Le Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (Syntsha) a décrété une grève de 96 heures, qui court du 2 au 5 avril 2013. Il entend ainsi obtenir la réintégration d’un agent de santé licencié en Conseil des ministres parce qu’il aurait refusé d’assister une parturiente qui en a perdu la vie. Au journal de 13h de la Radio télévision du Burkina/radio (RTB-radio) ce 2 avril 2013, le secrétaire général du ministère de la Santé, Dr Souleymane Sanou, a expliqué les dispositions prises par son département ministériel pour assurer la continuité des soins dans les services de santé.
RTB: Qu’est-ce qui se passe actuellement dans les formations sanitaires du pays?
Dr Souleymane Sanou: Dans les formations sanitaires du pays, ceux qui ont décidé d’aller en grève l’ont fait et ceux qui ont décidé de ne pas le faire sont restés à leurs postes de travail. Avec eux, nous essayons de nous organiser pour que la continuité des services puisse être assurée, notamment dans les services les plus vitaux.
Quels sont les formations les plus touchées par la grève?
Ce sont les formations de grosses concentrations humaines comme les hôpitaux essentiellement, mais aussi les blocs opératoires. L’agent qui a été révoqué en Conseil des ministres travaillait dans un bloc. On comprend que c’est par solidarité de corps que les uns et les autres se sont mis avec lui.
Et à Séguénéga où il était en poste?
Le service minimum est assuré à Séguénéga.
Les travailleurs dénoncent le licenciement de cet agent pour faute professionnelle mais aussi l’affectation d’un autre qu’ils jugent abusive. Qu’est-ce-qui justifie réellement le licenciement de l’agent?
Les statuts de la Fonction publique stipulent que lorsque pareille situation arrive, un rapport est produit. Au vu de ce rapport, le Conseil des ministres a estimé que la faute était suffisamment grave et relevait de l’article 147 des statuts de la Fonction publique qui précise que dans ce genre de cas, le Conseil des ministres peut prendre sa décision. L’agent est sanctionné pour non assistance à personne en danger. La femme qu’il a refusé d’assister est décédée avec son enfant. On ne le rappelle pas assez, il y a deux personnes qui sont mortes du fait de cet agent qui n’est même pas venu voir cette femme en détresse.
Le fil du dialogue est-il rompu?
Les points de revendications de la grève ne sont pas spécifiquement adressés au ministère de la Santé, mais au Conseil des ministres. Par contre, nous avons reçu une plate-forme revendicative du syndicat en 2011. Il y a eu des accords et nous continuons à suivre les progrès de cette plate-forme. Du reste, il y a des rencontres périodiques qui sont organisées avec le syndicat. C’était le cas jeudi dernier. Nous estimons que ce sont des partenaires sociaux avec lesquels nous devons continuer à échanger.
En perturbant le fonctionnement des services de santé cette grève ne risque t-elle pas de créer d’autres cas malheureux?
C’est la grosse crainte. Dans certaines localités, il y a des ententes qui se font entre les grévistes et les responsables des services. Mais il y a des endroits où il n’y aucune entente. Nous essayons d’organiser le peu de personnel qui y est disponible. L’essentiel pour nous est que quelqu’un ne se fasse pas renvoyer d’une formation sanitaire parce qu’on ne peut pas lui prodiguer les soins dont il a besoin. C’est pour cela que j’insiste sur la continuité des services au niveau des structures. Nous ne pouvons pas tout faire mais nous avons l’obligation de faire avec ce que nous avons.
Les revendications seront-elles satisfaites?
On fait un mauvais procès au ministère de la Santé parce que ce que conteste le syndicat, c’est une décision administrative pris en conseil des ministres. Je ne pense pas que ce soit la bonne voie pour le faire. Il y a des tribunaux administratifs dans le pays et c’est à eux qu’il fallait plutôt s’adresser. Nous, nous n’avons pas d’influence sur cette décision.