Faut-il appliquer la peine de mort au Burkina? La question devient lancinante face à la recrudescence des crimes de sang de plus en plus odieux au pays dit des Hommes intègres. A tel point que les dernières assises criminelles ont prononcé une peine capitale contre un militaire qui a froidement assassiné par balles sa copine. Ce crime a fait frémir bien des Burkinabè par sa cruauté. Les juges ont donc appliqué la loi dans toute sa rigueur. Seulement, cette peine est symbolique. Car même si elle est reconnue par le Code pénal, elle n’a pas été appliquée depuis de nombreuses années. Au moment où un lobbying effréné est mené par certaines organisations pour l’abolition de la peine de mort au Burkina, il y a des faits qui militent pour le maintien de cette loi. L’affaire du crime odieux perpétré contre une femme, que la gendarmerie vient de révéler, interpelle la conscience des Burkinabè. On se croirait dans un film d’horreur. Mais il s’agit bel et bien d’un drame commis à Ouagadougou. Quelle peine pour des gens qui ont eu le courage de tuer et de brûler leur victime ? La justice nous le dira. Mais s’il n’en tient qu’à certains, seule la peine de mort peut sécher les larmes des proches des victimes. Fait évocateur, lors de la présentation des présumés assassins, certains voulaient leur régler leur compte. En outre, le lynchage public de certains délinquants ayant commis des crimes moins graves montre la tendance générale au sein des populations : la loi du talion doit être appliquée contre ceux qui violent de façon extrême les codes sociaux. On peut y voir certes une défiance vis-à-vis de la justice et du système carcéral, accusés à tort ou à raison, pour la première d’être partiale et pour le second d’être une passoire. Et comme ces deux institutions ne font pas bien leur travail, les populations se croient en devoir de se rendre justice elles -mêmes. Mais devaient-elles aller jusqu’à exécuter « leurs » délinquants s’il n’y avait pas un attachement à la peine de mort ?
En tout cas, le législateur doit trancher intelligemment, c’est-à-dire en tenant compte du niveau grandissant de la criminalité au Burkina et de l’état d’esprit des citoyens. La nécessité de prendre des mesures fortes pour dissuader les criminels, y compris ceux ayant commis des crimes économiques majeurs, les gros trafiquants de drogue, s’impose. A l’instar d’autres pays dans le monde, l’épée Damoclès de la peine capitale doit planer sur la tête de tous les grands criminels. Déjà que la peine de mort existe sur le papier sans que la criminalité baisse, on se demande ce qu’il en sera en cas d’abolition totale. Le rôle d’une loi, c’est aussi de prévenir et de dissuader. La peine de mort doit de ce fait rester dans le Code pénal. Non seulement il faut la maintenir mais surtout l’appliquer. Les Burkinabè sont révoltés des situations où le bourreau entre en prison et ressort quelque temps après pour narguer les parents des victimes. Si l’on ne veut pas continuer à voir la justice privée s’exprimer ou l’opinion publique pencher pour la peine de mort, il faudra appliquer à la lettre les peines infligées aux coupables. Une peine de de prison à perpétuité, sauf dérogation spéciale, doit être exécutée et rigoureusement suivie. Mais force est de constater qu’on est loin du compte. C’est pourquoi la peine de mort reste, dans les cas extrêmes, la seule alternative pour véritablement rendre justice aux victimes et apaiser les cœurs de leurs proches. Dans la nouvelle configuration de la grande criminalité, il y a aussi le terrorisme qui fait des ravages parmi les populations civiles. La question se posera tôt ou tard de savoir quelle peine infliger à des individus de cet acabit. Les forces armées régulières ne se posent pas, quant à elles, cette question, puisqu’elles ne font pas de quartier face aux djihadistes. Même les armées des démocraties avancées comme la France, appliquent une forme de peine de mort contre les terroristes, parfois en représailles des crimes contre leurs ressortissants. Il faut cesser avec l’hypocrisie ambiante, pour reconnaitre donc que certaines situations nécessitent des mesures radicales1
La Rédaction