Ouagadougou, - La Fédération internationale des droits de l'Homme a salué jeudi l'inculpation, qu'elle a qualifiée d'"inéluctable", de l'ex-chef de la junte guinéenne, le capitaine Moussa Dadis Camara, pour le massacre d'opposants dans un stade de Conakry en 2009.
"Nous nous félicitons grandement de cette inculpation que nous réclamons depuis plusieurs années, et que la justice devait réaliser depuis plusieurs mois déjà", a réagi Souhayr Belhassen, la présidente d'honneur de la FIDH, interrogée par l'AFP.
"La logique du dossier faisait que cette inculpation était inéluctable", a commenté Mme Belhassen, ajoutant que les remous politiques vécus par le Burkina Faso - avec la chute fin octobre de Blaise Compaoré, après 27 ans de règne -, où vit le capitaine Camara depuis 2010, avaient "grandement ralenti" la marche de la justice guinéenne.
Moussa Dadis Camara a été inculpé mercredi pour "complicité d'assassinats, séquestrations, viols, coups et blessures", par trois magistrats guinéens venus l'entendre à Ouagadougou.
Maxime Monimou, le porte-parole de son parti, le Front patriotique pour la démocratie et le développement (FPDD), a dénoncé "une justice purement politique", alors que Moussa Dadis Camara a annoncé en mai son intention de se présenter à la présidentielle d'octobre en Guinée.
"C'est Dadis Camara lui-même qui, en se déclarant (candidat), a inséré de la politique dans ce dossier, en tentant de monnayer sa candidature contre son impunité", a estimé Souhayr Belhassen.
Florent Geel, le représentant Afrique de la FIDH, a appelé "au calme" les partis politiques guinéens et les militants de l'ex-chef de la junte afin de "permettre à la justice d'aller au bout de son travail" et d'"éclaircir la culpabilité ou l'innocence" de M. Camara dans ce massacre.
Les violences du 28 septembre 2009 avaient été commises dans un stade de Conakry où étaient rassemblés des milliers d'opposants à la candidature à l'élection présidentielle du capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte militaire au pouvoir à l'époque.
Au moins 157 personnes avaient été tuées et plusieurs dizaines sont portées disparues depuis, selon un rapport de la Commission internationale d'enquête de l'ONU. De même source, au moins 109 femmes avaient aussi été violées dans le stade et ses environs.
Les victimes attendent "depuis des années" la tenue du "procès du 28 septembre" "avec dans le box des accusés Dadis Camara et tous ceux qui ont ordonné et exécuté le crime le plus grave de l'histoire récente de la Guinée", a estimé Asmao Diallo, présidente d'une association de victimes interrogée au téléphone par l'AFP.
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