Le Burkina Faso a fait de la protection et de la promotion des droits des enfants et des familles une préoccupation majeure. Ainsi, le pays a ratifié plusieurs instruments juridiques internationaux, régionaux et nationaux y relatifs pour marquer son engagement dans la lutte pour un meilleur devenir des enfants.
Le Burkina Faso a adhéré aux résolutions 47/237 du 20 septembre 1993 des Nations Unies relative à la célébration de la Journée internationale des familles (JIF) et CM/Rés.1290 (XL) de l’Organisation de l’Union africaine de juillet 1990, instituant la Journée de l’enfant africain (JEA). Le pays a également adopté le décret n°2001-258/PRES/PM/MASSN du 6 juin 2001, instituant la Journée nationale de lutte contre la pratique de l’excision (JNLPE).
De ce fait, le gouvernement manifeste sa conviction sur la nécessité de consacrer une attention particulière à la protection de l’enfant, en commémorant chaque année les journées dédiées à la famille, à l’enfant africain et à la lutte contre la pratique de l’excision. Ainsi, pour la troisième fois consécutive, la Journée internationale de la famille célébrée le 15 mai, la Journée nationale de lutte contre la pratique de l’excision célébrée le 18 mai et la Journée de l’enfant africain célébrée le 16 juin sont commémorées au cours du « Mois de la famille et de l’enfant » du 16 juin au 14 juillet 2015.
Cette année, le mois est placé sous le thème central « Promouvoir l’intégration et la solidarité entre les générations pour accélérer l’élimination des mariages des enfants et des mutilations génitales féminines », en vue de prendre en compte la situation actuelle des familles et des enfants au Burkina Faso.
La célébration conjointe de ces trois journées offre une occasion aux différents acteurs de la protection et de la promotion de la famille et de l’enfant d’initier des actions en synergie, afin d’insuffler une dynamique dans la résolution des problèmes individuels et collectifs vécus par les membres de la famille.
La famille, « cellule de base de la société » par essence et cadre majeur de socialisation de production et de reproduction, devrait être le lieu privilégié de protection et de promotion des droits de ses membres. C’est également dans le milieu familial que chaque membre devrait acquérir des valeurs fondamentales telles la solidarité, l’unité, l’intégration sociale, etc.
Malheureusement au regard des mutations sociales, la famille n’a plus son lustre d’antan. Par conséquent, les valeurs de solidarité et d’entraide sont mises à rude épreuve, impactant négativement les rapports sociaux entre les membres de la famille et la cohésion dans les communautés.
Les violences familiales, une violation des droits humains
En plus de cette situation peu reluisante de la famille, ses membres sont exposés à des violences persistantes telles que les mariages précoces ou mariages des enfants, les mutilations génitales féminines (MGF), l’exclusion sociale des personnes âgées… Ces violences sous-tendues par des considérations socioculturelles constituent une violation des droits humains car elles affectent non seulement le droit à l’intégrité physique et morale, le droit à la santé sexuelle et reproductive des filles et des femmes, mais aussi leur droit à l’éducation.
En effet, il a été révélé que chaque année, dans le monde, environ 14 millions d’adolescentes sont mariées et 41 pays ont un taux de prévalence du mariage des enfants de 30% ou plus. Parmi ces pays, 30 sont en Afrique. Dans les pays en développement, une fille sur trois est mariée avant l’âge de 18 ans et une fille sur neuf à l’âge de 15 ans.
Selon l’Union africaine, 39% des filles en Afrique subsaharienne sont mariées avant leur 18ème anniversaire et 13% sont mariées avant leur 15ème anniversaire. Au Burkina Faso, parmi les femmes de 15-19 ans, 23,5% sont déjà mariées ou vivent en union libre dont 30,9% en milieu rural contre 9,5% en milieu urbain (INSD/UNICEF, 2008).
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime à 140 millions le nombre de jeunes filles et de femmes dans le monde qui vivent actuellement avec les séquelles de mutilations génitales. Pour le continent africain, on estime à 92 millions de femmes et de jeunes filles qui ont subi, parfois dès l’âge de 10 ans, des mutilations sexuelles. Au Burkina Faso, l’Enquête démographique et de santé (EDS-IV) réalisée en 2010 fait ressortir un taux de prévalence de 76% chez les femmes et filles âgées de 15 à 49 ans et de 13,3% chez les filles de moins de 15 ans.
Face à ce constat, il est plus que nécessaire d’intervenir en synergie d’action avec tous les acteurs, de renforcer les services sociaux de proximité, d’assurer une meilleure coordination des interventions pour une gestion efficiente des ressources. A cet effet, le ministère de l’Action sociale et de la solidarité nationale (MASSN) a entrepris, entre autres, l’élaboration du quatrième Plan d’action national de lutte contre la pratique de l’excision 2016-2020, l’élaboration d’une stratégie nationale de promotion pour l’abandon du mariage précoce ou mariage des enfants au Burkina Faso et la mise en place d’une plateforme multisectorielle entre les acteurs et intervenants.
Pour ce Mois de la famille et de l’enfant 2015, le MASSN prévoit principalement, la sensibilisation sur les différents thématiques à tous les niveaux, la formation et l’implication du personnel de santé au dépistage et à la prise en charge des séquelles et complications de l’excision et l’intégration de la réparation des séquelles de l’excision dans le paquet minimum d’activités des formations sanitaires.
A l’occasion des commémorations de ces trois journées relatives à la famille, à l’excision et à l’enfant africain, tous les partenaires et acteurs qui font de ces problématiques leur combat quotidien sont invités à maintenir leur engagement dans la lutte en faveur des droits humains en général et particulièrement de ceux des enfants et des personnes âgées.
Ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale