Conakry- L’ex-chef de la junte guinéenne, le capitaine Moussa Dadis Camara, a été inculpé mercredi à Ouagadougou par des magistrats guinéens enquêtant sur le massacre d’opposants dans un stade de Conakry en septembre 2009, a-t-on appris auprès de son avocat et de son parti.
"Moussa Dadis Camara va désormais être entendu en tant qu’inculpé et non comme un simple témoin", a indiqué à l’AFP Maxime Monimou, porte-parole de son parti, le Front patriotique pour la démocratie et le développement (FPDD).
L’interrogatoire a été conduit par deux juges d’instruction et un procureur guinéens au palais de Justice de Ouagadougou, où le capitaine Camara est en exil depuis 2010.
L’audition du capitaine Camara a duré "près de deux heures et demie", a confirmé l’un de ses proches, ajoutant qu’il "sera entendu encore la semaine prochaine".
Des examens préliminaires de la CPI, préalables à l’ouverture d’une éventuelle enquête, sont en cours en Guinée. Cette inculpation fait ainsi suite à la visite la semaine dernière en Guinée de la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda.
Le porte-parole de son parti a dénoncé "une justice purement politique": "Il a fallu que l’ancien président annonce son retour en politique et affiche clairement son intention de briguer les suffrages des électeurs en octobre prochain pour que cette machine judiciaire se réveille", s’est insurgé M. Monimou.
Moussa Dadis Camara a en effet annoncé en mai son intention de rentrer en Guinée pour se présenter à l’élection présidentielle, dont le premier tour est prévu le 11 octobre.
Les violences du 28 septembre 2009 avaient été commises dans un stade de Conakry où étaient rassemblés des milliers d’opposants à la candidature à l’élection présidentielle du capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte militaire au pouvoir à l’époque.
Au moins 157 personnes avaient été tuées et plusieurs dizaines sont portées disparues depuis, selon un rapport de la Commission internationale d’enquête de l’ONU. De même source, au moins 109 femmes avaient aussi été violées dans le stade et ses environs.
Diverses sources judiciaires et au sein des ONG de défense des droits de l’Homme avaient fait état d’une vingtaine d’inculpations prononcées contre des militaires et des civils dans le cadre de l’enquête judiciaire guinéenne, ouverte en 2010.
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