Le Syndicat national des gérants de stations du Burkina (SNGSB) a animé le 16 juillet 2015 une conférence de presse sur les difficultés qui minent la profession de gérant de station. Il déplore le siphonage de sa petite marge bénéficiaire par les marketers et les Impôts.
Selon le secrétaire général du SNGSB, Issa Napon, les gérants, victimes de la méconnaissance de leur profession, sont considérés à tort par l’opinion publique comme des multimillionnaires, voire des milliardaires. Plus grave, beaucoup pensent que les augmentations de prix des carburants profitent également aux gérants de stations alors qu’il n’en est rien.
Pour le syndicat, la gérance de station est l’une des professions qui enregistre le plus fort taux de faillite (au moins 146 faillites en 16 ans précisément entre janvier 1998 et décembre 2014). A l’en croire, les sociétés de distribution, ou marketers, et l’Etat sont principalement à l’origine de leurs difficultés financières.
Pour gérer une station, il faut signer un contrat de location–gérance avec un marketer (propriétaire de station d’essence). Ledit contrat n’est ni plus ni moins qu’un contrat d’adhésion, c'est-à-dire qu’aucune de ses clauses n’est négociable. Par ailleurs, le futur gérant doit réunir les fonds nécessaires pour financer son fonds de roulement et déposer une caution auprès du marketer. Pour le SG du SNGSB, à titre indicatif, il faut avoir au bas mot 35 000 000 F CFA, hors caution, pour pouvoir ouvrir une station dans la ville de Ouagadougou.
L’une des particularités de cette activité, selon les conférenciers, c’est qu’elle est strictement réglementée par l’Etat. La structure des prix est officielle et fixe les frais et marges de chaque intervenant de la chaîne de distribution des produits pétroliers au Burkina. Déduction faite des différentiels de transport par localité, les montants des marges accordées aux gérants par l’Etat sont les suivants depuis 2014 : super 91 =19 CFA/litre ; gas-oil = 17 F CFA/litre.
En dépit de ces dispositions, selon le SG du syndicat, Issa Napon, les marketers trouvent le moyen de siphonner les marges des gérants. Tous les contrats de location-gérance font obligation au gérant d’accepter dans sa station les tickets-valeur ou cartes électroniques et celui-ci paie une commission au marketer. Toujours selon les conférenciers, les loyers constituent le deuxième canal par lequel les marketers siphonnent les marges des gérants.
La deuxième épine au pied des gérants, selon le syndicat, l’Etat, en l’occurrence la Direction générale des Impôts. Pour les plaignants, l’autre difficulté est relative au régime fiscal et au mode de calcul de la patente annuelle en particulier. Il date de l’époque de la stabilité des prix et reste aligné sur le chiffre d’affaires et sur les loyers alors que les marges sont alignées sur les volumes depuis 1997.
En outre, les augmentations de prix ainsi que les augmentations de loyer entraînent la hausse de la patente annuelle alors qu’elles impactent négativement les résultats. Après des correspondances adressées à la Direction générale du Contrôle économique et de la Répression des fraudes et au ministère du Commerce pour un arbitrage, le SNGSB menace d’aller en grève si rien n’est fait.
Jean Stéphane Ouédraogo