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Ruée vers les concours publics : l’Etat doit revoir sa politique de l’emploi
Publié le samedi 1 aout 2015  |  Le Quotidien
L`immeuble
© L`Observateur Paalga par DR
L`immeuble de la Fonction Publique




665 000 candidats pour 10 000 postes ! Les chiffres donnent le tournis. Un monde fou se bouscule donc à nouveau cette année au portillon de l’Administration publique. Et le phénomène ne fait que s’amplifier d’année en année avec de plus en plus de candidats pour le même nombre de postes.

Indubitablement, si rien n’est fait, on va droit vers une crise grave. Que deviendront tous ces jeunes qui avaient mis tous leurs espoirs en ces concours et qui seront laissés au bord du chemin ? Le plus grave, c’est qu’à certains concours, il est procédé à un tirage au sort disqualifiant. Ainsi, avant même d’entrer en compétition, certains candidats sont éliminés par le jeu du hasard. Les organisateurs voulant réduire le nombre de candidats n’ont pas trouvé autre chose que cette méthode radicale et injuste.

A la longue, il faut craindre que le système se grippe, avec des émeutes liées à ces concours. Que faut-il comprendre par cette ruée des jeunes diplômés vers la Fonction publique ? Il y a sans doute le mythe d’une Fonction publique assurant un emploi stable et sûr. Dans un monde où la flexibilité devient la règle dans le secteur de l’emploi, il ne faut pas s’étonner de voir les jeunes continuer à être attirés par le fonctionnariat.

Dès lors, la Fonction publique se présente comme la plus grosse pourvoyeuse d’emplois au Burkina, ce qui n’est pas normal. En effet, nulle part au monde, le développement ne s’est fait en misant sur les recrutements de l’Etat. C’est plutôt le secteur privé qui est le moteur de la création d’emplois, de richesses et donc de croissance. Le rôle du gouvernement est de créer les conditions juridiques et politiques pour l’épanouissement des entreprises, de sorte à leur permettre de recruter.

Si donc les métiers proposés par l’Etat continuent à être ainsi courus, cela signifie une chose : les entreprises privées ne créent pas suffisamment d’emplois pour absorber la masse de jeunes diplômés. Premier échec du gouvernement. Car quoi qu’on dise, les politiques de l’Etat sont déterminantes dans le dynamisme du secteur privé. L’environnement des affaires dont on parle tant n’est pas théorique. Il est concret et doit se ressentir au quotidien dans la vie des entreprises.

Mais le plus grand échec de l’Etat burkinabè réside dans son incapacité à inculquer l’esprit d’entrepreneuriat chez les jeunes. Tant au niveau du système éducatif que des structures d’accompagnement professionnel, de nombreuses lacunes empêchent les jeunes de penser à autre chose que de se faire embaucher et être salarié de l’Etat. La mayonnaise de l’initiative privée développée par des structures publiques et privées est loin d’avoir pris ou d’autres. Les solutions proposées ne répondent pas toujours aux attentes des jeunes.

Résultat, tous ont le regard vers les postes proposés par l’Etat. Dans un pays où le secteur de l’agriculture et de l’élevage est considéré comme le moteur du développement, on ne comprend pas cette incapacité de l’Etat et de ses partenaires à créer de nombreuses opportunités pour les jeunes. Beaucoup postulent comme agents publics faute d’autre chose.

Car contrairement aux idées reçues, l’Etat n’est pas forcément le meilleur employeur de la place, en termes de conditions de travail et de rémunération. Pour preuve, on ne compte pas le nombre de fonctionnaires qui prennent leur disponibilité ou démissionnent pour d’autres horizons. La course aux projets et sociétés d’Etat est aussi très serrée à cause des avantages qu’ils offrent.

Ceux qui préfèrent rester ont deux choix : soit ils sont honnêtes avec le risque de finir leur carrière dans la pauvreté ; soit ils optent pour la courte échelle en volant les deniers publics. En tout cas, s’il y avait mieux, les jeunes ne choisiraient pas la Fonction publique burkinabè. Il n’est pas rare d’y croiser des agents désœuvrés, sans bureaux ou en divagation. Toute chose qui ne leur permet pas d’être performants.

Malgré le dévouement de certains agents publics, on a malheureusement l’impression qu’ils sont payés à ne rien faire. Cette mauvaise impression se renforce au vu de l’enrichissement incroyable de certains agents de l’Etat. L’affluence massive aux concours de la Fonction publique est toutefois le signe que l’Etat exerce toujours une certaine attractivité. Mais elle est plus le reflet d’un échec que d’un succès des pouvoirs publics : celui de ne pas créer les conditions d’emplois par le privé et de ne pas avoir réussi à convaincre les jeunes sur l’auto emploi1

La Rédaction
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