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Enfants marchands ambulants à Nouna : un phénomène qui ne semble choquer personne
Publié le mercredi 12 aout 2015  |  L`Observateur Paalga
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© Autre presse par UNICEF/Mark Naftalin
En Guinée, des enfants, encadrés par un adulte, jouent à l’extérieur dans le village de Meliandou dans la préfecture de Guéckédou, dans la région de Nzérékoré.




Dans les rues de nombreuses villes du Burkina Faso, il est fréquent de voir des marchants ambulants au nombre desquels des enfants. A Nouna, par exemple, le phénomène s’est accentué, surtout en cette période de grandes vacances. Arrêt sur un vilain fait de société dont on parle peu ou presque pas.



Awa, 10 ans, est élève en classe du CE2. En ce temps de vacances, elle est vendeuse de paniers que sa grand-mère lui a expédiés de Banfora, où elle vit. «Les paniers coûtent entre 250 et 1 000 F CFA. Par jour, je peux en vendre pour 5 000 F CFA et j’ai droit au 1/10 de la recette. Cela servira à m’acheter de nouveaux vêtements à la rentrée», nous confie-t-elle. Mais ça ne te fatigue pas ? l’interrogeons-nous. «Non» ; un «non» pas sincère, car nous avons lu le contraire sur son visage renfrogné, couvert de sueur, et ses pieds poussiéreux.

C’est exactement à 12h 39 mn ce mercredi 29 juillet 2015 que nous avons rencontré la petite Awa aux encablures du grand marché de Nouna, sous un soleil de plomb, les bras chargés de sept paniers. Quatre autres avaient déjà été écoulés.

Comme la petite Awa, de nombreux autres enfants sont chaque jour dans les différents lieux publics de Nouna, proposant plusieurs types de marchandises eau fraîche, fruits, gâteaux, etc. D’un âge souvent compris entre 08 et 12 ans, ces enfants sont en majorité des filles. Interrogées, certaines disent exercer cette activité commerciale pendant les vacances en vue de contribuer à acheter leurs fournitures scolaires ou pour aider leurs parents à subvenir aux besoins de la famille. D’autres sont à la fois des filles de ménage et des vendeuses ambulantes.

Le silence des autorités en charge de l’Action sociale sur ce phénomène frise l’irresponsabilité, car les risques liés à cette activité des enfants sont bien réels. Ces mineures, surtout présentes au bord des routes, pourraient en effet facilement être victimes d’accident. De plus certaines vont dans des quartiers, loin de chez elles, s’exposant ainsi à des abus sexuels. Autres conséquences : certains élèves ayant pris goût à l’argent à travers cette activité renoncent à l’école à la rentrée des classes suivante, préférant poursuivre leur activité commerciale, ce qui est contraire à la convention relative aux droits de l’enfant.

Interrogé sur le sujet, Ousmane Ouédraogo, en service au centre d’éveil et d’éducation préscolaire de Nouna, impute cet état de choses à l’ignorance des parents des droits et devoirs des enfants. Pour lui, les enfants ne devraient pas travailler pour obtenir leur pitance.

«La charge d’un enfant incombe totalement à ses parents. C’est pour dire que les enfants qui se retrouvent à faire du commerce subissent une injustice. Certains sont même employés par des commerçants qui ne les paient pas à la hauteur de leurs efforts, ce qui est une forme d’exploitation. Ailleurs, c’est dans les mines d’or qu’on retrouve les enfants. Mais Nouna n’ayant pas de site aurifère, les enfants, pour la plupart issus de parents démunis, se rabattent pour le commerce», a précisé M. Ouédraogo avant d’ajouter qu’il est très difficile de combattre ce phénomène dans un pays comme le nôtre, car «c’est la précarité de leurs parents qui amène les enfants à devoir faire du commerce».

Interrogés, certains parents estiment qu’il est tout à fait normal que les enfants commencent à travailler dès le bas âge. « Si on ne les initie pas très tôt au travail, ils deviendront paresseux une fois grands. Vous connaissez bien l’adage qui dit qu’il faut redresser le bois pendant qu’il est frais», a déclaré un père de famille qui a préféré garder l’anonymat. Un argument battu en brèche par l’agent Ouédraogo de l’Action sociale qui répond : «Oui au travail qui sociabilise l’enfant. Mais confier un travail qui dépasse ses capacités à un enfant est sévèrement puni par la loi».

Le phénomène des enfants marchands ambulants à Nouna est une réelle préoccupation sur laquelle les décideurs devraient sérieusement se pencher.



Boureima Badini
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