Le Syndicat des travailleurs en santé humaine et animale (SYNTSHA) observe depuis ce mardi 2 avril 2013 une grève de quatre jours. Ce matin à la bourse du travail de Ouagadougou, il y avait une forte mobilisation des militants du SYNTSHA qui réclament l’annulation de la décision de licenciement d’un des leurs. Ils ont profité déposer leur nouvelle plateforme revendicative qui s’articule autour de deux points essentiels.
Apres un sit-in de quatorze jours, le syndicat des travailleurs en santé humaine et animale a lancé un mot d’ordre de grève de quatre vingt seize heures. Débutée ce mardi 2 avril 2013, cette grève fait suite a la révocation de Kaboré Nonguebzanga, attaché de santé en anesthésie et réanimation a Séguénega.
Pour le secrétaire adjoint du bureau national du SYNTSHA, ce licenciement est arbitraire. Le gouvernement estime que pendant la période de grève, le camarade Nonguebzanga Kaboré a manqué à son devoir car il y a eu non assistance à personne en danger. Ce qui n’est pas vrai, car la pathologie (éclampsie) dont cette patiente souffrait ne peut être prise en charge par un centre de santé comme celui de Séguénega, en raison de l’insuffisance de son plateau technique. Avant d’être évacué dans un centre hospitalier plus adapté, la patiente a rendu l’âme.
Le deuxième point de revendication concerne l’affectation de Gomgnimbou Aoué. Pour le SYNTSHA cette décision est contraire au protocole d’accord signé entre eux et le gouvernement depuis juin 2011. Ce protocole stipule qu’un militant syndical disposant d’un mandat ne doit pas être affecté.
Suite à ces mouvements de grève le service dans les centres de santé de Ouagadougou est assuré par les médecins militaires et les contractuels, comme c’est le cas à l’hôpital Yalgado Ouédraogo.
Dans les Hauts –Bassins
A défaut d’avoir des chiffres, le directeur régional de la santé (DRS) des Hauts-Bassins, Yacouba Sawadogo confirme le suivi de la grève dans sa région. Au niveau des Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) des campagnes, la grève n’a pas été respectée ; comme ce fut le cas dans les centres urbains. Par ailleurs, le 27 mars 2013, une réunion avait été tenue en interne au niveau de la région, pour faire face à la situation. Ainsi, le personnel réquisitionné et les agents qui n’ont pas fait grève, ont été placés aux urgences du Centre hospitalier universitaire Souro Sanou. Au niveau de la chirurgie, c’est le bloc du CMA de Dafra qui a été retenu. Des centres privés de soins ont été repérés par la direction, pour pouvoir y référer des malades au besoin. « Il faut dire qu’au niveau des Hauts-Bassins, les autorités régionales ont pris à bras le corps la situation, afin de réduire le maximum possible les conséquences de la grève », nous a confié le DRS des Hauts-Bassins. De même, des structures confessionnelles ont été répertoriées pour la cause. « Nous avons également adressé une correspondance au propriétaire de pharmacie privées. En tant que administration sanitaire, nous avons pris des précautions pour faire face à la situation », a-t-il précisé.
« Pas un infirmier pour remplacer un infirmier »
Le Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) observe du 2 au 5 avril 2013, une grève nationale. Dans la région du Nord plus particulièrement à Ouahigouya où siège le centre hospitalier régional, la grève a été suivie. Les malades sont en situation de précarité avancée.
Le constat est amer lorsque vous arrivez sur ces lieux. Le nouveau CHR avec ses bâtiments flambants neufs, souffre d’un manque de personnel soignant. Seuls les malades et les accompagnants joncent le sol et rasent les murs. A notre arrivée, dès que nous avions franchi la porte principale de l’hôpital pour constater l’effectivité de la grève, un monsieur s’est dirigé vers nous pour se renseigner, croyant que nous étions des agents de Santé. Malheureusement non. Nous observions en ce moment une autre démarche pour ne pas ameuter les accompagnateurs des malades. Après avoir fait le tour, nous avons constaté la fermeture de certains services et des salles d’hospitalisation au niveau de la médecine générale. Du côté de la maternité, les usagers se font très rares. Ont-ils peur de venir ? Ce qui est sûr, deux accompagnatrices nous ont confirmé que tous les infirmiers sont partis. Elles tiennent leurs produits qu’elles ont payés le lundi soir et ne savent qu’en faire. Les grévistes se sont retrouvés au siège de l’Ecole démocratique et populaire (EDP), sise au secteur 1, où ils ont eu une communication en rapport avec la représentativité syndicale. « Les périodes des piquets de grève sont des occasions pour le syndicat de lancer un certain nombre de messages et également de former les militants », a dit le Secrétaire général de la section du Yatenga, Issiaka Ouattara. « Certaines de nos activités ont été rendues possibles grâce au soutien de la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGTB). Il se dit être satisfait de la mobilisation. Que ce soit du côté du CHR de Ouahigouya que des CSPS urbains, la grève a été respectée à l’unanimité. Pas un infirmier pour remplacer un autre. Quant à la journée du 3 avril, ce sont toutes les organisations syndicales de la région du Nord qui vont se joindre aux hommes en blouses blanches pour emprunter les artères de la ville et manifester leur désaccord. Dans le but de ramener le gouvernement à revoir sa position quant à la décision de licenciement de l’infirmier de Séguénéga, jugé comme une atteinte à la liberté syndicale. Une situation qui nous renvoie à l’adage : « déshabiller Pierre pour habiller Paul ».
Des prêtres et des CRS au CHR de Dédougou
Si le vieux Gniné Coulibaly savait qu’en arrivant le lundi 1er avril soir au Centre hospitalier régional de Dédougou avec son enfant malade, il passerait plusieurs heures sans que celui-ci ne bénéficie d’aucun soin, il serait resté à Zawara, son village d’origine ou à défaut, il aurait pris ses précautions pour se rendre dans une clinique. C’est dans le désarroi que nous l’avons rencontré ce mardi matin dans un hall du bâtiment abritant la pédiatrie du CHR. Le vieux Gniné dit ne rien comprendre depuis son arrivée le lundi surtout après minuit. « Les infirmiers sont tous partis et depuis ce matin (ndlr), c’est seulement deux agents que nous avons vu, mais ils sont dans l’autre bureau. Vous voulez les voir ? non, lui a-t-on répondu. En fait, les deux agents dont parle le vieux Gniné ne sont autres que des infirmiers de la Compagnie républicaine de la sécurité (CRS). C’est à eux que la direction de l’hôpital a fait appel pour assurer le service minimum à la pédiatrie depuis le démarrage de la grève. Au niveau des urgences, c’est un prêtre qui assure les premiers soins tandis que pour le laboratoire, on retrouve des stagiaires. Mais que fait l’hôpital en cas de complications ? Les cas les plus graves sont référés au centre médical « lève toi et marche », a expliqué un agent de la direction de l’hôpital. Malgré ces dispositions prises, le service dans la plupart des formations sanitaires publiques de Dédougou connait une paralysie totale. Au CSPS du secteur 3 par exemple, aucun service minimum n’est mis en place. C’est seulement la caissière qui était sur place au moment de notre passage. Pas de traces d’agent soignant au niveau de la salle de consultations et au niveau de la maternité. Toute chose qui a fait dire au Secrétaire général du SYNTSHA de la section du Mouhoun que le niveau de mobilisation à la grève est très satisfaisant. Selon Bakary Koné, la particularité est que les agents des centres de santé des villages environnants se sont associés à leurs collègues de la ville.