Hier mardi 14 juillet 2015, la France a commémoré le 226e anniversaire de sa fête nationale. A Ouagadougou, cette célébration a été marquée par le discours très attendu de l’ambassadeur, Gilles Thibault. Ce dernier n’a pas manqué d’interpeller sur le processus de transition en cours, surtout sur la nécessité de tenir les élections couplées à la date prévue, à savoir le 11 octobre prochain.
Comme chaque année, le discours de l’ambassadeur de France au Burkina, était l’un des plus attendus par les Burkinabè, au regard de la situation nationale, marquée par la crise RSP-Zida. Hier mardi 14 juillet 2015, à l’occasion de la célébration de la 226e fête nationale française, Gilles Thibault n’a pas fait dans la langue de bois. D’entrée de jeu, le diplomate français a offert un bref aperçu de la situation nationale : « Nous étions là, il y a un an, mais depuis des événements considérables se sont produits et le Burkina Faso prépare maintenant les échéances électorales de l’automne où il a, à nouveau, rendez-vous avec l’histoire ».
Pour Gilles Thibault, l’alternance démocratique est en marche. Pour sa réussite, il a souhaité que les « luttes d’influence et les querelles intestines » cessent afin que les élections se tiennent dans la sérénité, la loyauté, la transparence et qu’elles soient inclusives aux résultats incontestables. Pour se faire entendre et comprendre, l’ambassadeur de France au Burkina n’a pas hésité à s’exprimer dans les langues locales, notamment en dioula et en mooré. « Sôgôma sangui, a ti môgô kélé bougô », ou encore « Sougr N’ka, ti yélé sanmé ». Ce qui voudrait respectivement dire, dans la langue de Molière, « la pluie du matin n’épargne personne » et « sans le pardon, il n’y a pas de paix ». En clair, pour Gilles Thibault, les élections couplées doivent impérativement se tenir à la date indiquée, soit le 11 octobre 2015. En effet, a-t-il laissé entendre, si les élections étaient repoussées, tous les Burkinabè en souffriraient, surtout les plus pauvres.
Des masques tomberont
Malgré ses inquiétudes, il a confié que le peuple burkinabè possède, au plus haut point, le sens des responsabilités et l’amour du bien commun. Car, selon lui, le peuple l’a montré au monde entier, à l’automne dernier : « Il ira, avec notre soutien, au bout de sa quête pour plus de liberté, d’égalité, de justice et de démocratie ». Poursuivant dans la même lancée, Gilles Thibault a souhaité que durant les élections, le bien commun l’emporte sur les intérêts privatifs : « J’ajoute que les règlements de compte doivent cesser, le peuple n’a pas à en être l’otage ».
« En cas de catastrophe, aussi habiles qu’ils soient, les masques de ceux qui brouillent, chevauchent et ignorent les lignes rouges, tomberont et ils devront répondre de leurs actes, le président Kafando l’a dit clairement », a mis en garde l’ambassadeur français. Il a également rappelé, au regard du contexte, qu’une transition n’était jamais simple et que nul ne devait servir des ambitions cachées. A l’en croire, chacun des acteurs doit s’en tenir au rôle qui est le sien, les organes de la transition au respect des engagements pris devant le peuple et la communauté internationale ; les militaires à la défense des institutions et du territoire et à leurs missions de paix¸ les OSC à des causes citoyennes non partisanes. Il ne revient qu’aux politiques de faire de la politique et de prendre leurs responsabilités, et aux électeurs, en toute liberté de les sanctionner, s’ils l’estiment nécessaire. « Il est urgent que le mélange des genres et les pratiques d’un autre temps cesse. Le Burkina est un exemple pour le continent, il doit le rester », a-t-il, une nouvelle fois, prévenu. Selon Gilles Thibault, il ne fait aucun doute que le Burkina possède toutes les qualités pour répondre présent à son prochain rendez-vous avec l’histoire.
Outre la situation nationale, l’ambassadeur de la République de France au Burkina a abordé plusieurs autres sujets, notamment celui de la conférence de Paris sur les changements climatiques ; du 29 novembre au 11 décembre. Il a également évoqué la situation au Mali, ainsi que le crash du vol AH 5017 de la compagnie Air Algérie dont il a rendu hommage aux 116 victimes. Il s’est par ailleurs « incliné » devant les héros de l’insurrection populaire ainsi que des 6 soldats burkinabè tués au Mali.
Pour rappel, plusieurs autorités politiques et religieuses ont été aperçues à la Maison de France, notamment le président du CNT, Shériff Sy, le président de la CENI, Barthélémy Kéré, le cardinal Philippe Ouédraogo, le président et candidat du CDP, Eddie Komboïgo… Il y avait également l’ex-ministre de la Communication, Filipe Ouédraogo, ou encore le ministre Auguste Denise Barry.