scène, dans un non-lieu («Route de campagne avec arbres») à la tombée de la nuit pour attendre «Godot». Cet homme – qui ne viendra jamais – leur a promis qu'il viendrait au rendez-vous ; sans qu'on sache précisément ce qu'il est censé leur apporter, il représente un espoir de changement.
S’agissant de l’année de la fin définitive des délestages, elle est comme la ligne d’horizon qui s’éloigne au fur et à mesure qu’on semble s’en approcher : sous S. L. Kaboré, on parlait de 2008, puis 2009, ensuite 2010 ; aujourd’hui, Siengui Apollinaire Ki parle de 2015.
Je suis de ceux-là qui avaient espéré qu’avec la promotion du précédent directeur général à la tête du ministère en charge de l’énergie, la situation serait réglée dans la mesure où il dispose aujourd’hui de plus d’autorité et d’influence auprès du chef du gouvernement et du chef de l’Etat. Que nenni ! Non seulement on ne l’entend plus mais, de plus, il semble qu’il soit plus occupé par les mines que par l’énergie.
En attendant, les citoyens qui ont le malheur de subir des préjudices sur leurs appareils électroménagers à cause des coupures sauvages et intempestives ne peuvent pas se faire dédommager car la procédure est telle qu’en fin de compte ils se découragent et abandonnent. Et par contre, un jour après la date-limite de paiement des factures, la SONABEL vous pénalise de deux mille (2 000) francs CFA au titre des frais de recouvrement. Comme quoi la raison du plus fort, même en démocratie, est toujours la meilleure !