La Commission européenne a annoncé ce lundi le déblocage de 2,4 milliards d’euros. Ce soutien à 19 Etats membres est prévu pour la période 2014-2020. Si cette annonce n’est pas une réponse directe à la demande d’aide lancée la semaine dernière par la Grèce et l’Italie, c’est un pas pour aider les pays confrontés à un afflux croissant de demandeurs d’asile.
Avec cette annonce, la Commission européenne valide 23 programmes
nationaux en matière de gestion des flux migratoires. Ces fonds, prévus pour la période 2014-2020, vont bien sûr venir en aide aux pays les plus touchés par l’arrivée massive de demandeurs d’asile. L’Italie et la Grèce toucheront respectivement 560 millions d’euros et 473 millions d’euros. Mais d’autres Etats membres qui font face à ce phénomène vont aussi bénéficier des moyens européens. C’est le cas, par exemple, de l’Espagne, de la Suède ou encore de la Bulgarie.
Le déblocage de fonds par la Commission européenne a débuté en mars dernier et devrait se poursuivre dans les prochaines semaines. Ces moyens, issus de deux dispositifs européens, ont des objectifs différents. Le premier vient en aide aux Etats membres pour améliorer leur capacité d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile. Le second est davantage centré sur les questions de sécurité. Il s’agit d’améliorer la gestion et la surveillance des frontières. Mais ce fonds sert aussi pour lutter contre le terrorisme et toutes les formes de trafic.
Avec cette annonce, la Commission européenne dit vouloir agir dans un esprit de solidarité. Une façon de rappeler les Etats membres à leurs responsabilités.
Et en Italie ?
Ces fonds seront notamment utilisés, nous indique notre correspondante à Rome, Anne Le Nir, pour améliorer les structures d’accueil et pour renforcer la sécurité, ce qui implique des contrôles accrus, tant lors des débarquements dans le sud de l’Italie qu’au niveau des frontières terrestres. Un point sur lequel insiste fortement la droite, Forza Italia propose d’ailleurs d’installer des checkpoints sur les plages pour vérifier si les vendeurs ambulants étrangers sont en possession d’un permis de séjour et des autorisations nécessaires pour exercer leur activité.
La question des migrants est ici une question éminemment politique dont se mêle à nouveau l’Eglise. Le secrétaire général de la conférence épiscopale italienne a particulièrement haussé le ton hier. De retour d’une mission en Jordanie, Mgr Nunzio Galantino a déclaré que ceux qui parlent du niveau insupportable des demandeurs d’asile en Italie, sont « des racoleurs de quatre sous qui, pour racketter des votes, disent des choses extraordinairement niaises ». Il n’a pas cité de parti, mais la Ligue du Nord s’est sentie visée. Son leader Matteo Salvini a immédiatement rétorqué : « Ceux qui défendent cette invasion de clandestins, soit ne comprennent rien, soit se font de l’argent sur leur dos ». Une bien triste polémique à un moment où l’Italie devrait faire preuve de plus d’unité.