Cela fait maintenant deux bonnes semaines que tu n’as pas eu mes nouvelles puisque du fait du ramadan, célébré vendredi passé, je n’ai pu t’expédier ma lettre hebdomadaire. Depuis tout ce temps, je peux dire que la saison pluvieuse, qui était source d’inquiétude, semble définitivement installée un peu partout sur le territoire. En attestent les relevés pluviométriques suivants de la période du jeudi 9 au mercredi 22 juillet 2015 du service Exploitation de la météorologie de l’ASECNA : Dori : 45,3mm ; Ouahigouya : 131,3mm ; Ouagadougou-aéro : 120,2mm ; Dédougou : 92mm ; Fada : 91mm ; Bobo : 101,4mm ; Boromo : 119,9mm ; Pô : 107,5 ; Gaoua : 82,9mm ; Bogandé : 64,3mm.
Comme tu le vois, cher cousin, le ciel a ouvert grandes ses vannes et, comme on dit là-bas au village, il ne nous reste plus qu’à prier pour que la pluie «nous accompagne jusqu’au bout» avec une bonne répartition spatio-temporelle. L’homme étant d’ailleurs ce qu’il est, c’est-à-dire un éternel insatisfait, ceux qui imploraient les cieux il n’y a pas si longtemps sont les mêmes qui se demandent à présent si, à ce rythme, leurs maisons tiendront.
Depuis deux semaines également, beaucoup d’eau a coulé sous le pont Kadiogo, politiquement s’entend. Le président Michel Kafando, après avoir reçu le rapport du collège de sages, a en effet pris un certain nombre de mesures, parmi lesquelles un réaménagement ministériel qui a vu le départ du colonel Auguste Denise Barry de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, sacrifié pour que vive la transition, comme s’il était le grain de sable qui enrayait la machine. En fait, cher Wambi, on l’aura compris, puisque c’était risqué de limoger le Premier ministre ainsi que l’exigeaient ses frères d’armes, Mba Michel a choisi de « nazifizer » un des fidèles lieutenants du PM. Espérons qu’avec ces décisions, Yacouba Isaac Zida et ses cotrublions du RSP vont dorénavant nous foutre la paix jusqu’aux élections du 11 octobre prochain.
Cher Wambi, la poussée de fièvre kaki était à peine maîtrisée qu’une autre secousse tellurique se produisait. Le Conseil national de transition, qui a réveillé pour la circonstance la Haute Cour de justice, a en effet mis en accusation l’ancien président Blaise Compaoré et d’autres dignitaires de l’ancien régime, dont des membres de son dernier gouvernement, tantôt pour haute trahison, tantôt pour détournements, etc.
Intervenant aussitôt après le verdict de la Cour de justice de la CEDEAO qui a donné raison au CDP et Cie contre l’Etat sur le dossier du code électoral, ces oukases sonnaient comme une ultime tentative de bloquer définitivement ceux qui, du fait de la sentence de la CEDEAO, auraient pu passer à travers les mailles du filet du code déployé pour la pêche aux gros requins de la IVe République. Ce serait donc une manière subtile, au-delà de l’impératif de justice, de contourner le verdict de la juridiction communautaire. Et à ce qu’on dit, les chefs d’orchestre de cette affaire auraient déjà en partie atteint leur objectif puisque selon de bonnes sources, j’ai appris, cher cousin, que l’ex-parti majoritaire aurait entrepris d’essorer la liste de ses prétendants aux législatives, eu égard à la nouvelle donne politico-judiciaire.
En fait, cher Wambi, en soi, il n’y a pas de mal que les anciennes étoiles de la galaxie Blaise soient jugées, cela d’autant plus que d’autres anciens chefs de l’Etat tels Maurice Yaméogo, Sangoulé Lamizana ou Saye Zerbo ont connu, eux aussi, les affres du prétoire. A plus forte raison quelqu’un qui est resté aux affaires, dans tous les sens du terme, pendant 27 longues années. Il faut seulement espérer que les poursuites soient engagées dans les règles de l’art pour ne pas connaître le sort qui est celui du code électoral dont le bâclage sautait aux yeux même des profanes.
Car on veut aller tellement vite dans la volonté d’exclusion que certains vont jusqu’à prétendre que les jugements des gourous pourraient commencer dès le 19 août. Mais là, cher Wambi, les délais sont tellement courts pour une machine qui démarre à peine que je n’y crois pas.
Et maintenant, cher Wambi , voici les éléments du carnet secret de Tipoko l’intrigante.
Depuis le mercredi 15 juillet 2015, l’ex-président burkinabè Blaise Compaoré, en exil à Abidjan après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, est en séjour médical au Maroc.
Victime d’une chute, l’hôte d’Alassane Ouattara a d’abord été conduit dans un état critique aux environs de 4 heures du matin à la polyclinique Sainte-Anne-Marie (PISAM). Après les premiers examens, le diagnostic tombe, alarmant : «Fracture du bassin de type C avec rupture de l’arc postérieur, fracture du rachis cervical…», selon notre confrère ivoirien l’Eléphant déchaîné ». Les fractures de type C sont les plus sévères des traumatismes du bassin, très hémorragiques et surviennent lors de chutes d’une hauteur élevée.
Face à la gravité de la situation et à la délicatesse de l’intervention chirurgicale qui s’impose, le personnel soignant, dont le plateau technique est pourtant réputé sophistiqué, se garde de toute initiative en matière d’opération. Il se résout alors à référer le patient vers un autre hôpital étranger de référence. Ce fut finalement vers le Maroc que Blaise Compaoré a été évacué pour recevoir des soins appropriés sous la maestria de spécialistes de renommée mondiale.
La politique sera de nouveau au rendez-vous ce week-end dans la capitale Ouagadougou.
En effet, demain samedi 25 juillet, la Convergence patriotique pour la renaissance/Mouvement progressiste (CPR/MP), formation politique qui porte la candidature de Jean-Baptiste Natama à la présidentielle d’octobre, a sonné le rassemblement de ses militants pour un congrès extraordinaire. La rencontre qui se tiendra à la maison de la Femme de Ouagadougou à partir de 10 heures, planchera, entre autres, sur la restructuration des instances du parti et les perspectives électorales.
Le même jour, aura lieu à l’Atelier théâtre burkinabè, à partir de 14 heures, un autre congrès, organisé par le Rassemblement politique nouveau (RPN) d’Harouna Dicko.
Le lendemain dimanche 26 juillet, rendez-vous est pris avec la ligue patriotique des femmes du Collectif Natama 2015 à partir de 13 heures. Les amazones de JBN, comme on les appelle, entendent, à travers ce meeting, ouvrir à leur champion une voie royale vers le palais de Kosyam.
Dans la journée, à la maison de la Culture Jean-Pierre Guingané, aura lieu à partir de 9 heures le congrès d’investiture du candidat du Nouveau temps pour la démocratie (NTD) de l’ancien ministre Vincent Dabilougou.
4 élèves de l’école primaire de Kantenga dans la Circonscription d’éducation de base (CEB) de Boussouma 2, province du Sanmatenga, ne répondront pas présente à la prochaine année scolaire. En effet, le mercredi 8 juillet dernier, les élèves de cette école, après avoir assisté à une cérémonie de distribution gratuite de chaussures organisée par une ONG à l’école voisine de Nasséré, ont été surpris sur le chemin du retour par les eaux de la rivière de Dahisma coulant vers le barrage de Louda. 6 filles, toutes de la classe du CM1, ont été emportées par les eaux de la rivière et 2 d’entre elles ont pu être sauvées. Pour rappel, dans la même province, un élève de l’école de Rasla dans la CEB de Kaya 3 était décédé par noyade dans la rivière de Napalgué le 24 juin dernier. Ces noyades viennent une fois de plus interpeller les autorités en charge de l’éducation au niveau national sur la nécessité de revoir le calendrier scolaire actuel qui fixe l’arrêt des cours au primaire au 10 juillet.
lIs ont besoin de comprendre et ils ont raison. Eux, ce sont les clients de la Sonabel de Kaya, plus précisément ceux de la commune de Mané.
Les faits : en janvier 2015, la société lançait une promotion de
raccordement. Celle-ci connut un engouement certain avec plusieurs abonnés qui payèrent cash pour bénéficier du jus. Mais ils allaient connaître une vive déception, car les premiers compteurs n’arrivèrent qu’en avril et juste pour moins de dix abonnés. Et là encore, l’éclairage ne dura que quelques jours et paf! De nouveau les ténèbres. Que s’est-il passé? A la direction régionale, on fit comprendre à une délégation des mécontents que l’ordre de suspension était venu de la hiérarchie et que la suite des travaux (pose de compteurs) était confiée à une entreprise privée. Son identité? Top secret! Et l’attente se poursuit.
Tant et si bien que l’on se demande dans la commune quel vilain tour on est en train de jouer aux pauvres abonnés qui, pour certains, ont dû se saigner, pour d’autres s’endetter non seulement pour honorer les devis mais aussi s’équiper conséquemment à l’annonce de la bonne nouvelle, en achetant qui des congélateurs, qui des postes de soudure, etc.
Le 11 décembre 2015, la région du Centre-Nord sera à l’honneur à la faveur des festivités marquant nos 55 ans d’indépendance qui s’y dérouleront. Pour réussir l’organisation de cette activité qui se veut nationale, les fils et filles des trois provinces concernées (Bam, Namentenga et Sanmantenga) ne rechignent pas à la tâche à travers des initiatives. Réunis autour de l’Association pour le développement de la région du Centre-Nord, ceux-ci se retrouveront en assemblée générale ce samedi 25 juillet à partir de 9 heures au Lycée Philippe Zinda- Kaboré pour adopter le programme d’activités 2015 et échanger
autour d’autres points intéressant la vie de la structure.
Blaise Compaoré est parti mais pas avec le CDP. C’est le moins qu’on puisse dire avec ces fidèles de l’ex-parti majoritaire qui continuent de s’agiter sur l’échiquier politique national comme si le CDP se conjugue uniquement avec la gestion du pouvoir d’Etat. Et malgré les récentes turbulences que le parti a traversées, les démons de la division continuent de régner au CDP/Houet. La preuve nous en a été donné la semaine dernière avec cette guerre de positionnement sur les listes électorales dans la perspective des législatives d’octobre. Depuis l’incarcération de Salia Sanou, secrétaire général de la section provinciale du parti, son éternel rival, le docteur Alfred Sanou, croyait avoir les coudées franches pour diriger de main de maître la section. Mais c’était compter sans les « disciples » de l’ex-bourgmestre de la ville qui avaient eux aussi, leur mot à dire. Ils auraient, selon nos informations, sillonné les départements de la province pour rallier à eux des voix moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. Mais ils n’auraient pas obtenu gain de cause puisque c’est finalement Alfred Sanou qui a été préféré en tête de liste à Ardjaouma Sanou ; cet ex-conseiller municipal très proche de Salia Sanou et qui fut son directeur de cabinet à la commune de Bobo. A ce qu’on dit, les pros Salia n’entendent pas se croiser les bras et reprocheraient cette fois au nouveau patron du CDP/Houet d’avoir joué à fond la carte ethnique du fait que les trois premiers sur la liste (Alfred Sanou, Yacouba Millogo, Korotimi Bangaré) sont bobo. Ardjouma Sanou se retrouve finalement tête de liste des suppléants ; une liste sur laquelle on retrouve des noms comme Alpha Yago.
Des lauriers pour l’archéologie et le monde scientifique burkinabè : notre compatriote Dr Lassina Simporé boxe désormais dans la cour des grands. La fumée blanche annonçant la bonne nouvelle est sortie du conclave des grands érudits du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur qui a eu lieu cette année du 13 au 22 juillet à Libreville au Gabon. Dr Lassina Simporé, expert en conservation préventive des sites et monuments, auréolé déjà de ses actions à Loropéni et un peu partout en Afrique, a été élevé au grade de Maître de conférences en archéologie. Ce succès obtenu seulement trois ans après son grade de maître assistant comble un grand vide, car le temple du savoir de Zogona (l’Université de Ouagadougou) et le Burkina Faso n’avaient plus d’enseignants de rang A, spécialiste de l’archéologie historique depuis l’admission à la retraite en 2010 du premier archéologue du Burkina Faso et premier professeur titulaire de toute la sous-région ouest-africaine dans le domaine, le Pr Jean-Baptiste Kiéthéga.
Cela fait maintenant un an qu’un avion d’Air Algérie, qui avait quitté Ouagadougou pour Alger, s’est crashé au nord Mali, tuant tous les passagers et membres d’équipage, soit 116 personnes. Depuis lors, la reconnaissance des corps, éparpillés en mille morceaux, a été effectuée en France suite à des prélèvements d’ADN, et les restes des victimes ont été rapatriés pour une cérémonie solennelle de recueillement en présence du Tout-Etat et des inhumations en bonne et due formes pour que les familles puissent entreprendre leur travail de deuil. On imagine encore la douleur des proches, inconsolables, en ce douloureux anniversaire à l’occasion duquel des activités commémoratives tel le dépôt de gerbes de fleurs sur les tombes sont prévues.
Toujours dans le chapitre nécrologique, un de nos compatriotes est mort accidentellement le samedi 18 juillet 2015 à Gaitherdsbourg aux Etats-Unis : Stanislas Alexandre Nignan n’avait que 36 ans et était le fils de Jean-Baptiste et de Marie-Louise Nignan, les fondateurs du lycée Universalis à Ouagadougou.
Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."
Ainsi va la vie.
Au revoir.
Ton cousin
Passek Taalé