Le championnat national de cyclisme, couru le dimanche 5 juillet 2015, entre Korsimoro et Ouagadougou a viré au drame. Le traditionnel sprint final a été marqué par l’accident de Salfo Bikienga, vainqueur de l’édition précédente. Gravement touché au crâne, celui-ci a été transporté aux urgences du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo.
Comme à l’accoutumée, des centaines de personnes avaient pris d’assaut le boulevard Charles de Gaulle, hier, dimanche 5 juillet, pour voir le nouveau champion national de cyclisme. Mais, ces deniers ont assisté à ce qui se présente comme le premier véritable accident de l’histoire du cyclisme burkinabè. A quelques mètres de l’arrivée, l’un des 6 cyclistes à la lutte pour le titre, à savoir Salfo Bikienga, a violemment percuté l’une des barres de fer du car podium affrété pour l’animation. La violence du choc a ouvert le crâne du champion en titre, laissant ainsi s’échapper une mare de sang.
Pourtant, tout était réuni, hier dimanche 5 juillet 2015, pour offrir une belle course et surtout du spectacle aux centaines d’amoureux de la petite reine qui avaient bravé le soleil pour vivre ce spectacle. Sur la ligne de départ, au niveau de Kossodo, ils étaient 62 coureurs, représentants 16 clubs différents, à nourrir la même ambition : détrôner Salfo Bikienga, vainqueur de l’édition 2014. Dès le départ, la course s’emballe rapidement, même si dans l’ensemble, les coureurs restent groupés. C’est dans ce contexte que le porteur du maillot national, Salfo Bikienga, remporte le premier point chaud, situé à Ziniaré, devant Aziz Nikiéma, notamment. Mais, c’est Mathias Sorgho qui passe en premier le 2e point chaud à Korsimoro.
Un finish dramatique
Le retour sur la capitale et précisément sur l’Avenue Charles de Gaulle pour le traditionnel circuit fermé de 4, 4 km se fait plus allègrement. Cela, même si Aziz Balboné parti en échappée, a franchi le premier le 3e et dernier point chaud. A ce moment de la course, les coureurs avaient mis 3h 50’ 03’’ pour boucler les 143 km. Les coureurs avalent rapidement les 22 km restants, en moins de 33 minutes. A quelques mètres de l’arrivée, 6 coureurs se détachent : Saïdou Bamogo et Yacouba Yaméogo de l’AJCK, Abdou Sokondo (RCK), Aziz Nikiéma (USFA), Rasmané Ouédraogo (Tan Aliz) et le champion en titre, Salfo Bikienga (AS Bessel). La course est finalement remportée par Saïdou Bamogo de l’AJCK qui a bouclé les 165 km en 4 h 23’ 02’’ avec une vitesse moyenne de 37, 637 km/h, juste devant son équipier Yacouba Yaméogo (voir classement en encadré).
Mais, dans le sprint final, ce dernier qui était à la lutte avec Rasmané Ouédraogo perd l’équilibre et heurte violemment le car podium. Un accident que peu de spectateurs et même de journalistes avaient vu venir. C’est, en effet, quelques dizaines de secondes après que Saïdou Bamogo a franchi, le premier, la ligne d’arrivée que certains apprendront ce qui s’était passé. Les cris de malheur s’élèvent de partout. Certains n’hésitent pas à mettre les deux mains sur la tête. Dans ce remue-ménage, d’autres accusent et profèrent des injures. Si ces derniers accusaient ouvertement le porte-flambeau de l’équipe Tan Aliz d’avoir poussé son adversaire, d’autres allaient même jusqu’à demander des sanctions à son encontre, voire une exclusion définitive.
Une longue attente
Mais pendant que la victime de l’accident était encore couchée sur l’asphalte, l’ambulance se faisait toujours désirée. La violence du choc était telle que le casque était coupé en deux, par le milieu. La monture du coureur, elle, était également coupée en plusieurs morceaux et le sang, dégoulinant du crâne ouvert, a changé en rouge, la teinte grisée du bitume. Ni les cris, ni les interpellations ne feront malheureusement venir ce si précieux véhicule. Car, comme on l’apprendra plus tard, la Fédération burkinabè de cyclisme, au regard de son budget d’austérité, n’avait pas prévu d’ambulance. Après quelques soins sur place et un bandage sur la tête, Salfo Bikienga a été finalement transporté par un « véhicule ordinaire » aux urgences traumatologiques du CHU Yalgado Ouédraogo.
Mais, pendant ce temps, une foule s’était amassée devant la tribune officielle. Les injures fusaient de toutes parts ; la tension était à son paroxysme. Celle-ci s’estompa peu à peu avec le retrait des officiels qui signifiait que la cérémonie de remise des prix avait été ajournée. Comme elle, la foule se dissipa progressivement. C’est alors que nous avons cherché à revoir les différents films de l’arrivée pour nous faire une idée de l’origine du drame.
Un peu plus tard, soit aux environs de 14 h, une équipe de de la police nationale s’est rendue sur place, alors que tout avait été dégagé, pour faire le constat de l’accident.
Dans les coulisses, nous apprendrons également qu’une conférence de presse devrait être organisée par la Fédération burkinabè de cyclisme, dans les prochaines heures, pour clarifier la situation et communiquer sur l’état de santé du cycliste blessé.