Campagne agricole 2015-2016 : Neuf postes sur dix déficitaires dans les Hauts-Bassins

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Publié le jeudi 16 juillet 2015 | Sidwaya

L’hivernage s’est installé tardivement dans la région des Hauts-Bassins. Zone pluvieuse par excellence au Burkina Faso, la rareté des pluies inquiète de plus en plus les paysans. Selon la direction régionale de l’agriculture, neuf postes sur dix sont déficitaires. Constat à Yéguéresso, un village situé à une dizaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso.

Mercredi 8 juillet 2015. Nous sommes à Yéguéresso, une localité située sur l'axe Bobo-Dioulasso-Ouagadougou. Le soleil est au zénitha. De loin, on aperçoit des paysans dans leurs champs. Ils s’activent. L’étendue de la surface ne donne pas l’impression que quelque chose a poussé. Mais plus on approche, plus on voit des plants qui sont au stade de levée. Dans leur champ, Sourou Sanou et sa famille labourent. Dans une poche de son pantalon, la chanson bobo que distille son téléphone portable le galvanise dans son élan. Son épouse Kadi, elle également chante, et des dabas grattent le sol d’où s’élève la poussière. «Je chante pour donner le courage à cultiver. Je dis que si nous cultivons bien, grâce à Dieu, nous allons avoir à manger», explique-t-elle. Avoir de quoi à manger, c’est l’espoir nourri par ces paysans, mais la saison les laisse inquiets.

839 515 tonnes de céréales attendues dans la région

Sourou Sanou dit disposer de 7 hectares de champs où il cultive avec sa famille le sorgho, le maïs et le coton. Père de onze enfants et mari de trois femmes, l’irrégularité de la pluie l’effraie. «Il y a longtemps que nous avons semé mais il y a manque de pluie. L’herbe a également poussé, voilà pourquoi nous sommes en train de labourer. Sinon normalement à cette période, nous faisons des buttes autour des plants de maïs», indique-t-il. «Nous avons peur. Nous ne savons pas si la pluie va être régulière dans les jours à venir. Nous ne savons pas l’issue», renchérit Sourou Sanou. Selon ce paysan, les semis ont commencé l’année dernière en mai. Cette année cependant, c’est en juillet que beaucoup ont semé et continuent de le faire. C’est le cas de son voisin, Do Sanou qui dit avoir semé le maïs, il y a quelques jours. «Nous sommes découragés. Tout dépend de Dieu. On espère que nous allons avoir des récoltes cette année», déclare Do Sanou. Cette remise à Dieu pour qu’il y ait la pluie a été faite par la communauté musulmane de Bobo-Dioulasso. Preuve que le manque de pluie est devenu très inquiétant. L’irrégularité des pluies dans la région des Hauts-Bassins à cette campagne est très accentuée par rapport à celle écoulée. Neuf postes sur dix sont déficitaires, selon le chef de service des études et des statistiques sectorielles à la direction régionale de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la sécurité alimentaire des Hauts-Bassins, Gaël Sidbewendin Yaméogo. Or dans la région, il est attendu selon les prévisions, 839 515 tonnes de céréales. Cependant, suivant le rapport de la première décade du mois de juillet de la direction régionale de l’agriculture, les cultures dans l’ensemble sont au stade de levée et de tallage. Mais M. Yaméogo, eu égard à la reprise des pluies, se veut rassurant. «On peut rattraper ce retard, au regard de l’installation de la pluie dans cette première décade du mois de juillet. On peut semer jusqu’à la date du 15 juillet, en espérant que la pluie va continuer jusqu’en fin septembre», dit-il. Il fait comprendre que la pluviométrie cette année est «excédentaire anormale, c'est-à-dire que la quantité d’eau attendue a une tendance à la normale». Il conseille aux paysans d’opter pour les variétés de semence à cycle court et d’écouter les conseils des services techniques de l’agriculture. Le chef de service des études et des statistiques sectorielles à la direction régionale de l’agriculture Gaël Sidbewendin Yaméogo fait comprendre par ailleurs que chaque année, l’Etat accompagne les producteurs avec des engrais et des semences. Pour la campagne 2015, M. Yaméogo, révèle que l’Etat a apporté 823 tonnes de semences, toutes spéculations confondues, un million de boutures de manioc et de patate. 2 450 tonnes d’engrais sont prévues également pour les paysans. Au cours de la dernière campagne agricole, la région des Hauts-Bassins a enregistré 722 280 tonnes de céréales, sur une prévision de 844 340 tonnes.

Rabalyan Paul OUEDRAOGO