Le Premier ministre Luc Adolphe Tiao, trois mois après sa déclaration de politique générale devant le nouveau parlement, y est retourné ce 4 avril 2013 pour faire le point sur la situation de la Nation courant 2012. Deux heures et demie durant, le Premier ministre s’est attelé à expliquer les acquis et les performances réalisées par le pays au cours de 2012 et a appelé l’ensemble des Burkinabè à encore plus d’efforts et à rêver pour bâtir un avenir radieux puisqu’au-delà des écueils, le Burkina Faso avance.
Le discours du Premier ministre Luc Adolphe Tiao a duré deux heures. A l’issue de ces deux heures d’exposé sur la situation de la Nation en 2012, il a laissé entendre ceci : « J’ai été long et je tiens à m’en excuser puisque lors de mon dernier exposé, vous aviez trouvé que j’ai été vague ». Alors, il convient de retenir que le Premier ministre a commencé son exposé par des exploits de l’année 2013 en rendant hommage aux Etalons pour leur parcours glorieux lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de 2013 en Afrique du Sud et aux acteurs du cinéma pour l’organisation réussie de la 23e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Il a par la suite axé son adresse aux parlementaires en 5 parties que sont : le renforcement de la gouvernance, le renforcement des piliers de la croissance, la consolidation de l’investissement humain, l’intégration des thématiques émergentes dans les stratégies de développement, le renforcement de la coopération internationale et de l’intégration régionale, et enfin le rayonnement de l’image du Burkina Faso. Un des premiers aspects a été sans conteste l’organisation « réussie » des élections couplées du 2 décembre 2012. Des innovations ont été introduites et cette réussite est à mettre à l’actif de cela mais aussi à celui des acteurs politiques. Ces consultations ont coûté 35 227 348 460 F CFA supportés par le budget national. Elles ont aussi été soutenues par des partenaires techniques et financiers regroupés autour du PNUD qui ont contribué avec la somme de 4 675 144 000 F CFA, la CEDEAO à hauteur de 200 millions de F CFA et la Francophonie 20 millions de FCFA. Le Premier ministre n’a pas manqué de souligner le fort taux de participation des électeurs. L’organisation réussie de la fête du 11 décembre 2012, l’éducation de base, l’organisation du pouvoir judiciaire, la promotion des droits civiques, la lutte contre la fraude et la corruption ont aussi été des chantiers du gouvernement de Luc Adolphe Tiao. En ce qui concerne la sécurité, le Premier ministre a confié qu’elle demeure une préoccupation pour l’ensemble des populations et pour le gouvernement. Sur la question, Luc Adolphe Tiao a informé que de nombreuses actions ont été menées telles les patrouilles aussi bien nocturnes que diurnes. Quant à la défense nationale, le PM a confié que sa modernisation se poursuit à travers l’instauration de l’enseignement des droits humains et de l’alphabétisation pour qu’aucun militaire ne reste analphabète. A cela se sont ajoutés la modernisation et le développement de la justice militaire. Un hommage a ensuite été rendu au président de l’Assemblée nationale, Soungalo Apollinaire Ouattara, pour ses efforts pour moderniser l’administration au temps où il était ministre de la Fonction publique.
« Le gouvernement ne reculera pas »
Sur le plan sanitaire, concernant la grève de 96 heures lancée par le Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA), le Premier ministre n’est pas allé du dos de la cuiller pour dire que « pour l’heure, le gouvernement ne reculera pas ». Il ajoutera « qu’en dépit des multiples efforts et sacrifices du gouvernement, (…) nous constatons avec regret des mouvements intempestifs et des comportements irréguliers de certains agents de santé ces derniers temps ». Le Premier ministre a, à ce niveau de son intervention, pris un air grave pour expliquer la situation. « Un tel comportement de l’agent constitue une défiance à l’autorité administrative à travers le refus de la réquisition. La traduction de l’intéressé devant les juridictions compétentes est justifiée et conforme aux dispositions de l’article 139 de la loi n°13/98/AN, au regard de la gravité des fautes professionnelles constatées. (…) La lutte syndicale est prévue (…) mais encore faut-il rappeler qu’elle doit s’exercer dans un esprit pacifique et de légalité ». La vie humaine doit être placée au dessus de tout, soutient-il. Par ailleurs, il dit en appeler à la sagesse du SYNTSHA et a réaffirmé la disposition du gouvernement à entrer en dialogue avec le syndicat. Par contre, pas un seul mot sur l’autre sujet de la grève qui concerne l’affectation de l’agent de Gaoua.
Contre la corruption, voici ce que Luc Adolphe Tiao a fait
Sur la situation dans les universités et principalement celles de Ouagadougou et Ouaga II, Luc Adolphe Tiao a expliqué à la représentation nationale qu’il est important qu’elles retrouve leur lustre d’antan. Il a ré-expliqué le blanchiment technique consacré à l’université de Ouagadougou ainsi que les dispositions mises en place. Mais il soutient, que la situation est soutenue par l’insuffisance des infrastructures, la mise en œuvre du système LMD, la gouvernance académique, administrative et financière et les interruptions du fait des grèves et autres mouvements de débrayage des étudiants et d’enseignants. « L’heure n’est pas à la polémique » ; il faut aller à l’action « au lieu d’être là à se tirer dans les pattes ». En ce qui concerne la lutte contre la corruption, « voilà ce qui a été fait », confie Luc Adolphe Tiao. Il y a eu 142 personnes qui ont payé les montants dus, les dossiers non apurés ont été transmis au ministre de l’Economie et des finances en vue des ordres de recettes à 33 personnes. 92 personnes contestent les fautes à elles reprochées et leurs dossiers ont été transmis et au ministre en charge des finances et à celui de la Justice. Tous les dossiers ont été néanmoins transmis à la Justice, précise le Premier ministre et, au total, 367 personnes sont concernées par les rapports de l’ASCE. Le réseau routier s’est rallongé, a confié le Premier ministre, faisant passer la longueur des pistes rurales de 9 369 km à 9 656 km en plus du bitumage des axes routiers et certains à l’intérieur de la ville de Ouagadougou. Luc Adolphe Tiao n’a pas manqué d’expliquer que des succès ont été engrangés par le Burkina Faso dans le domaine de la diplomatie et de beaux jours sont encore à venir. Le Burkina Faso, affirme le Premier ministre, soutient les actions de la CEDEAO dans la crise au Nord-Mali. Pour terminer, Luc Adolphe Tiao a dit ceci à tous les Burkinabè à propos de son bilan : « Je demanderais de baisser les yeux un instant dans le verre du programme présidentiel et de la SCADD, la quantité d’eau, si infime soit-elle, qui se tasse au fond du récipient. Cette eau qui occupe le fond du verre n’est pas le seul fait du gouvernement, elle est le reflet de l’activité au cours de l’année 2012. Elle est le reflet de ce que nous avons fait ou n’avons pas fait en tant qu’individus, en tant que citoyens ».