L’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) organise du 12 au 14 août 2015, à Ouagadougou, un séminaire de sensibilisation sur la fraude sur les appels internationaux, au profit des magistrats et officiers de police judiciaire. Il s’agit, à travers cette rencontre, d’outiller ces acteurs afin de lutter efficacement contre le phénomène de détournement du trafic entrant.
«Le secteur des télécommunications est aujourd’hui un marché très compétitif, très complexe en termes de produits, de technologies et très lucratif. Le flux financier qui circule dans ce secteur aujourd’hui est très important. Ce flux attire la convoitise des fraudeurs peu scrupuleux qui cherchent à se faire de l’argent de manière rapide. Pour y arriver, ils ne lésinent pas sur les moyens, que ce soit en termes d’argent ou en termes de technologies. » Ces propos confiés à la presse sont de Wehdi Belakoul, directeur de cabinet KM Projets.
Il est celui qui assure la formation organisée par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) au profit des magistrats et officiers de police judiciaire et qui se tient à Ouagadougou du 12 au 14 août 2015. A la suite de M. Belakoul, le secrétaire général du Premier ministère, Youma Zerbo, a reconnu que du fait de la nouveauté des activités exercées dans le secteur des télécommunications, les infractions qui concernent les communications électroniques ne sont pas régies par les textes actuellement en vigueur, ce qui complique les tâches des acteurs œuvrant dans la lutte contre la fraude. Et de mentionner que par moments, les délinquants veulent profiter des failles juridiques qui existent pour échapper à la loi. Il est donc opportun, de l’avis de M. Zerbo, que l’ARCEP qui a à cœur d’assainir le secteur des communications électroniques, outille ces acteurs. Ce sont ces raisons qui ont prévalu à l’organisation du séminaire de sensibilisation. Un séminaire dont l’objectif est de donner aux services de sécurité et aux magistrats, les outils pour lutter contre ces délinquants d’un nouveau genre.
Au nombre des modules qui seront enseignés, il s’agira pour eux de connaître le marché des télécommunications, comprendre les enjeux de la gestion du trafic international dans son contexte mondial, connaître les types de fraudes et de by-pass fréquemment rencontrés par les opérateurs du fixe et du mobile et leur impact. Ils devront comprendre également les différentes techniques de détournement du trafic et les risques qui y sont liés mais aussi les stratégies de lutte contre la fraude dans les télécoms, les outils et processus à mettre en place pour les détecter et les éradiquer, et enfin le rôle que doivent jouer les régulateurs de télécommunications pour piloter les efforts anti-fraude. Les organisateurs de cette rencontre ont jugé utile d’élargir la formation aux services de sécurité, car la fraude dans le secteur des télécommunications, selon Youma Zerbo, prend plusieurs formes. Au nombre de celles-ci, le by-pass. « Le by-pass, a-t-il dit, est un trafic frauduleux qui consiste à dérouter les appels internationaux de leur circuit normal et certains Burkinabè ont pu constater que des appels téléphoniques en provenance des pays étrangers, s’affichent sur leurs portables avec l’indicatif de notre pays qui est le 00 226. »
Le séminaire se veut interactif ; un cadre de partage d’expériences donc. Il est à sa deuxième édition, la première ayant été organisée en juin dernier pour les ingénieurs de l’ARCEP et les opérateurs de télécoms. « Pour ce qui est du contenu du séminaire, a noté le formateur, nous allons d’abord rappeler les marchés et les business du secteur des télécoms pour comprendre les offres et les produits qui sont impactés par la fraude. Nous verrons les différents types de fraudes qui existent, leur impact sur le marché, sur l’Etat et les mesures qui peuvent être mises en place par le régulateur, les autorités, les opérateurs télécoms pour piloter les efforts de lutte contre la fraude. La population est certes impactée ; ce que je peux conseiller, c’est la vigilance. Dès que vous voyez un appel international qui s’affiche et que le numéro est un numéro local, que l’intéressé informe l’opérateur pour prendre les mesures et les dispositions nécessaires. » Selon lui, l’impact est principalement chez les opérateurs de télécoms ; les technologies mises en place étant très complexes, un utilisateur lambda ne saura pas quoi faire, il ne saura pas détecter le problème, a-t-il dit. Le seul moyen pour lui de le détecter, c’est de constater sur son téléphone qu’un numéro local national s’affiche alors que l’appel vient de l’international. Et le SG du Premier ministère de préciser que « pour commettre ces actes, les fraudeurs ont juste besoin d’une connexion Internet haut débit pour recevoir les appels voix sur IP, des cartes SIM bien chargées des différents opérateurs, d’un routeur qui transforme les données en appel local. Le routeur les achemine ensuite dans le SIMBOX qui, à travers ses différentes cartes SIM, les ventile à son tour automatiquement, grâce à une antenne relais aux différents réseaux téléphoniques du pays». Et de souligner que ce phénomène est un « cancer » pour nos Etats, car il tue à petit feu l’économie nationale et ruine les bases financières des opérateurs de téléphonie.
Christine SAWADOGO
Légende :
1 – Youma Zerbo, Secrétaire général du Premier ministère, à propos des fraudes : «Il nous faut être imaginatifs pour mettre fin à ces pratiques ou à tout le moins, les réduire à leur plus simple expression » (Ph. M. Nagabila)
2 – La formation est assurée par Wehdi Belakoul, directeur de cabinet KM Projets (Ph. M. Nagabila)
3 – Ce séminaire de sensibilisation sur la fraude sur les appels internationaux est organisé… (Ph. M. Nagabila)
4 -… au profit des magistrats et officiers de police judiciaire (Ph. M. Nagabila)
ENCADRE
Mathurin Bako, président de l’ARCEP, à propos du séminaire
« Cette formation est organisée à l’intention des services de sécurité. Nous avons invité également le ministère de la Justice à envoyer quelques magistrats. Les objectifs poursuivis sont de donner aux services de sécurité qui sont nos partenaires et qui sont tout le temps à nos côtés, des outils pour lutter contre ces délinquants d’un nouveau genre. Le Secrétaire général du Premier ministère dans son allocution, a rappelé qu’au mois de juin, des délinquants ont été condamnés par le Tribunal de grande instance de Ouagadougou. Nous voulons donner quelques éléments d’information sur comment les fraudeurs procèdent pour contourner nos réseaux. Les types de fraudes sont multiples. Quand on passe par Internet, il y a beaucoup de techniques qui permettent de contourner les réseaux et cela fait du mal à notre économie nationale. »
Légende encadré :
Mathurin Bako, président de l’ARCEP