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Le Pays N° 5331 du 5/4/2013

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Divergences inter-religieuses : un archevêque et un imam pour prêcher la tolérance
Publié le lundi 8 avril 2013   |  Le Pays




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L’Amicale des bénéficiaires des bourses d’études et programmes d’échanges culturels entre le Burkina et les Etats-Unis (ABPEC US-BF) a organisé une conférence sur la tolérance religieuse et la paix. C’était au profit des communautés religieuses issues des zones frontalières du Mali. « La tolérance religieuse et la paix », tel était le thème de cette rencontre religieuse. La radicalisation de l’islam en Afrique de l’Ouest et la tolérance religieuse chez les catholiques ont constitué l’ossature des communications livrées par d’éminents responsables religieux, comme Mgr Philippe Ouédraogo et l’imam Tiégo Tiemtoré, imam du CEFI et de l’AEEMB. C’est la salle de conférences de l’OCADES de Kaya qui a servi de cadre à ces échanges qui ont eu lieu le 5 avril dernier.

« Qui veut la paix prépare la paix ». C’est dans l’esprit de cette pensée de l’archevêque émérite de Bobo-Dioulasso, Mgr Anselme Sanou, et au regard du contexte national et sous-régional que l’Association des bénéficiaires des bourses d’études et programmes d’échanges culturels entre le Burkina Faso et les Etats- Unis (ABPEC US-BF) a initié une conférence en vue de la bonne mitoyenneté entre croyants de différentes confessions. En effet, on se rappelle, il y a quelques mois de cela, des jeunes musulmans ont désapprouvé la visite de courtoisie des leaders musulmans à l’archevêque métropolitain de Ouagadougou. Pour l’association organisatrice de la conférence, cette humeur est certes, minoritaire, mais n’empêche qu’il faut chercher les raisons qui l’ont sous-tendue et travailler à surmonter ces divergences qui handicapent la paix sociale au Burkina. « Naturellement, il ne faut pas sous-estimer ce qui se produit. C’est pour cela que nous tenons ce genre de conférence pour dire à l’Evêque et à l’Imam de continuer. « Aux jeunes qui ignorent autrui, ils doivent savoir que l’autre est simplement un partenaire mais jamais un adversaire, encore moins un ennemi », explique Ouezen Louis Oulon, président de ABPEC US-BF. Le contexte sous-régional a également suscité l’esprit d’anticipation des organisateurs qui pensent que le Burkina et le Mali, partageant les mêmes frontières, ayant presque les mêmes cultures et religions, doivent se prémunir d’éventuels différends religieux. Certes, le socle sur lequel reposent les relations entre les deux pays voisins est assez solide, mais l’ABPEC US-BF pense qu’il faut œuvrer à le renforcer. A cet effet, l’association a voulu s’entourer des leaders religieux de cette zone que constituent le Sahel, le Nord et le Centre-Nord du Burkina pour que les différents responsables qui sont issus, parlent religion, fassent connaissance de la religion des autres et comprennent mieux autrui. Les invités de ABPEC US-BF que sont Mgr Philippe Ouédraogo, archevêque métropolitain de Ouagadougou et l’imam Tiégo Tiemtoré du CERFI et de l’AEEMB ont donné des communications dont « La radicalisation de l’Islam en Afrique de l’Ouest » et « La tolérance religieuse chez les catholiques ». Ces communications ont émerveillé le public qui a participé activement aux débats, notamment sur comment éviter le spectre et l’hégémonie de l’intolérance dans nos milieux religieux.

Mgr Philippe Ouédraogo, pour qui cette conférence revêt une grande portée pour la sous–région et le Burkina, joint ce thème à celui du forum sur la laïcité. Il a invité les communautés religieuses à partager leurs efforts dans le sens de la tolérance religieuse, en vue de la promotion de la paix sociale. Dans sa communication, le père de l’église famille de Ouagadougou, parlant de la paix et de la tolérance, dira que l’Eglise, par essence, est la paix, la fraternité, la consolidation, la justice et l’amour. Puis, il se réfère à la Bible où les anges du ciel ont clamé, haut et fort, le message de la paix à la naissance de Jésus Christ comme à sa mort : « Paix aux hommes sur la terre que Dieu aime ». « Je vous donne ma paix, je vous laisse ma paix ». Foi de l’Archevêque de Ouagadougou, tout croyant, qu’il soit catholique, protestant ou musulman, a fondamentalement le même message : l’amour de Dieu qui va de pair avec l’amour des frères. « Qui aime son frère doit être tolérant et œuvrer pour le bien commun », conseille Mgr Ouédraogo.

L’imam Tiégo Tiemtoré ne disait pas autre chose sur les recommandations du Coran quant à la bonne cohabitation entre communautés religieuses. Pour l’homme de Dieu, l’Islam a un profond respect pour les autres confessions religieuses et Jésus en tant que prophète. Il s’est référé au Coran dont beaucoup de passages parlent de tous ces prophètes et racontent leurs mérites. « Un musulman, dans le credo de sa foi, croit à tous les prophètes, ce qui, d’ailleurs, constitue l’un des axes de la foi chez nous », professe l’imam. Il poursuit en disant que dans le vécu avec les autres, il y a la tolérance qui suppose que l’on apprenne à respecter l’autre, à avoir les passerelles de collaboration sur la terre. « Nous nous adressons à un seul Dieu, même si nos pratiques diffèrent d’une religion à une autre », enseigne l’imam Tiemtoré. Pour lui, si les religieux ne s’entendent pas, il y a un manque à gagner pour le développement du pays parce qu’il y a beaucoup de défis à relever. « Nous avons intérêt à nous entendre, à fédérer nos énergies et à viser dans la même direction pour renforcer la cohésion entre les confessions religieuses, de sorte qu’elles puissent donner le meilleur d’elles-mêmes au bénéfice de la cité du Burkina Faso », insuffle le guide spirituel.

L’ignorance des textes bibliques et coraniques sont la source de l’intolérance religieuse et des violences intercommunautaires, selon les conférenciers qui rappellent qu’il y a une tradition de tolérance en islam et au christianisme. Ils ont cité en exemple le dialogue islamo-chrétien sur lequel l’imam n’a pas tari d’exemples pour montrer qu’il ya, et doit y avoir une parfaite composition entre chrétiens et musulmans. « Les premiers musulmans qui ont été persécutés à la Mecque ont été envoyés chez un roi chrétien qui leur a accordé la vie pendant plusieurs années. Ensuite, à Médine, le Prophète de l’Islam est allé rendre visite au leader chrétien dans le but de s’entendre sur les voies et moyens pour mieux vivre ensemble. Mieux, ils ont rédigé ensemble ce qu’on appelle « les Contions écrites de Médine » ; un exemple parmi tant d’autres de bonnes cohabitations malgré les divergences dogmatiques ».

Les gouverneurs des trois régions concernées, à savoir le Sahel, le Nord et le Centre-Nord, ont marqué, par leur présence à cette conférence, l’intérêt qu’ils accordent à une telle tribune. L’association qui est à sa première initiative du genre, entend, dans les limites de ses moyens, renforcer cet esprit de tolérance et de paix au sein des communautés religieuses.

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