Ouagadougou abritera du 12 au 14 août, 2015, un colloque panafricain de la jeunesse dans le cadre de la Journée internationale de la jeunesse qui est célébrée le 12 août chaque année. Sous le thème « Participation citoyenne des jeunes au renforcement de la démocratie et de la cohésion sociale pour un développement durable », ce colloque réunira des jeunes venus de différents pays du continent africain. Deux jours avant l’ouverture des travaux, notre équipe a rencontré le ministre de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l’Emploi, le docteur Salifou Dembélé dont le département a en charge l’organisation de l’événement. Et aussi pour savoir les mesures prises pour la réussite de l’évènement quand on sait que plus d’une dizaine de pays y seront représentés. Le ministre Salifou Dembélé nous fait un breafing sur les grandes lignes de l’évènement. Lisez plutôt !
Le Quotidien : Il se tient du 12 au 14 août 2015 un colloque panafricain de la jeunesse. Cela rentre-t-il dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la jeunesse ?
Salifou Dembélé, ministre de la Jeunesse, de la Formation professionnelle et de l’Emploi : L’organisation de ce colloque panafricain de la jeunesse s’inscrit dans la tenue, bien entendu, de la Journée internationale de la jeunesse. Nous voulons magnifier le rôle de la jeunesse burkinabè lors de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. A cet effet, nous avons voulu donner un cachet particulier cette année à la Journée internationale de la jeunesse qui est célébrée dans tous les pays du monde le 12 août de chaque année. Il s’agit de partager l’expérience burkinabè avec les autres jeunes des pays africains qui vont prendre part à ces journées lors desquelles se tiendra le colloque panafricain sur une durée de 3 jours, soit effectivement du 12 au 14 août 2015.
Le thème retenu est « participation citoyenne des jeunes au renforcement de la démocratie et de la cohésion sociale au développement durable ». Pourquoi le choix de ce thème ?
Le thème découle du thème général de la Journée internationale de la jeunesse qui est Jeunesse et citoyenneté. Vous savez, chaque année, il y a un thème qui est imposé. A partir de ce thème mondial, chaque pays est libre de le décliner en thème spécifique. Nous avons tenu à adapter ce thème mondial aux préoccupations majeures de la jeunesse du Burkina qui est en quête de démocratie et de bonne gouvernance. Le second point est qu’un pays ne peut se développer sans qu’il n’y ait une cohésion sociale. C’est tout cela qui va contribuer au développement durable. En d’autres termes, nous voulons accorder à la jeunesse la place qui est la sienne sur l’échiquier politique au Burkina voire dans les pays du monde en raison de son poids important au plan démographique. Si l’on s’occupe de 60% de la population, on est sûr et certain que l’on s’est occupé de beaucoup de choses. Voilà pourquoi, nous avons décliné le thème mondial en un thème qui cadre avec les attentes de notre jeunesse. Mais, je tiens à préciser que ce thème n’a pas été imposé par le ministère de la Jeunesse. Il a été arrêté de concert avec la jeunesse. Nous avons eu des rencontres. C’est à l’issue de celles-ci que nous avons impliqué les jeunes. D’ailleurs, ils font partie de la commission thème lors du colloque panafricain. Ils nous ont suggérés un certain nombre de communicateurs qui ont pignon sur rue avec lesquels on s’est accordé sur un certain nombre de communications.
Quelles sont les activités prévues au cours des 3 jours de colloque ?
La grande originalité de ce colloque est l’implication du chef de l’Etat lui-même. Le colloque est placé sous la présidence du président du Faso. C’est lui qui a considéré à l’issue des propositions que je lui ai faites qu’il était impérieux que nous accordions la place qu’il faut à notre jeunesse en particulier et à la jeunesse africaine en général. A cet effet, il va présider le colloque pour pouvoir donner une dimension de haut niveau aux préoccupations des jeunes. Nous avons introduit quelques originalités aussi. La 1re est qu’il y aura une procession des jeunes vers la présidence du Faso. Au cours de cette procession, les jeunes africains à la suite d’un certain nombre de sommets dont celui d’Addis-Abeba feront un plaidoyer pour que soit pris en compte leurs préoccupations dans l’agenda post 2015 au niveau des Objectifs du millénaire pour le développement. Les jeunes vont remettre un document de plaidoyer au chef de l’Etat qui sera chargé de le transmettre à ses pairs lors de la prochaine session de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre prochain. La deuxième innovation est que nous avons prévu un reboisement dans la Ceinture verte pour montrer que quand on parle de développement durable, il faut avoir un environnement sain. Enfin, il y aura le colloque qui connaîtra 3 panels. Le 1er va s’occuper des questions de citoyenneté. Le 2e concerne l’implication et la participation des jeunes à l’édiction des programmes politiques. Le 3e colloque va s’occuper des questions sécuritaires. Pour ce point précis, il s’agit de faire en sorte que les jeunes ne soient pas happés par les réseaux terroristes qui sont en train de taper à nos portes. Nous allons à l’issue des travaux éditer les actes du colloque de Ouagadougou qui vont être portés par le chef de l’Etat auprès des Nations unies.
Quelles sont les délégations qui sont attendues ?
Il y a d’abord les pays de l’UEMOA. A côté, il y a des pays du Maghreb à l’instar du Maroc, de l’Algérie et de la Mauritanie. En ce qui concerne les pays de la CEDEAO, nous avons le Ghana, la Gambie et le Nigéria. Pour l’Afrique centrale et de l’Est, il y a le Cameroun, le Burundi, le Ruanda, la RDC et le Congo. Il y a aussi la Zambie, l’Ethiopie et le Zimbabwe. C’est véritablement un panel très large. Les pays seront représentés par des OSC qui ont pignon sur rue. Au niveau du Burkina, nous avons décidé d’impliquer toutes les provinces à raison de 2 participants par province dont un homme et une femme. Cela va faire 90 participants pour le Burkina. J’insiste sur le fait que nous ne voulons pas d’un colloque comme les autres. Les communications ne seront pas comme celles qui se font dans les amphithéâtres. Ce sera très participatif. L’objectif est d’inciter un débat à l’issue duquel les jeunes feront le diagnostic de leurs préoccupations et des recommandations. Nous ne voulons pas que celles-ci émanent de quelqu’un d’autre parce que nous partons de l’idée selon laquelle ce sont les jeunes qui connaissent le mieux leurs préoccupations. C’est à eux de se prendre véritablement en charge. C’est nettement différent de venir suivre l’exposé d’un expert.
Quelle peut être la valeur ajoutée d’un tel colloque pour la jeunesse participante, particulièrement celle du Burkina Faso?
La valeur ajoutée est très importante et se situe à deux niveaux. D’abord l’échange de notre expérience. Les 30 et 31 octobre 2014, il y a quelque chose d’inimaginable qui s’est passé dans ce pays. Lorsque je fais mes tournées à l’étranger chaque fois on me dit « vous avez une jeunesse spéciale ». C’est cette jeunesse là qui est sortie, qui a cassé et le lendemain c’est cette même jeunesse qui est sortie et qui a nettoyé. Je pense que c’est une leçon que nous avons donnée à tout le monde entier et cette leçon nécessite un partage auprès des autres OSC du continent africains. Le deuxième niveau qui me semble un peu plus important, c’est qu’on veut, à travers la jeunesse burkinabè, impliquer toute la jeunesse africaine pour pouvoir porter haut leurs préoccupations lors de l’adoption de l’agenda post 2015. Il est très important parce que c’est cet agenda qui va tracer pour les 20 ans au moins à venir toutes les stratégies qui vont être mises en place pour la prise en compte des préoccupations de la jeunesse. Et à ce titre il faut que chaque continent se fasse bien entendre. C’est la raison pour laquelle, il y aura une procession au cours de laquelle les jeunes vont donner leur plaidoyer qui découle de leur dernière rencontre qui a eu lieu à Addis Abeba. Un plaidoyer qui sera enrichi par les actes du colloque de Ouagadougou. On ne veut pas que ce soit un colloque de plus. On veut que ce soit un colloque qui puisse avoir un impact réel sur la prise en compte des préoccupations de la jeunesse burkinabè et de la jeunesse africaine.
Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit de la jeunesse burkinabè à cet effet ?
Que la jeunesse puisse dans un premier temps comprendre que malgré le délai relativement court de la Transition, tous les efforts sont faits pour que leurs préoccupations soient hissées au premier rang des préoccupations au Burkina Faso et au niveau de tous les continents africains. On veut aussi que ces préoccupations soient portées au niveau international parce qu’on ne peut développer un pays sans prendre en compte la jeunesse. Le 2e appel que je lance à la jeunesse, c’est une invite à accueillir comme il se doit nos frères africains qui vont venir participer à ce colloque, parce que l’hospitalité burkinabè a dépassé nos frontières. Et de s’impliquer eux aussi fortement dans la réussite de ce colloque pour que le rôle ou la place qu’on nous assigne au plan international nous puissions la mériter et la conserver. Enfin c’est saluer le travail énorme qu’abat la jeunesse du Burkina Faso à travers les différentes associations et OSC qui travaillent et qui ne sont pas suffisamment prises en compte sans doute parce que nous n’avons pas beaucoup de moyens financiers pour le faire. C’est la raison pour laquelle, il faut qu’elles s’investissent réellement pour que dans l’agenda post 2015 la jeunesse soit classée en priorité pour que nous ayons des financements nécessaires de les prendre en compte ses préoccupations. Un peuple, un pays, un gouvernement, qui ne prend pas compte les préoccupations de la jeunesse est un gouvernement qui a perdu d’avance. Et rappeler du slogan du chef d’Etat « Avec la jeunesse oui tout est possible, sans la jeunesse attention ! »
Est-ce qu’on peut dire qu’à deux jours avant la rencontre tout est fin prêt pour sa bonne tenue ?
Tout ne peut pas être comme on l’aurait souhaité. Mais il faut savoir qu’avec l’implication de l’ensemble du personnel du ministère et des membres du gouvernement nous pouvons considérer que nous avons la capacité de mener à bien cette activité dans la mesure que tout ce qui semble important c’est-à-dire la logistique, le transport, l’accueil, le logement, la restauration, tout est prêt. Maintenant on va prier tous ensemble pour que la pluie ne se mêle pas trop aux activités. On souhaiterait qu’il ne pleuve que la nuit. On a aussi prévu des animations avec la plupart de nos artistes qui sont engagés et impliqués dans la mission d’éveil de conscience de nos populations.
Qu’en est-il des mesures de sécurités et d’hygiènes qui sont prises ?
Vous savez, lorsqu’on organise une telle activité nous sommes obligés de solliciter l’appui des forces de sécurité que nous avons pour un accompagnement de l’activité. Au niveau des mesures de sécurité, le ministre en charge de la Sécurité a été saisi sur la question. Tout le nécessaire va être fait à ce niveau. Pour la santé on sait encore que Ebola existe le ministre de la Santé a donc été saisi pour mettre en place tout le dispositif nécessaire pour pouvoir prévenir ou constater un éventuel cas chose qu’on ne souhaite pas. Mais mieux vaut prévenir que guérir.
Cela fait 16 ans qu’il est célébré chaque 12 août de l’année la Journée internationale de la jeunesse. Quel bilan votre département peut-il faire des éditions passées ?
Le constat que j’ai fait des journées internationales de la jeunesse lorsque j’ai pris fonction dans ce ministère, c’est que c’étaient des journées uniquement dédiées à des retrouvailles entre jeunes du Burkina Faso autour d’un camp. Mais cette année, nous voulons donner un cachet particulier. L’objectif que nous recherchons est beaucoup plus idéologique, pas politique. C’est aussi profiter de cette insurrection au cours de laquelle la jeunesse a montré ce dont elle est capable pour pouvoir la mettre au premier plan. Que se soit chez nous, que ce soit dans les autres pays d’Afrique on ne peut pas éternellement ignorer les préoccupations de la jeunesse. Cela peut amener loin et même très loin. Les participants vont même visiter les ruines de l’Assemblée nationale. Parce que pour eux il faut qu’ils aillent voir. Lorsqu’on n’écoute pas sa jeunesse il n’est pas exclu que le pays soit dans un chaos. Or personne ne veut le chaos et c’est la raison pour laquelle on veut faire passer ce message au plan africain. C’est aussi à la première édition de la Journée internationale de la jeunesse 2006 que le ministère de la jeunesse a été créé à la demande des jeunes. Et c’est à la 3e édition qu’ils ont demandé la création du Fonds d’appui aux initiatives des jeunes (FAIJ). Nous sommes arrivés dans un contexte insurrectionnel et on ne peut pas faire fi de cela. Et dans un contexte de Transition la jeunesse ne peut pas être traitée comme dans un contexte classique. L’objectif pour nous et pour cette jeunesse c’est qu’elle puisse se faire entendre. Même si on ne peut pas tout résoudre il faut au moins qu’on les écoute. Nous voulons faire sortir les jeunes de l’ombre pour les mettre sous les projecteurs1