Après le Discours sur la situation de la Nation (DSN), le Premier ministre s’est soumis aux questions des élus nationaux. Luc Adolphe Tiao qui rêve de grandes choses et veut les réaliser pour son pays, n’a pas convaincu l’ensemble des députés avec son DSN. N’empêche, cet exercice n’avait qu’une valeur explicative, et n’aura pas d’impact sur le programme de l’Exécutif.
Jeudi 4 avril 2013, 14h à l’Hémicycle. C’est la reprise de l’audience consacrée au Discours sur la situation de la Nation (DSN) du Premier ministre. Contrairement au Discours de politique générale, les députés ne pouvaient pas s’adresser individuellement à Luc Adolphe Tiao. Cette fois-ci, ils devaient centrer leurs interventions au sein de leurs groupes parlementaires. Et le premier groupe à se prêter à ce jeu est l’Alternance justice et démocratie (ADJ). Les membres de ce groupe parlementaire ont aussi fait à eux leur «discours sur la situation de la nation», qui, sur divers points, se distingue de celui qui leur a été servi. Ils ont fini par interpeller Luc Adolphe Tiao sur la nécessité pour le gouvernement d’apporter des réponses justes, rapides et efficaces aux problèmes des Burkinabè. «Moi je suis de ceux qui ne rêvent plus. Tout ce que nous faisons sont des cauchemars et on se demande quel serait le prochain», a d’ailleurs prévenu le député Hama Arba Diallo.
Pour la Convention des forces républicaines (CFR), des efforts ont été faits pour le développement du Burkina Faso, et il faut continuer dans ce sens. Les députés de ce groupe parlementaire ont demandé plus d’explications sur certains pans de la vie de la Nation. Il s’agit entre autres, de la sécurité dans la région du Centre-nord, du désenclavement de la région du Sahel, du barrage de Samandéni, des retombées des mines d’or, de la situation à l’université de Ouagadougou, …
L’Union pour le progrès et le changement (UPC) a interpellé le PM sur le déménagement de l’hopital Yalgado, la refondation et la réorganisation des Forces armées nationales, la création d’emplois, l’indépendance de la justice.
L’Alliance pour la démocratie et la fédération/ Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA) est revenue sur des volets d’ordre général, notamment le Programme spécial de création d’emplois, l’université de Ouagadougou, le système sanitaire…
Dernier groupe parlementaire à prendre la parole, le CDP, par la voix de son président, Alain Yoda, n’a pas manqué d’apporter son soutien au Premier ministre, d’ailleurs issu de ses rangs : «C’est un discours vrai, sans complaisance qui décrit avec réalisme les réalités de notre pays. Ça peut ne pas plaire à certaines personnes, mais c’est leur problème». Acclamations dans l’hémicycle. «Il y a des gens qui ont cessé de rêver. Ils ont espéré, attendu et ils n’ont rien eu. C’est donc normal qu’ils arrêtent de rêver», a-t-il poursuivi. Acclamations toujours. Alain Yoda passa ensuite la parole à certains de ses camarades du parti. Entre félicitations et encouragements, ces derniers ont invité le chef du gouvernement à explorer des pistes pour l’indépendance de la justice, la lutte contre le grand banditisme, entre autres.
Les députés ont pris 1h 45 mn pour soulever leur préoccupations. En gros, il y a eu une cinquantaine d’intervenants et beaucoup plus de questions. La séance a été ensuite suspendue afin de permettre au Premier ministre de se préparer pour répondre aux questions qui lui ont été posées.
19h 40 mn, c’est parti pour la dernière partie de la séance et une seule personne avait droit à la parole : Luc Adolphe Tiao. Après l’introduction du président de l’Assemblé nationale, place à des éclaircissements premier ministériel de plus de deux heures. Petite précision avant de venir aux préoccupations des élus nationaux : «Nous ne prétendons pas avoir réalisé un parcours parfait. Oui, il y a eu des insuffisances, mais cela n’enlève en rien notre volonté de vaincre les obstacles et d’assurer le bien-être de nos compatriotes». Premier point de la deuxième intervention du jour du PM à l’Hémicycle : la médiation du président du Faso dans la crise malienne.
Les efforts de Blaise Compaoré ont permis de contenir le déferlement des groupes armés sur tout le territoire malien à un moment donné et c’est la non-compréhension de cette abnégation à rechercher la paix qui a fait dire à certains Maliens qu’il a pris position pour un camp. Luc a annoncé le renforcement des capacités opérationnelles des travailleurs de la justice et l’effectivité d’un Fonds d’assistance judiciaire qui permettra à des citoyens démunis d’avoir droit à une justice équitable. Et pour la sécurité des citoyens, le gouvernement a acquis au profit de la police nationale et de la gendarmerie, 104 véhicules, 95 motos, 600 gilets et 600 casques pare-balles, du matériel de communication de haute technologie. Des infrastructures ont été également réalisées. Le PM a demandé aux élus de faire le plaidoyer auprès de leurs mandataires pour une collaboration avec les forces de défenses et de sécurité afin de restaurer la quiétude dans le pays.
«Nous ne sommes pas à la hauteur de nos promesses», a confessé Luc, des mois après l’engagement des membres du gouvernement à l’Approche totale portée par les leaders (APTL). Cet engagement consistait pour chaque ministre, à réaliser des latrines au profit des ménages de leurs villages. A écouter le chef de gouvernement, ils n’ont pas été aidés dans cette aventure par certains facteurs : l’absence de main-d’œuvre pour creuser les fosses, la saison des pluies et la campagne électorale. Néanmoins, des dispositions seront prises pour que les latrines sortent enfin de terre.
Dans le domaine de la santé, l’équipe gouvernementale a décidé de surseoir au déménagement de l’hôpital Yalgado à cause des difficultés d’ordre pratique. Elle est en voie d’acquérir du matériel médical pour l’ensemble des centres hospitaliers. Tout en clamant le respect des procédures dans le licenciement de l’agent de santé en poste au CMA de Séguénéga, Luc a marqué sa disponibilité à dialoguer avec le SYNTSHA pour dénouer la crise qui secoue le secteur, notamment la grève de 96 heures la semaine dernière. Pour maintenir la dynamique enclenchée par l’accession au rang de vice-champion par les Etalons du Burkina lors de la CAN 2013, le gouvernement va doter les différents clubs en matériel, organiser des championnats dans les petites catégories et faciliter le renforcement de capacités des différents acteurs. Les autres disciplines ne seront pas pour autant oubliées car une réorientation du budget du ministère des Sports et des Loisirs tiendra compte des besoins de chaque fédération. Le volet sport a clos cette session de l’Assemblée nationale consacrée au Discours sur la situation de la Nation, quelques minutes avant 22h.