Arrivés, depuis jeudi 9 juillet 2015, les 6 soldats tombés sous les balles des terroristes, à 45 km de Tombouctou, au Mali, ont été accompagnés à leur dernière demeure le vendredi 10 juillet 2015 au cimetière militaire de Gounghin, à Ouagadougou. C’est sous le regard meurtri des parents, ami(es), collègues et connaissances qu’un dernier hommage a été rendu aux « vaillants » soldats morts pour la préservation de la paix dans cette partie de la sous-région.
C’est après prières et louanges faites par des Aumôniers militaires, que le chef de l’Etat, Michel Kafando, a salué la mémoire des disparus en s’inclinant devant leurs cercueils. Au terme de ce cérémonial, les 6 cercueils, à savoir celui de Sylvestre Diendéré (47ans), Ousmane Compaoré (25 ans), Saïdou Ilboudo (26 ans), Adama Apollinaire (25 ans), Abdou Racide Napon (25 ans), Dieudonné Ouédraogo (25 ans) ont été déportés au cimetière militaire de gounghin à Ouagadougou. Tous tués, le 2 juillet 2015, les défunts se sont vus décernés la Médaille militaire, à titre posthume, par l’Etat burkinabè et la Croix de valeur militaire du Mali par l’Etat malien avant d’être accompagnés à leurs dernières demeures. Au cours de cette épreuve, l’émotion était grande. Les membres de la famille de chaque victime se sont succédé, les larmes aux yeux, pour rendre un Adieu à leur fils, petit-fils, mari, frère, cousin et neveu tombé au front. Selon le coordonnateur résident des Nations Unies, par intérim, au Burkina Faso, Marc Rubin, ces six casques bleus du contingent burkinabè ont sacrifié leur vie à une valeur universelle qui transcende les frontières, les opinions politiques, des religions et des nationalités au service de la paix. « Nous sommes profondement bouleversés et meurtris dans nos chairs, tant la nouvelle du jeudi 2 juillet 2015 résonne encore de toute sa puissance en chacun d’entre nous. Ce jour-là, les ténèbres se sont abattus sur Douékiré, localité située dans la région de Tombouctou au Mali pour arracher brutalement à la vie, six valeureux casques bleus du contingent burkinabè », a-t-il révélé. De même, Marc Rubin a salué la détermination des soldats burkinabè dans l’accomplissement de leur mission dans le Nord du Mali, en ces termes : « Déployés au Nord du Mali, depuis janvier 2015, ils ont œuvré avec dévouement à la protection des populations civiles très affectées par de long mois de violence aveugle et meurtrière ». Il a, de ce fait, traduit toute la compassion et la sympathie de la grande famille des Nations Unies présente au Burkina Faso aux familles éplorées des victimes et à la Nation burkinabè toute entière. Du reste, avant de terminer ses propos, le coordonnateur résident des Nations Unies, par intérim au Burkina Faso, a rassuré les familles des victimes et tout le peuple burkinabè que ces crimes ne resteront pas vains. « Soyez assurés que ce crime abject, ne restera pas impuni. Nous traquerons, sans répit, les auteurs responsables de cette ignominie et un jour viendra où ils rendront compte de leurs actes devant la justice », a-t-il déclaré. En revanche, il a exprimé toute la reconnaissance des Nations Unies au gouvernement burkinabè pour son engagement à poursuivre la mission de préservation de la paix auprès de la MINUSMA, dans cette partie de l’Afrique, malgré cette atrocité qui s’est abattue sur le contingent burkinabè.
« Ils ont le sens du devoir et je peux vous rassurer qu’en repartant de Tombouctou, j’ai eu la conviction que la mission va se poursuivre »
Pour le chef d’Etat major général des armées du Burkina Faso, Pingrenoma Zagré, c’est une très grande consternation que la perte des six soldats qui étaient partis en mission de paix au Mali, auprès de la MINUSMA, nous inflige. «C’est avec beaucoup de douleur que nous vivons ce moment. Naturellement, le départ d’un frère est toujours une épreuve. Ces évènements tragiques que nous vivons, traduisent la permanence du danger, dans les opérations de soutien à la paix. Nous sommes conscients du danger en nous engageant au Mali. La paix a aussi un prix. Nous avons des soldats formés à qui nous avons confiance et j’étais auprès d’eux à Tombouctou. J’ai l’assurance que nous pouvons continuer la mission avec le soutien de la Nation », a confié Pingrenoma Zagré. Quant à la question du moral des autres soldats restés au front, le Chef d’Etat-major général des armées a souligné que ceux-ci sont des militaires et qu’ils sont conscients que des réalités de ce genre peuvent survenir, au cours d’une mission. « Ils ont le sens du devoir et je peux vous rassurer qu’en repartant de Tombouctou, j’ai eu la conviction que la mission va se poursuivre », a laissé entendre le Chef d’Etat-major général des armées1
Avis de quelques parents rencontrés après l’inhumation
Miki Oumarou Salambéré, oncle maternel
du caporal Compaoré Ousmane :
«Depuis le 2 juillet, nous étions inconsolables. A partir d’hier, ce que nous avons vécu à l’aéroport et la cérémonie d’aujourd’hui que nous vivons, en toute sincérité, nous sommes consolés. Nous avons eu un réconfort moral et vu tout ce monde qui a eu à accompagner les corps de tous ces vaillants soldats, je ne peux qu’être fier. Je me suis dit quelque part qu’ils ne sont pas morts pour rien. Ils sont morts, les armes à la main et nous en sommes fiers. Si j’avais l’occasion d’en parler aux autorités du pays, qu’en tant que parent, vu ce qui s’est passé, hier, jusqu’à ce matin, je suis toujours prêt à mettre à la disposition de mon pays, les enfants que je mettrai au monde pour la défense du territoire et la paix en Afrique. Ce que je voudrais demander aux autres parents, c’est de leur dire de se remettre à Dieu. Ce qui s’est passé, ce n’est pas quelqu’un qui l’a fait, c’était inscrit quelque part qu’ils vont aller mais ils ne vont pas revenir. Pour nous, ils sont revenus d’une autre manière mais qui honore toujours la famille. Tout ce que je peux leur demander, c’est de veiller sur ceux qu’ils ont laissés sur terre, notamment ceux qui étaient mariés et qui avaient des enfants et même ceux qui n’étaient pas mariés mais qui ont laissé des parents pour arrondir leurs derniers jours ».
Augustin Diendéré, frère de l’adjudant Sylvestre Diendéré :
« Nous remercions les autorités de la Transition, celles coutumières, l’armée et tous ceux qui n’ont ménagé aucun effort pour venir nous soutenir, lors de cette douloureuse épreuve. Malgré le calendrier chargé de la Transition, le gouvernement de la Transition s’est permis de venir nous assister. Au niveau de l’armée, c’est à travers les meilleurs exemples qu’elle a donnés à travers d’autres pays qu’elle a été conviée à aller soutenir la MINUSMA dans le Nord du Mali. Après, quand quelqu’un manque dans la famille, ça fait un choc considérable que l’on ne peut pas mesurer. C’est vrai, il est dans l’armée, c’était sa vocation, il n’y a pas de mission zéro, surtout dans ce domaine. Ce qui est arrivé est arrivé. Notre pays n’a pas les moyens nécessaires, je souhaiterais que dorénavant, l’armée recommande à la MINUSMA d’avoir le minimum de matériels militaires tels l’armement ou les moyens aériens d’opération à la disposition des hommes sur le terrain ».
Propos recueillis par: L.R.K