L’atelier sous-régional de partage de la stratégie de mise en conformité des lieux de travail aux normes du travail dans les pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, co-organisé par le Bureau international du travail et l’UEMOA a refermé ses portes le 24 juillet 2015, à Ouagadougou.
Quatre jours de travaux ont suffi aux experts et professionnels du monde du travail venus de l’espace UEMOA, du Tchad et de la Guinée, pour formuler des propositions pour une administration du travail plus sécurisée. L’on retient, entre autres, que pour des ministères et administrations centrales sécurisés, il est nécessaire que les pays participants s’engagent nationalement à une augmentation substantielle des dotations de fonctionnement des ministères du travail au regard de l’apport de leurs agents aux régulations économiques. L’atelier a préconisé de veiller à valoriser et à rendre attractives les conditions d’emploi et de travail au sein des ministères en charge du travail afin de limiter le départ des fonctionnaires qualifiés, expérimentés et dynamiques, de confier exclusivement le contrôle de l’application de la législation du travail et de la sécurité sociale aux inspecteurs et contrôleurs du travail notamment en matière de santé et sécurité au travail et d’œuvrer nationalement à la construction d’un ministère du travail dit ‘’fort’’, associant, travail, emploi, formation professionnelle voire protection sociale. En sus de ces suggestions, d’autres ont étés faites dans le but de renforcer les compétences disponibles dans les services centraux des ministères en charge du travail. Il s’agit de mettre en place une initiative commune BIT/UEMOA faisant appel aux gouvernants des pays de l’UEMOA, de la Guinée et du Tchad à accroître de manière significative les moyens des services et administrations du travail, de revisiter au plan national mais aussi sous-régional, la question des corps techniques et des compétences autres que juridiques afin de bonifier l’action développée au sein des services centraux, etc. Par ailleurs, la feuille de route propose de renforcer la déconcentration des inspections du travail sur le terrain, notamment dans les territoires à forte concentration d’activités économiques et de mettre en place un plan de renforcement du parc automobile des inspections du travail afin d’assurer la mobilité du personnel dans le cadre de ses missions de contrôle. En plus d’accroître les budgets des inspections du travail afin de prendre en charge notamment l’entretien du parc automobile et les frais de carburant, la feuille de route recommande l’institution d’une conférence annuelle des inspections du travail. Outre ces dispositions, les participants ont souhaité qu’un appui soit accordé aux initiatives et méthodologies novatrices d’intervention dans ‘’le secteur informel’’, à travers des partenariats avec les organisations d’employeurs et de travailleurs.
Des statuts particuliers aux administrations du travail
Aussi, ont-ils surtout conseillé, l’élaboration de statuts particuliers qui régissent les corps des cadres des administrations du travail. C’était au cours de l’atelier sous-régional de partage de la stratégie de mise en conformité des lieux de travail aux normes du travail dans les pays membres de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (UEMOA). Une activité co-organisée par le Bureau international du travail (BIT) et l’UEMOA du 21 au 24 juillet 2015, à Ouagadougou.
« L’administration du travail est vitale pour l’effort visant à créer des emplois pour les jeunes, élargir la couverture des systèmes de protection sociale du pays en s’assurant que l’ensemble de nos efforts ne portent pas atteinte aux droits des travailleurs. A ce titre et de plus en plus, l’on doit accorder un profil élevé à l’administration du travail étant donné qu’elle est devenue un facteur déterminant dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques économiques et sociales du gouvernement », a argumenté le directeur général adjoint du Bureau international et directeur régional de l’Organisation international du travail (OIT) pour l’Afrique, Aeneas Chuma. C’était à l’ouverture de la session ministérielle qui a eu lieu dans le cadre du même atelier. Il a également fait comprendre que les mécanismes d’accès limités à la protection sociale demeurent l’un des principaux défis de la stratégie pour atteindre une croissance durable, des emplois productifs et du travail décent en Afrique. D’où l’appel qu’il a lancé pour plus d’investissement dans la protection sociale. Le ministre burkinabè de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale, Pr Augustin Loada, a laissé entendre que le Burkina Faso a adopté pour l’administration et l’inspection du travail, une Stratégie de renforcement des capacités (SRC). Cette stratégie devra non seulement accroître les compétences des agents de l’administration du travail mais aussi accroître la disponibilité et la qualité des équipements et des infrastructures immobilières et technologiques. Cependant, il a avoué que son département ne dispose pas suffisamment d’infrastructures appropriées de travail pour répondre à l’objectif de promotion du travail décent. Il en veut pour preuve la vétusté de tous les bâtiments des Directions régionales du travail et de la sécurité sociale (DRTSS). Pr Loada a ajouté que les services de l’administration du travail rencontrent d’énormes difficultés tant du point de vue des ressources humaines, matérielles que logistiques. « Face aux nombreuses mutations socio-économiques de l’heure, nos Etats ont besoin d’un référentiel commun pour affronter les défis aussi bien de l’intégration que du développement», a soutenu le ministre Loada. Tout comme lui, le directeur du département gouvernance et tripartisme du BIT, Moussa Oumarou et le commissaire en charge du département du développement humain à la commission de l’UEMOA, Seydou Sissouma ont reconnu la pertinence des échanges et les résolutions auxquelles ils sont parvenus.
Gaspard BAYALA