Le ministère de l’Economie et des finances (MEF) traverse une crise. En effet, le Syndicat national des agents des finances (SYNAFI) a approché le 29 juillet dernier la ministre déléguée chargée du Budget, Amina Billa/Bambara, pour un traitement diligent de leur dossier relatif à la répartition équitable du fonds commun du ministère de l’Economie et des finances (MEF). Estimant que celle-ci a « refusé de le soutenir et de bien conseiller le ministre de l’Economie et des finances » et que les premiers responsables du MEF ont refusé le dialogue, le SYNAFY observe un sit-in au sein du ministère depuis le 6 août dernier. Afin d’éclairer l’opinion sur la question, le gouvernement, par la voix de Amina Billa/Bambara, a animé un point de presse le 7 août 2015, dans la salle de conférences du MEF, à Ouagadougou.
« J’ai été particulièrement touchée et surprise d’apprendre que j’ai refusé de soutenir le Syndicat national des agents des finances (SYNAFI) et de bien conseiller le ministre de l’Economie et des finances (MEF). Et qu’en conséquence, je n’aurais pas accès à mon bureau, sinon je serai violentée et huée. Et j’en ai eu pour ma dose ce matin », confiait la ministre déléguée chargé du Budget, Amina Billa/Bambara, le 7 août dernier. Et de se demander ce qu’elle avait bien pu faire de mal, d’autant qu’elle n’était pas au courant du traitement du fonds commun, le MEF ayant décidé de ne pas alourdir ses tâches en lui épargnant ce dossier. C’était lors du point de presse organisé par le gouvernement pour éclairer l’opinion sur le différend qui oppose le SYNAFI aux premiers responsables du MEF. Pour la ministre déléguée chargée du Budget, cette situation est due à un problème de communication et de calendrier.
« Alors, quel temps aurai-je pu avoir pour accorder au SYNAFI une quelconque audience ? »
Parlant des antécédents du différend qui l’oppose au SYNAFI, la ministre déléguée chargée du Budget a expliqué qu’elle avait reçu un message émanant du Secrétaire général (SG) du SYNAFI le 29 juillet dernier, lui demandant d’aider les financiers car le partage du fonds commun était en leur défaveur. Un message auquel elle a répondu en indiquant que le dossier en question était du ressort du ministre de l’Economie et des finances. « Le 30 juillet, jour de Conseil des ministres extraordinaire, a-t-elle poursuivi, un autre texto m’a été envoyé pour me solliciter une audience avant 17h. Ce n’est qu’à la fin du conseil, vers 16h30, que j’ai vu le texto et j’ai répondu à 16h45 mn que j’étais dans l’impossibilité d’accorder cette audience et que je serai au bureau à 18h ». « Ok. Sans faute, nous allons attendre le MEF. Mais en attendant, nous avons demandé de suspendre le partage du fonds commun pour que nous puissions discuter avec le MEF », a répondu le SYNAFI. « Après avoir travaillé non-stop de 8h à 22h le 31 juillet 2015 sur les arbitrages budgétaires et traité des dossiers d’extrême urgence, a confié Amina Billa/Bambara, j’étais en partance pour la Guinée équatoriale le lendemain 1er août à 6h du matin pour une mission gouvernementale. Alors, quel temps aurai-je pu avoir pour accorder au SYNAFI une quelconque audience ? », s’est-elle interrogée, assurant qu’il ne s’agissait pas d’une négligence encore moins d’un mépris, d’autant plus qu’elle est une des leurs. En outre, a-t-elle ajouté, même si les deux ministres n’ont pas pu les recevoir dans le temps qui leur a été imposé, des rencontres ont eu lieu entre une autorité du ministère et le SYNAFI, en l’occurrence le SG. Et pour résoudre la question des fonds communs, a précisé Amina Billa/Bambara, le gouvernement, au regard des mouvement répétitifs, a jugé appropriée la mise en place d’une commission nationale pour réfléchir et faire des propositions de textes devant règlementer la gestion de l’ensemble des fonds communs existants, tant au MEF que dans les autres ministères. Une décision qui n’a pas rencontré l’assentiment du SYNAFI pour qui, ramener le problème au niveau du Premier ministère n’est pas une solution pour le fonds commun actuel et pourrait remettre en cause les droits acquis.
Somme toute, à en croire Amina Billa/Bambara, le gouvernement s’attèle à la résolution des problèmes de la population, en fonction des capacités de l’Etat. A ses collègues financiers, elle a rappelé le soutien qu’ils lui ont apporté à sa nomination au poste de ministre et a demandé leur compréhension. Bien que reconnaissant la légitimité de leurs revendications, elle a tenu à signifier qu’elle n’était pas seulement la ministre chargée du Budget du MEF, mais de tout l’Etat burkinabè. Et de solliciter l’accompagnement de tous les syndicats en général et particulièrement ceux du MEF à continuer à œuvrer pour une fin réussie de la Transition.
Thierry SOU/Judith TCHIMADI (Stagiaire)
Légende
1-Selon Amina Billa, le fait qu’elle n’ait pas pu rencontrer le SYNAFI est dû à une contrainte de calendrier
2-Amina Billa a demandé l’accompagnement du SYNAFI pour une fin réussie de la Transition
ENCADRE
Pendant que se tenait la conférence de presse animée par Amina Billa/Bambara, le SYNAFI manifestait au sein du MEF. Pour Mohamed Savadogo, SG du SYNAFI, c’est la ministre en charge du Budget qui est à la base de tous leurs déboires. « Nous avons remarqué que c’est elle qui est en train de freiner l’aboutissement de nos revendications. Il arrive qu’elle prenne le contrepied des actes du MEF », a lancé Mohamed Savadogo. Pour lui, c’est Amina Billa /Bambara qui influence négativement le ministre de l’Economie et des finances et est à la base de la non-application du protocole d’accord entre le SYNAFI et le gouvernement, obtenu en 2011. « Le gouvernement avait pris des engagements mais c’est le seul protocole d’accord qui souffre jusqu’à présent », a-t-il dit.
T. J