Dans la déclaration qui suit, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) analyse la situation nationale et donne sa position sur certains sujets d’actualité
L’atmosphère politique nationale est empestée depuis un certain temps par une crise ayant pris naissance au sein de la composante militaire de notre pays et dont les conséquences grippent les organes de la transition et font peser des doutes et des hypothèques sur sa gestion et son aboutissement. Le MPP en tant que parti responsable et dont la seule boussole est la défense des intérêts vitaux de notre peuple, tient à se démarquer des jugements à l’emporte-pièce, des supputations infondées et erronées sur l’appréciation de cette situation nationale délétère.
Notre pays, par son courage et sa dignité démontrée les 30 et 31 octobre 2014, est devenu aux yeux du monde un exemple pour l’Afrique et pour tous les pays en quête de démocratie et de liberté contre les dictatures, et cette crise non institutionnelle est en train de faire perdre toute crédibilité au processus de transition. La transition appartient à notre peuple, et toute tentative tendant à la prendre en otage pour des intérêts personnels et des velléités de restauration du régime déchu devrait être rejetée par le peuple. Le MPP considère que l’existence des divergences ou même des contradictions dans le cadre de la gestion de la transition est normale, et même inévitables dans un contexte de remise en cause généralisé et de démocratie reconquise. Cependant, il considère que la gestion de ces divergences ou de ces contradictions doit se faire impérativement dans un cadre organisé respectueux de l’ordre républicain, de la charte de la transition, de l’Etat de droit et de l’ensemble des composantes de la transition, ainsi que des intérêts vitaux de notre pays. Toutes les difficultés et les sujets sensibles auxquels sont confrontés les organes de la Transition devraient au moins respecter deux principes :
-Le premier principe est celui de l’esprit et de la lettre de la charte, autrement dit, les organes de la Transition et les forces vives qui ont contribué à leur mise en place devraient respecter le sacrifice du peuple et de la jeunesse, en ne remettant pas en cause les acquis et les aspirations de notre peuple ;
- second principe est celui de la loyauté des composantes y compris les Forces de Défense et de Sécurité envers le peuple et ses souffrances, et s’abstenir de toutes actions et de toutes attitudes tendant à laisser penser que ses intérêts primeraient sur ceux du peuple. A ce propos, nous saluons l’initiative du président du Faso d’entreprendre des concertations avec les acteurs concernés et de mettre en place un comité de sages chargé de faire des propositions de sortie de crise. Le MPP souscrit entièrement à cette démarche et renouvelle sa constante disponibilité au dialogue constructif, à la concertation des différentes composantes de la nation.
Le MPP tient à rappeler que le départ d’une des composantes des organes de la transition est une remise en cause du consensus général qui a jusque-là été le socle de la transition. Et cela ne manquera pas d’entraver la bonne marche de la Transition. Au demeurant, notre peuple supporte déjà lourdement les conséquences économiques et sociales en cette période post insurrectionnelle, et il convient en patriotes de ne pas aggraver cette situation.
C’est pourquoi le MPP réitère son attachement au respect scrupuleux de la date du 11 octobre 2015 pour la tenue effective des élections présidentielle et législatives couplées. Il va s’en dire que cette date constitue un rendez-vous très important dans l’histoire de notre peuple pour renouer avec la stabilité, la démocratie et la reprise économique. En conséquence cette date ne saurait être négociable. De ce fait le MPP considère que toute initiative dont la conséquence voulue ou non voulue conduit ou peut conduire au non-respect de cette échéance devrait être rejetée par notre peuple. En tout état de cause, le peuple déterminé qui est sorti les 30 et 31 octobre 2014 demeure le même et plus déterminé que jamais.
Le MPP lance un appel à tous les patriotes et à tous démocrates pour que dans un sursaut salvateur, nous resserrions les rangs pour la défense des acquis de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre. Rien n’étant définitivement acquis en démocratie la lutte et la mobilisation doivent être permanentes. Aujourd’hui, plus que jamais, le sens des responsabilités et l’amour pour notre peuple, ainsi que pour le Burkina Faso que nous aimons tous nous commandent de savoir raison garder pour ne pas jeter l’enfant avec l’eau du bain. Pour surmonter ces épreuves, nous aurons besoin de la cohésion de toutes les composantes de notre nation pour conduire à terme la Transition et organiser les élections le 11 octobre 2015. Dans le dialogue et dans l’acceptation courageuse que les intérêts de notre pays dépassent nos intérêts personnels ou corporatistes, nous serons en mesure de relever les défis de l’impunité, des crimes économiques et de sang commis avant et pendant la Transition. Le MPP remercie la Communauté internationale pour l’intérêt renouvelé à la marche de la Transition et l’invite à poursuivre ses efforts d’accompagnement en vue de l’organisation des élections.
Le MPP a noté avec intérêt la décision de la Cour de justice de la CEDEAO sur le code électoral adopté le 7 avril dernier, et tient à réaffirmer que force et compétence reste au juge constitutionnel d’appliquer la loi et de tirer substance de toute jurisprudence nationale ou supranationale. Du reste la Cour de justice de la CEDEAO, dans au moins deux de ces considérants (30 et 31), suggère au juge constitutionnel de s’appesantir sur la détermination de la qualité de dirigeants au moment de l’insurrection et d’éviter « une application brutale et indiscriminée»1
Démocratie-Egalité-Justice
Le président du MPP
Roch Marc Christian KABORE