Il est des cérémonies de passation de service au cours desquelles l’émotion est au rendez-vous. Il se trouve même des partants qui essuient des larmes lors de la cérémonie. Dans la matinée du 22 juillet 2015, dans la salle de rencontre de la mairie de Ouagadougou, rien de tout cela. C’est en grands garçons qu’Auguste Denise Barry, ministre sortant de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, et Youssouf Ouattara, nouveau ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, ont géré leur affaire. Et comme pour marquer sa satisfaction du bilan de son passage au département, le premier dira : «Les gars, vous avez fait du bon boulot!».
Le petit étonnement des uns et des autres, c’est d’abord le lieu choisi pour l’événement : la salle des mariages de la mairie de Ouaga. Mais l’on imagine bien que quel que soit l’endroit où la rencontre allait se tenir, elle ne pouvait qu’attirer du monde, surtout au regard de la personnalité d’un des acteurs, Auguste Denise Barry. Conséquence, la salle était pleine. Le temps avançait mais personne ne semblait se plaindre du retard mis, chacun savourant d’avance ce qui allait se dire ou se faire. Sont finalement arrivés les deux principaux concernés, accompagnés par le Secrétaire général du gouvernement, Alain Thierry Jean-Baptiste Ouattara. Youssouf Ouattara, qui allait être incessamment installé dans ses fonctions de ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, était en costume bleu nuit rehaussé d’une cravate... Quant à celui qui allait bientôt dire au revoir à ses anciens collaborateurs, il portait un ensemble boubou blanc strié de figurines noires. Les deux aussitôt installés, le Secrétaire général du gouvernement commence la cérémonie.
«C’est une grande confiance qui a été placée en votre personne et une redoutable responsabilité. Vous aurez à gérer le processus électoral sur lequel les Burkinabè fondent beaucoup d’espoir. Ce ne sera pas facile… », a-t-il d’ores déjà prévenu le nouveau venu dans le gouvernement. Au sortant, il a souhaité bon vent dans ses éventuelles nouvelles missions, avant de déclarer solennellement installé son remplaçant. Après cette sortie solennelle, place à l’intervention la plus attendue, en atteste la petite bousculade pour installer les micros et autres dictaphones : celle d’Auguste Denise Barry. Il serait difficile de vouloir ramasser ce discours en un paragraphe tant il semble sortir des tripes. Après avoir fait un bilan, qu’il a qualifié de non exhaustif, de son action au sein du ministère, il a annoncé s’en aller «avec le sentiment du devoir accompli et en paix avec ma conscience».
Très inspiré et avec moult citations de célèbres penseurs (Auguste Comte, Galilée…), celui qui, selon plusieurs observateurs, murmurait à l’oreille du Premier ministre Zida a captivé l’auditoire. Morceaux choisis : « Ma conviction est irrémédiable, et seul Dieu me fait avancer… Ma grand-mère aimait à dire que quand on accepte de venir au monde, on ne peut pas refuser d’en partir…On ne jette pas de pierre sur l’arbre qui ne porte pas de fruits… Aujourd’hui, je suis comme ce laboureur qui regarde derrière lui pour voir la tâche accomplie… ». Avis aux spécialistes de citations et de métaphores. Par devoir de reconnaissance, il a remercié tous les agents du ministère pour leur collaboration, illustrant l’effort consenti par cette anecdote : «Je me rappelle qu’une nuit, vers 22 heures, j’ai eu à appeler une collaboratrice, après bien sûr avoir demandé l’autorisation à son époux de lui parler». Et d’emprunter à ce célèbre acteur (Roger Zami) du feuilleton Commissariat de Tampy cette formule qu’il aime à lancer pour féliciter sa troupe: «Les gars, vous avez fait du bon boulot ! » Applaudissements nourris dans la salle.
Le clou de la soirée a été la remise de cadeaux au partant et l’intervention du secrétaire général du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Léonard Guira, qui, au nom de tout le personnel, a salué celui qui, pendant huit mois, s’est sacrifié nuit et jour pour l’atteinte de nombreux objectifs. Non sans l’encourager en des termes teintés d’humour et qui ont fait sourire l’assistance. «Si vous n’êtes pas si jeune, vous n’êtes pas très vieux non plus. C’est sûr que Dieu a un plan de carrière pour vous». La parenté à plaisanterie est certainement passée par là.
Issa K. Barry
