La mise en place du bureau du conseil régional des Cascades a eu lieu le 30 avril 2013 à Banfora, chef-lieu de la région. La Convention des forces démocratiques du Burkina (CFD-B), bien que n’ayant obtenu que 2 conseillers régionaux, s’est adjugé le poste de président de ladite institution au dépens des autres formations politiques dont le CDP qui compte 21 conseillers.
N’Golo Brahima Ouattara, c’est le nom du second président de l’histoire du conseil régional des Cascades. Inspecteur des impôts et présentement à la tête de la direction provinciale du Mouhoun, il est parvenu, malgré l’infériorité numérique des conseillers de son parti, à se hisser au perchoir de l’instance décisionnelle de la région des Cascades face à des candidats CDP que sont Sanlé Sori, ex- DREBA des Cascades, et Idriss Foumbè Héma, ex- président du conseil régional. Son élection a eu lieu le 30 mars 2013 à la SONAPOST de Banfora au cours d’une session convoquée et présidée par le gouverneur de la région, Léonard T. Guira. Cette session a également connu la présence du secrétaire générale de la région, Abdoulaye Ouédraogo, qui aura porté l’essentiel des textes régissant cette séance à la connaissance des 34 conseillers régionaux qui ont tous répondu présent à la convocation. Dès l’ouverture des candidatures après le retrait du gouverneur et sa suite, trois doigts se sont levés ; ceux de Idriss Foumbè Héma, de Sanlé Sori, tous deux issus du CDP, et de celui qui allait devenir le second président dans l’histoire du conseil régional N’Golo Brahima Ouattara, actuellement directeur provincial des impôts du Mouhoun. Les deux candidatures au sein du CDP ont donc confirmé tout le malaise que connaissait le parti de Assami Kouanda et dont tout Banfora parlait tant. C’était donc une aubaine à saisir pour la Léraba à qui on avait promis, il y a 6 ans, la seconde présidence du conseil régional. Comme pris par un sursaut d’orgueil, les élus régionaux de cette province ont formé un bloc solidaire derrière le candidat de la CFD-B, N’Golo Brahima Ouattara, puisqu’en plus des 2 conseillers issus de sa propre formation politique, 18 autres dont évidemment certains du CDP ont voté pour lui. Il obtient donc 22 voix contre 10 pour Sanlé Sori qui bénéficiait pourtant de l’aval de la direction nationale du CDP. Celle-ci a en effet donné une directive, demandant aux représentants du parti de soutenir la candidature de l’ex-DREBA. Le président sortant Idriss Foumbè Héma, quant à lui, n’aura récolté que 2 voix lors de ce vote. A Sanlé Sori, certains élus régionaux reprochent malheureusement la proximité avec les dissidents du parti dont les actions ont, dans une certaine mesure, contribué à disqualifier le parti de la course pour les élections municipales de Banfora.
Les élus de la Léraba ont passé la nuit ensemble
Pour d’autres, le candidat malheureux n’a tout simplement pas « mouillé le maillot ». Ainsi donc, le CDP, malgré sa majorité au sein de ce conseil régional, manque de remporter la présidence. Preuve que la discipline n’est plus la chose la mieux partagée au sein de ce parti qui a jadis fait la pluie et le beau temps à Banfora. En effet, le poste de 1er vice-président est revenu à Balagassina Ouattara du CDP, un opérateur en alphabétisation, et celui du 2e vice-président à Fousseni Son, un employé de la société Ludic Lydia.
A ce qu’on dit, les élus de la Léraba, en se rendant à Banfora, avaient la ferme décision de décrocher la présidence du conseil régional. Ils auraient passé la nuit du 29 au 30 mars 2013 ensemble. Une nuit au cours de laquelle ils ont affiné leur plan de conquête avec des ouvertures pour le RDB et l’ADF/RDA à qui la présidence de certaines commissions a été confiée. Pour Léonce Koné, le vote de ce 30 mars 2013 traduit une trahison pure et simple de la part de certains conseillers du CDP/Cascades. « Cela n’est pas digne de ceux que je considère comme mes frères des Cascades, car la politique, on la fait ouvertement en déclarant honnêtement ses positions même lorsqu’elles sont différentes de celles du parti. Autrement, on fait le choix de partir », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Je suis franchement déçu en ce sens qu’au sein du conseil régional, notre parti qui a la majorité, a validé la candidature de certains camarades pour les différents postes. Nous avons tenu une réunion préparatoire la veille des votes pour partager avec l’ensemble des camarades la directive nationale ».
En attendant, pour le nouveau président du conseil régional, ce vote est la manifestation de ce qu’il appelle une famille, un même groupe car à partir du moment où le bureau est mis en place, on ne parle plus, selon lui, de parti politique. « Nous travaillerons de sorte qu’on ne dise pas que nous sommes un président CFD-B », a-t-il lancé. N’Golo Brahima Ouattara entend renforcer les acquis du conseil sortant avant de mettre l’accent sur le développement des potentialités de la région. « Nous avons toujours suivi un dicton qui dit qu’il faut que la terre sache que tu es passé sur elle avant qu’elle ne te bouffe. Nous comptons laisser nos traces avant de partir », a-t-il laissé entendre.