Le président Michel Kafando, dans un appel teinté d’impuissance, a exhorté vendredi ses compatriotes à éviter que le Burkina Faso ne sombre dans le "chaos", alors qu’une crise oppose depuis douze jours le Premier ministre Zida à la garde présidentielle, qui réclame sa démission.
Après avoir consulté durant des jours l’ensemble du corps social, "tous ont reconnu le péril que courait le pays, si rien n’était fait dans les meilleurs délais, pour calmer la tension", a-t-il affirmé lors d’un discours télédiffusé, sa première déclaration publique, très attendue, depuis le début de la crise.
"Hélas ! (...) Tous ces contacts ne m’ont pas donné la certitude que les différents protagonistes étaient prêts à accepter ce compromis dynamique qui puisse amener à l’apaisement social", a déploré le chef de l’Etat.
"J’aurai tout fait pour que la paix soit préservée dans notre pays", a-t-il plaidé, appelant "au sens des responsabilités de tous, afin que dans un sursaut patriotique, nous taisions nos rancœurs, nos intérêts égoïstes", pour ne voir que "l’intérêt général", qui est de "sauver le Burkina du désordre et du chaos".
M. Kafando a mis en place jeudi un groupe de sages devant jouer les médiateurs.
Le Burkina est divisé autour du Régiment de sécurité présidentielle (RSP): ce corps d’élite, qui fut le bras armé de l’ex-président Blaise Compaoré - chassé par la rue en octobre après 27 ans de règne - exige le limogeage du lieutenant-colonel Zida, qui est pourtant son numéro deux.
Le gouvernement burkinabè a affirmé qu’un complot contre M. Zida fomenté par des membres du RSP avait été déjoué le 28 juin.
Mais des officiers du régiment controversé accusent le chef du gouvernement d’avoir monté "un faux complot contre sa personne afin de créer des troubles et de se maintenir au pouvoir".
Les chefs militaires burkinabè ont de leur côté demandé vendredi dernier au président Michel Kafando de former un gouvernement composé de civils pour mettre fin à cette nouvelle crise.
Le Premier ministre a démenti lundi avoir démissionné, quand des rumeurs affirmaient la veille que le président avait exigé son départ. Il a lancé mardi devant un millier de sympathisants qu’il tiendrait "ferme" à son poste.
Les autorités de transition, mises en place après la chute de Blaise Compaoré, devront rendre les rênes du pays au nouvel exécutif issu de la présidentielle d’octobre.