L’humanisation des établissements pénitentiaires au Burkina Faso est une préoccupation majeure du ministère de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique qui mène les réflexions pour relever le défi. L’humanisation des prisons constitue d’ailleurs une des préoccupations soulevées par les états généraux de la justice tenus du 24 au 28 mars 2015. En effet, le Pacte national pour le renouveau de la justice est venu rappeler « le devoir qui incombe à l’Etat de mettre en œuvre une politique d’humanisation effective des établissements pénitentiaires », car en dépit de l’arsenal juridique mis en place par la communauté internationale, à travers les Nations unies, la plupart des prisons du monde reste confrontée à des difficultés, et ceux de notre pays ne sont pas en reste. Nos prisons, malgré les efforts consentis par l’état, les intervenants pénitentiaires et les acteurs de l’univers carcéral, constituent des lieux où le risque de déchéance humaine est élevé.
La tenue d’un atelier le 2 juillet 2015 a permis de faire, non seulement l’état des lieux du processus d’humanisation à ce jour, mais également de proposer des stratégies pérennes pour assurer aux détenus des conditions de vie meilleures.
En somme, l'un des obstacles majeurs à l'humanisation des lieux de détention au Burkina reste la difficulté d'accès à la justice ; ce qui engendre la surpopulation carcérale due à la recrudescence de la délinquance, à l'insuffisance et à l’inadaptation des structures d’accueil, aux difficultés liées à l’application des peines alternatives à l’emprisonnement (TIG), à la lenteur dans les procédures judiciaires et aux difficultés dans l’application des mesures d’aménagement des peines. Le taux de surpopulation moyen dans les maisons d’arrêt et de correction (MAC) est de 171%, avec toutefois beaucoup de disparités. Si par exemple aux MAC de Tenkodogo, Bobo-Dioulasso et de Ouagadougou ce taux est respectivement de 263%, 236% et 205 %, il est de 9% à Diébougou. De nombreuses autres difficultés telles l'inadaptation des infrastructures pénitentiaires, la faible allocation des ressources pour le fonctionnement des établissements pénitentiaires, la faiblesse capacité d’accueil de l’ensemble des établissements pénitentiaires, la vétusté des locaux de certains établissements pénitentiaires, notamment ceux de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et du Centre pénitentiaire agricole de Baporo et la mauvaise qualité de réalisation de certaines infrastructures, ont été relevées.
Au terme des travaux, on retient au nombre des propositions faites en vue d’une humanisation effective des établissements pénitentiaires de notre pays :
• l'élaboration d’un plan type architectural conforme aux normes internationales pour les établissements pénitentiaires ;
• l’exécution rigoureuse de ces infrastructures, conformément aux cahiers de charge ;
• la sensibilisation des détenus à l’utilisation de ces infrastructures ;
• la création d’une Direction de la santé des prisons ;
• la nomination de médecins à temps plein dans les prisons ;
• la révision des critères de choix du personnel de santé affecté dans les MAC ;
• la spécialisation d’éléments de la GSP en matière de santé paramédicaux ;
• la formation du personnel de santé sur la santé pénitentiaire ;
• l’accès aux soins et aux médicaments, notamment la dotation des MAC en consommables suffisants et adaptés aux pathologies qu’on y rencontre de façon récurrente ;
• l’amélioration des conditions de stockage des produits pharmaceutiques, en collaborant avec les pharmacies des localités où sont implantées les MAC ;
• la construction de pavillons sécurisés dans les centres hospitaliers pour l’accueil et l’hospitalisation des détenus malades ;
• la dotation des MAC en ambulances pour l’évacuation des cas d’urgence ;
• l’amélioration de l’alimentation des détenus en quantité et en qualité, par l’augmentation du budget y alloué ;
• la dotation des MAC en compléments nutritionnels pour les malades ;
• la création d’une cantine des prisons par le recrutement de cuisiniers pour la préparation des repas ;
• la promotion des activités de production agricole ;
• la promotion de la pratique du sport et des autres activités de loisir ;
• le développement d’une stratégie de promotion de l’hygiène et de l’assainissement en milieu carcéral ;
• la mise en place des services d’hygiène dans les MAC et la formation à la prise en charge des questions d’hygiène et d’assainissement ;
• l’implication des spécialistes du domaine de l’assainissement dans l’élaboration des plans architecturaux des établissements pénitentiaires ;
• l’augmentation de la dotation des MAC en matériels d’hygiène ;
• l’instauration du costume pénal pour les détenus ;
• la diversification des sources d’approvisionnement en eau dans les MAC et la création d’un fonds d’entretien des installations y relatives.
La ministre Joséphine Ouédraogo, qui a pris part aux travaux de bout en bout, s’est félicitée de la tenue de l’atelier, qui traduit la volonté des autorités de la transition de poursuivre la mise en œuvre des instruments juridiques internationaux de promotion et de protection des droits humains et plus spécifiquement ceux relatifs aux droits des personnes privées de liberté. Elle a vivement remercié l’ensemble des participants pour la pertinence et la richesse de leurs contributions.
Le ministère de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique