Sous l’initiative de l’Amicale des bénéficiaires des programmes d’échanges culturels entre les Etats Unis et le Burkina Faso (ABPEC/US-BF), il s’est tenu le vendredi 5 avril 2013 à Kaya, un séminaire sur la tolérance religieuse et la paix. Cette rencontre a connu la participation de nombreux leaders religieux et politiques.
Venus de trois régions du Burkina à savoir la région du Nord, du centre-nord et du Sahel, ils étaient nombreux à prendre part au séminaire sur la ‘’tolérance religieuse et la paix’’, organisé le 5 avril 2013 à Kaya. Cette initiative visait, selon les organisateurs à réunir les différents leaders politiques de cette ‘’ zone rouge’’ du Burkina que constituent les régions sus-citées, pour qu’ils parlent religion et fassent connaissance avec les autres religions, afin de mieux connaitre autrui. Pour le président de cette association, Ouezen Louis Oulon, il s’agissait de renforcer le socle de cohabitation édifiante qui existe déjà entre les différentes communautés religieuses, car selon lui, aucun socle n’est jamais assez solide pour résister à des secousses éventuelles surtout que le Burkina partage des frontières avec le Mali qui connait une situation de crise. ‘’ L’esprit de ce séminaire, c’est d’anticiper sur d’éventuelles crises et de permettre aux uns et aux autres de mieux se connaitre’’, a-t-il expliqué. Pour monseigneur Philippe Ouédraogo, archevêque métropolitain de Ouagadougou, la question de la tolérance religieuse et de la paix n’est pas a priori une question de concepts mais elle renvoie à un style de vie, à un exemple qui est la référence, celui de Jésus-Christ, celui-là même dont le message est essentiellement un message de paix. Pour lui, l’amour fraternel, l’amour pour les ennemis, la recherche du bien, le refus de faire à l’autre ce qu’on ne veut pour soi-même, l’effort de faire aux autres ce qu’on veut que les autres nous fassent, tout cela permet de dire que la tolérance, mieux, la recherche de la paix est le cœur même de la foi chrétienne. ‘’Tout chrétien qui ne vit pas dans la tolérance et ne recherche pas la paix n’a pas compris le cœur du message chrétien’’. Cette tolérance, a indiqué l’archevêque de Ouagadougou, l’église catholique a dû l’apprendre à travers l’histoire tout en comprenant que malgré la vérité qu’elle possède, elle ne doit pas l’imposer à une personne en violant l’intégrité de sa conscience. Dans le concile Vatican, on peut citer selon lui, 3 documents qui constituent la charte de l’église en matière de tolérance religieuse, de paix et de dialogue avec les autres confessions. A travers ces documents qui balisent le chemin de l’église catholique dans sa relation avec les autres confessions religieuses, c’est la paix qui est recherchée. La foi chrétienne revendique la liberté de la conviction religieuse et de sa pratique dans le culte, sans pour autant violer le droit de l’Etat dans sa propre organisation. La figure du nouveau Pape François, au delà de son nom même qui est déjà un programme en faveur de la paix et de l’attente entre les religions, est un message de Dieu pour l’humanité qui a tant besoin de tolérance, de réconciliation, de justice, de paix et d’amour. A la suite de Monseigneur Philippe Ouédraogo, c’était à l’imam Tiego Tiemtoré du CERFI, d’éclairer la lanterne des uns et des autres sur la tolérance religieuse en l’islam. Selon lui, la tolérance religieuse fait corps avec l’islam. En effet, a-t-il expliqué, la religion musulmane n’oblige personne à la croyance, ne contraint personne à se convertir à l’islam. C’est une religion qui prône, par excellence, la tolérance. La tolérance entre les membres d’une même famille, d’une même communauté et d’une communauté différente. Il s’agit dans l’islam, d’accepter les points de vu divergents et de respecter la croyance d’autrui. La religion musulmane s’applique avec beaucoup de sagesse et veut que les fidèles apprennent à gérer les divergences avec les autres communautés. Le prophète Mohamed, a indiqué l’imam, a lui-même donné plusieurs exemples de tolérance religieuse, à l’image de la mosquée de Médine qu’il a cédée aux chrétiens pour leur prière. Il est du ressort des leaders religieux d’éduquer les populations à un vrai savoir, à respecter la croyance d’autrui, à renforcer leur foi et à les transformer en des gens meilleurs. L’islam, selon l’imam Tiego Tiemtoré, va au-delà de la tolérance pour lutter contre tout ce qui est anti-valeur, il sert à humaniser la vie quotidienne. C’est pourquoi il soutient : « le meilleur homme pour l’islam, c’est celui qui est utile à sa communauté ». Pour les deux hommes religieux qui ont animé le séminaire, il faut œuvrer pour une civilisation de l’amour où l’homme devient toujours plus humain et où les valeurs du vrai, du beau, du bien, de la justice et de l’équité constituent l’humus de son développement intégral, personnel et communautaire .
Par P. Adeline Clémence ZINABA
