Avant même que celui qui l’a nommé ne donne un avis sur sa lettre de démission l’ex-ambassadeur du Burkina Faso à Paris, Joseph Paré, est revenu au pays. La preuve est que c’est la 2e personnalité de l’ambassade sise Boulevard Hausmann à Paris qui était aux devants des choses pour accueillir Blaise Compaoré actuellement en visite en France. L’affaire est donc consommée mais cela suscite aussi des réflexions et sur les choix de nos grands représentants diplomatiques et sur cette démission qui aurait pu être historique si ce qui lui est reproché était postérieur à sa nomination.
Malheureusement, le reproche est antérieur à sa désignation au poste d’ambassadeur. Il y a aussi que certains analystes y voient une volonté de Blaise Compaoré de mettre de l’ordre dans la représentation diplomatique burkinabè à Paris juste avant d’effectuer son voyage dans l’Hexagone car les notes négatives provenant de Ouaga étaient nombreuses et le Faso était très mal vu dans les cercles diplomatiques et même dans ceux du pouvoir "normal" de François Hollande. Voilà pourquoi Paré a été rappelé en catimini à Ouaga où il est depuis le début du mois de septembre et va certainement y rester pour longtemps.
Pour rappel, l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat (ACE) a demandé à l’ancien ambassadeur, dans son rapport d’activités 2011, le remboursement de « sommes d’argent dépensées de façon irrégulière » d’un montant de 262 millions 586 mille 309 F CFA. Des dépenses effectuées quand il était ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique (MESSRS). Ce qui s’apparente à un détournement de fonds publics a mis à jour d’une mission de contrôle et de vérification à la direction de l’administration et des finances (DAF) du MESSRS effectuée par une équipe de l’ASCE.
Sa démission, présentée comme une volonté de l’intéressé pour mieux se défendre, intervient aussi quelques jours après la visite du Premier ministre Luc Adolphe Tiao dans les locaux de l’ASCE. Une visite au cours de laquelle il a annoncé une série de mesures dont le limogeage de tous les responsables publics mis en cause dans le rapport 2011 de l’institution pour leur gestion.