Un millier de manifestants ont accueilli, mardi à son retour d’Abidjan, le Premier ministre du Burkina Faso, Isaac Zida, qui s’est engagé à "tenir ferme" face à l’armée et l’ex-majorité qui réclament sa démission, a constaté l’AFP.
"J’ai compris le sens de votre manifestation. C’est un encouragement à tenir ferme et je vais tenir ferme parce que je sais que je suis dans la volonté de Dieu et du peuple", a déclaré sous des ovations M. Zida, un protestant évangélique convaincu.
"Soyez sereins parce que je suis très serein moi-même", a-t-il lancé, juché sur une petite table devant la primature, après une demi-heure de marche à pied depuis l’aéroport militaire, entouré des responsables associatifs ayant organisé l’évènement et de la foule de ses supporteurs.
Isaac Zida avait démenti des rumeurs de démission lundi, alors qu’il s’apprêtait à s’envoler pour Abidjan, où il a notamment rencontré le président ivoirien Alassane Ouattara durant un voyage officiel d’un jour et demi.
Des partis politiques de l’ancienne majorité pro-Compaoré ont réclamé mardi le départ du Premier ministre, que demande aussi l’armée, notamment le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), avec lequel M. Zida est en crise ouverte depuis une semaine.
Ce mouvement de contestation, impulsé par le RSP, corps d’élite qui fut le bras armé de l’ex-président Blaise Compaoré --chassé par la rue en octobre après 27 ans de règne--, se tient à trois mois de l’élection présidentielle prévue le 11 octobre.
Le gouvernement burkinabè a affirmé qu’un complot contre M. Zida fomenté par des membres du RSP avait été déjoué le 28 juin.
Mais des officiers du régiment controversé accusent le chef du gouvernement d’avoir monté "un faux complot contre sa personne afin de créer des troubles et de se maintenir au pouvoir".
Les chefs militaires burkinabè ont de leur côté demandé vendredi au président Michel Kafando, qui tente de jouer les médiateurs, de former un gouvernement composé de civils pour mettre fin à cette nouvelle crise.
Isaac Zida peut se "rassurer" parce qu’il est "un Premier ministre du peuple" et non "un Premier ministre d’un groupuscule", l’a soutenu Hervé Ouattara, le président d’un collectif en pointe dans la lutte anti-Compaoré, par référence au RSP.
Les autorités de transition, mises en place après la chute de Blaise Compaoré, devront rendre les rênes du pays au nouvel exécutif issu de la présidentielle d’octobre.