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Dépôt des candidatures pour la présidentielle et les législatives : la saison des grincements de dents
Publié le lundi 3 aout 2015  |  Le Pays
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© aOuaga.com par A.O
Dépôt des listes pour les législatives : jusqu`au bout de la nuit le dernier jour
Samedi 1er août 2015. Ouagadougou. Siège de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Beaucoup de partis, formations politiques et candidats indépendants ont attendu le dernier jour pour déposer les listes de leurs candidats aux élections législatives du 11 octobre prochain




Le dépôt des dossiers de candidatures pour les législatives a pris fin le samedi 1er août 2015 dernier à 24h00. Le constat que l’on peut faire, est que les uns et les autres ont attendu les ultimes instants pour se bousculer aux portillons de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) pour le faire. En attendant que le Conseil constitutionnel se prononce sur la validité ou non de ces candidatures, l’on peut déjà parier que les choix des états-majors des différentes formations politiques ne manqueront pas de susciter des mécontentements de la part de tous ceux qui nourrissaient l’espoir de figurer sur la liste des bienheureux et qui se verront finalement recalés.

En Afrique, la politique est avant tout un business

La phase de la guerre de positionnement terminée, l’on a de fortes chances maintenant d’assister à la saison des grincements de dents. Et pour cause. La politique, telle qu’on la conçoit sous nos tropiques, est aux antipodes de sa définition originelle. En Afrique, en effet, la politique est avant tout un business. On y entre le plus souvent pour se procurer fortune et gloire ici et maintenant. Et les mandats électifs sont un moyen idéal pour le faire. Rarement, l’on s’adonne à cette activité pour le profit de l’intérêt général. C’est cette conception exclusivement « gondwanaise » et galvaudée de la politique qui explique la désinvolture avec laquelle, en Afrique, on change de partis politiques comme on change de chemises. C’est cela qui explique aussi la kyrielle de partis politiques qui se disputent l’espace public et dont les militants de certains peuvent difficilement remplir une cabine téléphonique.

Lorsque l’on a une telle conception de la politique, l’idéologie compte pour du beurre. Ce qui compte pourrait se résumer en ces termes : « Qu’est-ce que je gagne en tant qu’individu à militer dans tel ou tel parti ? » Si à l’analyse, l’on se rend compte que l’on ne gagne rien en termes de gloire ni d’espèces sonnantes et trébuchantes, l’on va simplement voir ailleurs, sans aucun souci du qu’en dira-t-on. C’est cet opportunisme qui alimente le nomadisme politique sous nos cieux. La parade que la plupart des partis politiques semblent avoir trouvée pour réduire ce phénomène est, peut-on avoir l’impression, le dépôt à la dernière minute des listes de leurs candidats auprès de la CENI. Ce faisant, ils sont sûrs que les infortunés n’auront pas le temps de rejoindre les formations adverses avec armes et bagages pour se donner plus de chances de figurer sur les listes à déposer.

Et presque tous les partis politiques ont mis en place cette stratégie de la dernière minute pour minimiser la fuite de certains de leurs militants vers des terres censées à leurs yeux être plus fertiles. Mais c’est malheureux pour les partis politiques de procéder ainsi. Car ils courent le risque d’avoir, en leur sein, non pas des militants mais de froids calculateurs qui, à tout moment, peuvent les poignarder dans le dos, sans aucun état d’âme. Cela dit, la présidentielle et les législatives à venir ont de fortes chances de tirer la démocratie vers le haut au Burkina Faso et ce, au regard des considérations suivantes.

D’abord, il y a l’introduction des candidatures indépendantes. Cela, de toute évidence, va permettre aux citoyens de s’affranchir de la tyrannie des partis politiques. En effet, de par le passé, ce sont les gourous des partis politiques qui décidaient de qui devait figurer sur les listes. De ce fait, il arrivait parfois que des individus dont l’impopularité était pourtant notoire, se fassent élire députés dans leur circonscription. Par le jeu des candidatures indépendantes, cette façon stalinienne d’imposer des candidats aux militants peut ne plus prospérer. L’acceptation des législatives, qui peut être mise à l’actif de la Transition et de certains mouvements de la société civile, vient placer le Burkina en avance parmi bien des pays africains. Sous Blaise Compaoré, l’on pouvait donner sa tête à couper qu’une telle réforme politique n’avait aucune chance d’être envisagée.

Il reste à souhaiter que le vent nouveau qui souffle sur le Burkina puisse donner des fruits à la hauteur des attentes des populations

La deuxième raison qui nous fait dire que la présidentielle et les législatives prochaines pourraient constituer une avancée démocratique est que le président sortant pourrait n’avoir aucune influence sur ces deux scrutins. De ce fait, aucun candidat ne pourra se prévaloir de son onction pour battre campagne en vue de se faire élire, comme ce fut le cas à l’occasion des législatives passées où le nom de Blaise Compaoré était un véritable « sésame ouvre-toi ». En effet, le fait d’être dans les bonnes grâces du président est un facteur déterminant pour briguer un mandat électif. Sociologiquement, en Afrique et plus particulièrement au Burkina, les électeurs ont cette propension à accorder leurs suffrages au parti présidentiel. Celui-ci, en plus de bénéficier de l’image du président, a aussi l’avantage d’être accompagné par l’administration. Pour toutes ces raisons, l’on peut estimer que la présidentielle et les législatives prochaines, il faut le souhaiter, vont contribuer à faire du Burkina une référence démocratique en Afrique, en ce sens qu’elles ont toutes les chances d’être les plus ouvertes et les plus transparentes de toute l’histoire politique du pays.

Déjà, l’on peut avoir le sentiment que la parole s’est libérée depuis la chute de Blaise Compaoré, et que le climat dans lequel se dérouleront ces deux scrutins sera un climat de liberté. Il reste à souhaiter que ce vent nouveau qui souffle sur le Burkina Faso puisse donner des fruits à la hauteur des attentes des populations en matière de démocratie. Car, en réalité, le Burkina en avait été sevré pendant le long règne de Blaise Compaoré. Et ce n’était pas faute d’organiser régulièrement des élections. Seulement, elles s’apparentaient toutes à de véritables mascarades qui donnaient invariablement pour vainqueur le parti présidentiel, avec des scores quasi soviétiques. Le résultat de cette démocratie simulée a été que les populations avaient le sentiment que leurs suffrages ne pouvaient pas changer la donne. D’où leur désaffection pour la chose politique qui se traduisait par les faibles taux de participation lors des différents scrutins.

C’est pourquoi les responsables de la Transition n’auraient aucune excuse s’ils venaient à mal négocier ce tournant crucial de l’histoire du pays que sont ces deux scrutins. Ils doivent, le président Kafando en tête, faire en sorte que ceux qui sortiront vainqueurs des scrutins d’octobre prochain méritent véritablement leur victoire.
C’est à ce prix que les dirigeants actuels du pays pourront dire avec fierté qu’ils ont apporté leur pierre à l’édification de la démocratie, la vraie au Burkina. Et le peuple burkinabè ne manquera pas de leur en être reconnaissant à jamais.

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