La cérémonie officielle de passation de charges entre l’ancien ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité (MATDS), Auguste Denise Barry, et le nouveau ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation (MATD), Youssouf Ouattara, a eu lieu hier 22 juillet, à Ouagadougou. C’était en présence du secrétaire général du gouvernement et du Conseil des ministres, Alain Thierry Jean-Baptiste Ouattara.
Pour une cérémonie de passation de charges, c’en était vraiment une, tant elle a mobilisé du beau monde. En effet, la salle des Conseils de la mairie centrale de la ville de Ouagadougou, prévue pour la circonstance, était archicomble. Pas étonnant, puisque celui qui devait céder son fauteuil n’était pas des moindres dans le gouvernement Zida 1. Porté à la tête du méga ministère le 23 novembre 2014, Auguste Denise Barry qui a été debarqué le 19 juillet dernier, à l’issue d’un léger remaniement ministériel, était perçu par certains comme étant l’éminence grise du Premier ministre Yacouba Isaac Zida. Mais en plus de cette forte présence des invités et collaborateurs des ministres sortant et entrant, on notait également celle de la presse. Au moins une trentaine d’Hommes de médias était mobilisée pour assister à la cérémonie de passation de charges qui a été présidée par le secrétaire général du gouvernement et du Conseil des ministres, Alain Thierry Jean-Baptiste Ouattara. Celui-ci, après un bref discours, a, au nom du président de la transition et du Premier ministre, installé dans ses fonctions le nouveau ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Youssouf Ouattara, qui va désormais assumer une très lourde responsabilité. « Vous aurez à gérer, entre autres, le processus électoral qui s’annonce déjà et pour lequel les burkinabè fondent beaucoup d’espoirs pour sortir de la transition et se choisir les dirigeants qui seront à leur service », a indiqué le SG du gouvernement et du Conseil des ministres pour qui ce ne sera pas chose facile. Toutefois, il a rassuré le nouveau ministre de la confiance du chef de l’Etat et de celle du chef du gouvernement qui ne doutent pas un seul instant qu’il atteindra les objectifs qui lui ont été assignés. Tout en invitant le MATD à développer des initiatives en direction de ses collaborateurs et du peuple burkinabè dont les attentes sont multiformes et surtout pressantes, le président de séance a invité les collaborateurs du ministre à resserrer les rangs pour le succès de la mission à lui confiée. «Un ministre échoue avec son personnel ou réussit avec tout son personnel », a-t-il ajouté.
A l’issue de l’installation officielle du nouveau ministre, place au discours tant attendu du ministre sortant, Auguste Denise Barry. Que d’émotions ! Pour lui, arriver et partir sont consubstantiellement une loi naturelle à laquelle nul ne saurait se dérober. «C’est aussi une dynamique normale dans le cadre de la carrière professionnelle de tout cadre de l’administration appelé à occuper de hautes fonctions politiques », a indiqué le ministre sortant.
La suite sera scellée dans le binôme élections et sécurité
A son avis, il paraît impertinent de s’auto apprécier, même s’il a dit partir avec un sentiment de fierté. « Au total, nous avons travaillé à donner au peuple burkinabè le témoignage que par le travail, nous pouvons sortir résolument de la pauvreté et qu’un Burkina nouveau est réellement possible si l’on accepte de payer un certain prix. Je pars donc avec un sentiment de fierté, celui du devoir accompli et surtout en paix avec ma conscience… Me fondant sur le fait que nulle autorité publique n’échappe aux critiques, je réaffirme néanmoins cet adage qui dit qu’on ne jette pas une pierre sur un arbre qui ne porte pas de fruits. En tout état de cause, je donne rendez-vous à l’histoire, je m’en remets au jugement de Dieu qui, seul, reste infaillible… Ma conviction est irrémédiablement établie ; que le bonheur me garde gentil, les épreuves me gardent fort, les chagrins me gardent humain tandis que les échecs me gardent humble ; mais seul Dieu me fera avancer », a-t-il laissé entendre. Par ailleurs, l’ex-MATDS a dressé certaines actions qui ont été menées sous sa coupe. « Il s’agit premièrement de celle de l’organisation institutionnelle suite à la fusion des deux anciens ministères (ministère de l’Administration territoriale et de de la sécurité et celui de l’Aménagement du territoire et la décentralisation), notamment à travers l’élaboration réussie d’un organigramme cohérent et la mise en œuvre de façon épanouie de son fonctionnement. La seconde est celle de la lutte contre l’insécurité. Nous avons pu démontrer que l’insécurité n’est pas une fatalité ni un mal incurable. Avec des moyens, nous pouvons contenir et éradiquer le grand banditisme et l’insécurité urbaine dans notre pays. La troisième est dans le domaine de la décentralisation. En effet, la question de l’opérationnalisation des délégations spéciales a été très préoccupante au début de la transition. Mais, patiemment et avec persévérance, nous avons pu rassurer les partenaires techniques et financiers et mis très rapidement en place les instances communales et régionales. En définitive, elles fonctionnent sur toute l’étendue du territoire et assurent leurs prestations traditionnelles. La quatrième se situe au niveau de l’administration du territoire où le processus électoral s’est mis en place et se poursuit de façon concertée avec la CENI. Récemment, le corps électoral a été convoqué pour la présidentielle et les législatives du 11 octobre 2015 et les actes réglementaires à venir sont parfaitement planifiés et suivis par la direction générale des libertés publiques et des affaires publiques… », a-t-il énuméré. Il n’a pas manqué de féliciter tous ses collaborateurs qui ont souvent été amenés à travailler 24h/24 et 7 jours/7 pour des urgences, avant de leur souhaiter un bon courage pour la suite qui, sans nul doute, sera scellée dans le binôme élections et sécurité. Au ministre entrant, Auguste Denise Barry a souhaité bonne chance et l’a rassuré de sa totale disponibilité à l’accompagner dans ses missions. « Du reste, je suis toujours dans la transition et je jouerai ma partition avec le même dévouement, la même loyauté envers le peuple et l’Armée et enfin avec les mêmes idéaux de ce que le peuple burkinabè a droit au bonheur, à la prospérité et à la démocratie véritable », a-t-il soutenu avant de donner rendez-vous pour le bilan, au moment où les lampions de la transition s’éteindront.
Pour sa part, le ministre entrant, Youssouf Ouattara, a remercié le Président de la transition et le chef du gouvernement pour la confiance placée en sa personne. Tout en mesurant l’ampleur de la tâche qui l’attend dans le contexte actuel du pays, le ministre Ouattara a exprimé toute sa disponibilité et son ferme engagement à tout mettre en œuvre pour la réussite de sa mission.
Colette DRABO