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Juliette Bonkoungou et l’article 37 : Les oripeaux du louvoiement
Publié le samedi 6 avril 2013   |  L’Hebdomadaire




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Pour un pavé dans la mare du débat sur la modification ou non de l’article 37, le grand entretien accordé à nos confrères de l’Observateur Paalga par Mme Juliette Bonkoungou, en est un. Un pavé qui fait grand bruit non pas seulement parce que le sujet est d’actualité, passionnel et passionnant mais aussi à cause des thèses ambigües de l’interviewée.

Elle s’est voulue à la fois philosophe, juriste constitutionnaliste, historienne, pour élever le niveau de débat sur la modification ou non de l’article 37. Hélas, il faut craindre qu’elle n’est convaincue ni contenter personne dans cet exercice difficile d’analyse intellectualiste, de partisans sans parti pris.

C’eût été plus simple pour le commun des Burkinabè d’appeller un chat un chat au lieu de se vouloir «  au dessus de la mêlée  ». Et pourtant, elle ne s’est pas montrée tendre avec les jeunes loups de son parti alors qu’elle a fait montre d’une familiarité surprenante au sujet du président de l’UPC, elle qui s’extasie devant le curriculum vitae de ce dernier et l’appelle gentiment par son prénom sinon par un diminutif affectif, «  Zeph.  »

Quid d’Hermann Yaméogo, de Gilbert Ouedraogo, de Saran Sérémé  ? c’est comme si pour Mme Bonkoungou, qui feint d’être naïve, tout le monde il est gentil et tout le monde, il est beau. Qui a dit que «   le bout de bois a beau séjourné dans l’eau, il ne deviendra jamais un caïman  »  ?

En tout cas, dix ans au poste d’ambassadeur, ont fait de Mme Bonkoungou, une diplomate accomplie dans son langage. Elle a affiné l’art d’ arrondir les angles, de parler à demi mot, même s’ il faut à la fois laisser transparaitre une affirmation et son contraire comme celle de dire à propos de son militantisme au CDP  : «  je ne déménage jamais des côtés de mes compagnons de luttes  » après avoir dit plus haut «  s’il n’est pas possible de faire valoir son point de vue, alors toutes les options restent ouvertes  ».

Voilà les dirigeants du parti majoritaire avertis  ! Toutes les opinions doivent être prises en compte dans la gestion du parti, même celles minoritaires ou aux extrêmes, sinon gare à «  toutes les options ouvertes  » y compris donc la défection de Mme Bonkoungou.

Mais revenons à nos moutons de la révision ou non de l’article 37. On aura compris que Mme Bonkoungou n’a pas un avis tranché sur la question. Elle s’en remet à la décision du président qui, à la remise du rapport du Conseil consultatif sur les reformes politiques (CCRP), à défaut de consensus sur la question, avait appelé à poursuivre la réflexion.

Dans la poursuite de cette réflexion, Mme Bonkoungou fait confiance à Blaise Compaoré invité «  dans l’extrême solitude de ses responsabilités, de définir sa place dans l’histoire (pour) se situer dans le sens de l’intérêt de notre peuple  ».

Oui mais tout le problème justement, c’est que les politiques burkinabè sont divisés sur où se trouvent les intérêts du peuple. Si pour certains, les partisans de la révision constitutionnelle, celui qui «  a risqué plusieurs fois sa vie pour la liberté et le progrès de notre peuple… bâti à partir de la rocaille de notre pays, un Burkina dont la voie compte aujourd’hui en Afrique et dans le monde  » est un homme au leadership exceptionnel qui mérite de continuer à diriger le Burkina après 2015, pour d’autres, il doit partir pour «  entrer dans l’histoire  ».

Pas question donc de modifier le fameux article 37 de la loi fondamentale pour qu’il puisse briguer un autre mandat. Qu’importe si ses forces physiques et intellectuelles lui en donnent les moyens  ! Ici réside l’impossible consensus. Comment concilier alors ces deux positions inconciliables  ?

Par le référendum  ? Mme Bonkoungou n’en souffle pas mot même si certaines de ses affirmations répondant à une autre question, donnent à penser qu’elle ne s’y opposerait pas puisse que selon elle, «  en démocratie, l’appréciation de ce qui est correct ou incorrect devrait être le privilège du seul corps électoral par un vote libre, égal et secret.  » Les partisans du référendum ne disent pas autre chose.

De cet entretien on est donc tenté de tirer la conclusion que si Mme Bonkoungou, fait la part belle à des louvoiements dans la poursuite de la réflexion sur la modification ou non de l’article 37, elle apporte, sans le dire ou le vouloir, de l’eau au moulin de ceux qui militent pour un référendum sur le sujet.

Une modification dans le sens de la non limitation des mandats, au contraire d’une argumentation «  excessive, afro pessimiste et élitiste  » de certains politologues, n’entraine pas ipso facto, selon elle, la présidence à vie ou la monarchisation du pouvoir d’Etat.

Sera –t- elle entendue par tous les va-t-en-guerre qui s’agitent sur la question et prophétisent l’apocalypse au Burkina si l’on saute le verrou de la limitation des mandats présidentiels  ? Il faut craindre que non. Et pour cause  !

Ce n’est pas demain la veille que nos mentalités seront débarrassées «  des oripeaux de nos nègreries faites d’a priori, de rumeurs, de jalousie…  » Et de louvoiements aussi  !

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