Les mises en accusations de l’ex-président du Faso Blaise Compaoré et des anciens membres de son dernier gouvernement sont faites à la tête du client, foi des jeunes du CDP. «Certains sont dans le collimateur de la justice après seulement 3 ans de gestion des affaires publiques alors que d’autres qui ont certainement plus à dire, après plus de 15 ans de gestion, se la coule douce. Le Burkina Faso est un pays de savane ; on se connait tous. Il y a des gens qui sont passés d’une simple P50 à une V8. La justice doit impérativement élargir le champ des mises en accusation parce que le CDP ne saurait être le souffre- douleur de la Transition» selon Boubacar Sanou, vice- président des jeunes du CDP. C’était au cours d’une conférence de presse tenue hier, lundi 27 juillet 2015, au siège du parti.
Selon le principal animateur de la conférence de presse, Boubacar Sanou, huitième vice-président des jeunes du CDP, les journées des 30 et 31 octobre 2014 ont marqué à jamais l’histoire de notre pays. La jeunesse du CDP s’incline devant la mémoire de toutes les victimes et rend un vibrant hommage au président Compaoré pour son attitude patriotique. Sa démission a, en effet, foi des conférenciers du jour, permis au Burkina Faso d’éviter le chaos.
Neuf mois après ces évènements, le peuple burkinabè panse toujours ses plaies. La jeunesse, fer de lance du parti, depuis la tenue de son dernier congrès ordinaire est fortement représentée dans le parti. Forte de cette confiance placée en elle, elle entreprendra avec la nouvelle direction conduite par Eddy Komboigo des initiatives allant dans le sens de la consolidation de la paix et pour la tenue effective des élections à bonne date. Voilà pour ce qui est du quart d’heure de politesse.
Pour Boubacar Sanou, depuis le mois d’avril, les autorités de la Transition ont entrepris ce que d’aucuns ont qualifié d’ « opération mains propres » visant toutes les personnalités ayant eu à gérer des affaires publiques. La jeunesse du CDP salue cette initiative et encourage les autorités, mais appelle de tous ses vœux à l’élargissement de cette opération unanimement reconnue comme une opération de salubrité publique par laquelle sont concernés tous ceux qui ont eu, à un moment ou à un autre, à gérer les affaires publiques. Les jeunes du CDP demandent aussi que ces accusations soient sous-tendues par des preuves. « Le CDP ne saurait être le souffre-douleur de la Transition et subir plus longtemps le matraquage de certaines OSC », soulignent-ils.
En outre, les animateurs de la rencontre estiment que, dans un souci d’apaisement du climat social, la justice ou les autorités de la Transition seraient bien inspirées en accordant la liberté provisoire à tous ceux qui sont aux arrêts. Quant à l’arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO sur le nouveau code électoral, la jeunesse salue cette décision car cette loi qui devait en principe fédérer les énergies ne faisait qu’exacerber les tensions et compromettre la réussite et l’équité des élections. « Le président du Faso Michel Kafando, lors de son adresse à la nation, a annoncé que la décision sera appliquée. Nous le prendrons au mot », a déclaré le leader des jeunes du CDP.
Sur la mise en accusation de l’ancien président Blaise Compaoré, des membres de son dernier gouvernement et d’autres personnalités, Boubacar Sanou est on ne plus clair : « Nous comprenons la volonté des autorités de la Transition de solder le passif de l’ancien régime, mais la célérité avec laquelle ces dossiers ont été traités par le CNT dans la foulée de la décision de la Cour de justice de la CEDEAO, nous inquiète et soulève moult interrogations ».
Quant aux accusations pour malversations financières, elles s’inscrivent, selon le parti, dans la lutte contre l’impunité mais elles doivent être inclusives et non sélectives.
«Certains sont dans le collimateur de la justice après seulement 3 ans de gestion des affaires publiques alors que d’autres par contre, qui ont certainement beaucoup à dire après plus de 15 ans de gestion, se la coulent douce. Le Burkina Faso est pays de savane ; on se connaît tous. Il y a des gens qui sont passés d’une simple P50 à une V8. La justice doit nécessairement élargir le champ des mises en accusation parce que le CDP ne saurait être le souffre-douleur de la Transition», a indiqué Boubacar Sanou.
Et d’ajouter que la justice doit ratisser plus large pour être plus équitable et plus juste. Pour ce faire, il lui suffit tout simplement de jeter un coup d’œil sur les différents rapports de l’ASCE relatifs aux crimes économiques de ces dernières années. La justice verrait alors que nombreux clients et pas des moindres attendent.
Quant à l’accusation selon laquelle le CDP serait de mèche avec l’Armée ou le RSP pour déstabiliser la Transition, le parti met au défi quiconque d’en apporter la moindre preuve. « Ce sont des accusations sans fondements, gratuites, dont le but est d’entretenir un sentiment de haine entre fils d’un même pays, saper le moral et créer un climat délétère au sein des forces de défense et de sécurité». En guise de réponse, Boubacar Sanou et ses camarades estiment qu’au moment où la menace djihadiste plane sur le Burkina, les auteurs de ces accusations ne peuvent être que la cinquième colonne de ces terroristes. Par conséquent, ils invitent le peuple burkinabè à rester solidaire avec son armée et à lui renouveler sa confiance surtout à ce moment précis où tous les signes portent à croire que nous ne sommes pas à l’abri d’attaques djihadistes.
Jean Stéphane Ouédraogo