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Art et Culture

Forum mondial de la langue française de Liège 2015 : des cultures francophones en partage
Publié le vendredi 24 juillet 2015  |  L`Observateur Paalga




Dans le cadre du forum mondial de la langue française qui se déroule à Liège en Belgique du 20 au 23 juillet 2015, un programme culturel multidisciplinaire et multiculturel s’est greffé sur l’événement : spectacles de musique, danse, conte. Nos coups de cœur…


C’est au théâtre de Liège, un théâtre à l’italienne avec ses cinq balcons, des dorures et surtout une belle scène bien surélevée, que se sont déroulées les soirées culturelles organisées par Mirko Popovitch, ancien président d’Africalia Belgium, dont la longue chevelure et les blousons de motard sont familiers à bien d’acteurs culturels du Burkina Faso, car sa structure accompagne beaucoup d’événements culturels du pays et lui-même vient à Ouaga à chaque FESPACO.

Ce sont de jeunes artistes qui ont été privilégiés pour jouer sur cette scène. Des jeunes musiciens, il y a des noms à retenir : le Belge Besac-Arthur dont le groupe joue une musique épurée avec seulement une contrebasse, une caisse de percussion et une guitare ; Arthur, qui est à son premier opus, Lever l’ancre, chante des textes pleins de poésie, s’inscrivant dans la longue tradition des chanteurs à textes belges comme Jacques Brel. Sa chanson d’artiste engagé sur la place de l’émigré, où il dénonce l’expulsion d’un enfant sans papiers qui était déjà inscrit à l’école et qui avait tissé des amitiés, crée des déchirements.

La jeune musicienne québécoise Salomé Leclerc, dont la voix élastique monte très haut et descend très profond, est promise à une belle carrière. Elle a fait des chansons qui oscillent entre la voix cristalline de Céline Dion et celle rauque de Patricia Kass. Sa voix évoque le Canada, elle charrie le froid du blizzard canadien, la douceur de l’été indien et la limpidité du lac Huron. Et surtout elle dit la soif de ce morceau de la francophonie coincé dans la mâchoire de l’Amérique de se lier au reste du monde francophone.

Après ces deux chanteurs, le conteur québécois Stéphane Guertin a fait voyager la salle avec l’histoire d’Alexis, un enfant qui courait plus vite que les trains et que sa réputation finira par dépasser et même écraser. Il finira par croire à sa légende, et même vieilli, il voudra dépasser un train qui l’écrasera. Il y a quelque chose de la pièce Chantecler de Jean Rostand. Le Coq Chantecler qui dit « je chante ! Et tout d’un coup... je recule, ébloui de me voir moi-même tout vermeil, et d’avoir, moi, le coq, fait lever le soleil !». Mais qui apprendra un jour, à ses dépens, que l’astre solaire n’a pas besoin de son cri pour se lever. Le conte du Québécois est bien plus sombre.

Il faudra aussi retenir le nom du trio de jeunes danseurs hip-hip du groupe Impulsion. A travers leur danse, ils font passer toute une gamme d’ émotions. Avec une souplesse de caoutchouc, de gestuelles de robot, des frémissements de frayeur, de spasmes de douleurs, tout y passe. Et leur énergie est très communicative. Néanmoins on peut se demander, comme l’a fait l’animateur québécois de la soirée, Dan Gagnon, ce qui différencie une danse francophone d’une autre !

A travers ces prestations, on constate le décloisonnement des genres, l’absence de cloisons entre les musiques que pratiquent la plupart de ces artistes francophones. Ainsi le groupe belge de rap, les R’tardaires, puise dans les beats hip-hop mais aussi dans les rythmiques reggae, zouk et dans la chanson de variété française pour construire des textes politiquement incorrects mais qui passent parce que mâtinés d’une bonne dose d’humour.

Un autre groupe, dont l’éclectisme fait le grand écart en alliant musique classique et pop, est la formation québécoise Monogrenade. L’orchestre se compose d’un violoncelle et de deux violons à côté des synthés, de la guitare électrique et de la batterie. Monogrenade rappelle par sa coloration musicale les groupes anglais de pop, des années 70 tels Pink Floyd, Police et Genesis.

Enfin, c’est le quintet de jazz Steve et Greg Hauben et cinq percussionnistes sénégalais qui nous ont émerveillé. C’était la rencontre entre deux familles de musiciens, celle des Hauben père et fils et celle du fils de Doudou N’Diaye Rose, le célèbre tambourinaire sénégalais. C’était aussi la rencontre entre Occident et Afrique pour générer un jazz classique innervé par la puissance des sonorités d’Afrique. Steve Hauben joue divinement de son saxo. Quoi de plus naturel si l’on se rappelle que cet instrument du jazz fut inventé par un Belge ! En le voyant jouer, on pense aussi à Manu Dibango, comme s’il était le jumeau albinos du grand saxophoniste camerounais. Ce dialogue entre les instruments à vent du jazz et les percussions d’Afrique donne une musique métisse puissante, envoûtante et entraînante comme une musique de transe.

La Francophonie veut faire de la langue française un moyen de rencontre entre des cultures différentes. Mais la musique reste le plus court chemin pour aller d’un homme à un autre. La francophonie ne doit pas l’oublier…



Saïdou Alcény BARRY
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