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Le DG de l’ENAM à l’occasion de la cérémonie de fin d’année et de sortie de promotion : « Les nombreuses réformes entreprises ces dernières années à l’ENAM souffrent sans nul doute de leurs incohérences »
Publié le mercredi 29 juillet 2015  |  Le Quotidien
Ecoles
© aOuaga.com par A.O
Ecoles et centres de formation de l`Etat : une rentrée unique pour tout le monde
Lundi 5 novembre 2013. Ouagadougou. Ecole nationale d`administration et de magistrature (ENAM). Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao a présidé la cérémonie de rentrée harmonisée des écoles et centres de formation professionnelle de l`Etat




1 617 élèves issus de 18 filières ont été officiellement mis à la disposition de l’administration publique, le mardi 28 juillet 2015, à l’occasion de la cérémonie de fin d’année et de sortie de la promotion 2013-2015. Baptisée « Moctar Tall », du nom de l’ancien directeur général de l’ENAM, cette promotion entend promouvoir le renouveau de l’administration publique burkinabè.


Un patron de cérémonie, en la personne de Yacouba Isaac Zida, Premier ministre, chef du gouvernement, et un parrain, Damo Justin Baro, ancien gouverneur de la BCEAO. Tout était réuni, hier mardi 28 juillet 2015, pour une cérémonie de sortie de promotion des plus mémorables, à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM). Cette cérémonie, placée sous le thème : « L’énarque, acteur de la promotion d’un renouveau de l’administration publique burkinabè », a consacré la sortie de 1 617 élèves de 18 filières différentes, tous issus de la promotion 2013-2015. Il s’agit, en effet, de 398 élèves du cycle C dont 300 provenant des Instituts régionaux d’administration (IRA), 738 élèves du cycle B dont 268 des IRA et 481 élèves du cycle A, tous formés au niveau central.
Les prestations des artistes Greg et Bibata Nana, bien qu’ayant quelque peu transporté les élèves, n’ont pas empêché le délégué général, Serges Soubéiga, de mettre à nu les difficultés rencontrées au cours de l’année écoulée. Pointant du doigt la situation générale du Burkina, ce dernier a souligné que cela a eu des impacts sur le « fonctionnement normal et habituel » de l’administration publique burkinabè. Après avoir justifié le choix du thème, Serges Soubéiga a traduit la volonté de la promotion baptisée « Moctar Tall », du nom de l’ancien directeur général de l’ENAM (2001-2011), à « œuvrer pour une administration plus dynamique ». Toute chose qui implique de servir avec loyauté, probité et patriotisme les intérêts de l’administration publique. Comme il est de tradition, le délégué général a énuméré quelques doléances, à savoir la dotation de l’école en nombre suffisant de tables et de chaises, le paiement à bonne date des présalaires et des frais de mémoires, l’accroissement des infrastructures d’accueil, ainsi que l’amélioration du débit du WIFI.

Plusieurs années de réformes incohérentes

Pour sa part, le directeur général de l’ENAM, Pr Mahamadou Séni Ouédraogo, n’a pas fait dans la langue de bois. Faisant l’autocritique de l’école, celui-ci a lancé : « Les nombreuses réformes entreprises, ces dernières années, à l’ENAM souffrent sans nul doute de leurs incohérences ». En outre, le DG de l’ENAM a souligné que le rapport de l’inspection réalisée sur la gestion des vacations et le rapport du diagnostic institutionnel et organisationnel de l’ENAM réalisé par l’Ecole national d’administration publique (ENAP) du Québec sont à la fois interpellatif et suggestif. Citant un morceau desdits rapports, Pr Mahamadou Séni Ouédraogo a laissé entendre qu’il est urgent que l’ENAM ait une vision de son développement futur, que l’école décide de redevenir une excellente institution de formation, considérée comme telle, tant au Burkina Faso que dans les pays de sa sous-région, et qu’en conséquence, elle contrôle sa croissance en fonction des ressources humaines et matérielles disponibles pour réaliser ce projet. « La réflexion sur les objectifs de la création des instituts régionaux reste à être achever tant ils ont créé plus de problèmes qu’apporter des solutions à la qualité de la formation de l’agent public burkinabè », a-t-il, dénoncé. A l’en croire, la précarisation des conditions de scolarité des élèves et la disparité des enseignements dispensés aux élèves sont les moindres maux d’un long chapelet. A cela, le DG de l’ENAM a adjoint la question de la vétusté des bâtiments administratifs dont certains risquent de s’immerger dans les flots des pluies. Mais, a-t-il confié, grâce à la coopération allemande, l’IRA de l’Est est en train de faire peau neuve, avec la construction d’un siège de 10 salles de classe d’une capacité de 50 places chacune et de 2 amphithéâtres de 100 places chacun, ainsi que d’un bâtiment administratif.


Au regard de l’importance de l’ENAM dans la formation des agents de l’Etat, le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, patron de la cérémonie, a estimé qu’elle doit être un des instruments privilégiés pour inculquer à la fois la culture de l’excellence, du respect du bien public et du renouveau de l’administration publique. « Dans ce domaine, comme dans d’autres, l’immobilisme est à bannir et nous devons inscrire nos actions dans les perspectives d’une nouvelle ingénierie de l’Etat burkinabè. Suite à l’insurrection populaire d’octobre 2014, le changement organisationnel de notre administration publique doit prendre une autre ampleur », a préconisé Yacouba Isaac Zida. S’adressant aux élèves, le Premier ministre a demandé de respecter et de faire respecter l’autorité de l’Etat tout au long de leur parcours professionnel, et surtout d’incarner les vertus d’une administration républicaine débarrassée d’un certain nombre de tares. Il s’agit, selon lui, de la corruption, la concussion, l’affairisme, le népotisme, le trafic d’influence.


Pour sa part, le parrain de la promotion, Damo Justin Baro, a prodigué des conseils à ses filleuls : « Vous devez intégrer que le travail de la Fonction publique est un vrai sacerdoce ». Par ailleurs, l’ancien gouverneur par intérim de la BCEAO leur a conseillé de faire preuve d’humilité et d’intégrité pour être les bâtisseurs de cette administration publique performante, compétitive, vertueuse, telle que rêvée par Augustin Loada, ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale.


Pour rappel, la 10e distinction de la personnalité énarque de l’année a été décernée au ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, René Bagoro. En effet, ce prix, qui distingue un ancien énarque qui s’est illustré positivement dans sa carrière professionnelle et contribué à la promotion de l’ENAM, vise à rapprocher les anciens énarques et leur école. Les majors des différentes filières et cycles (A, B et C) ont reçu leurs diplômes des mains des autorités présentes.


Par Philippe Bouélé BATIONO
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