Comment évoluera la situation économique dans le monde en 2013 ? Une interrogation qui vient à point nommée car si l’année 2012 a rassuré le monde de la finance, on se demande si l’année 2013 sera dans son prolongement ou marquera-t-elle au contraire une remontée des risques ? Dans tous les cas, il suffit de regarder un peu en arrière pour comprendre à quel point la prévision financière est un art difficile. Rien que l’année dernière, l’Institut britannique « Center for economics and business research » (CERR), connu pour son classement annuel des plus grandes puissances économiques mondiales prédisait que l’année 2012 marquera le début de la dissolution de l’euro, avec la sortie d’un premier pays, avec une forte baisse de l’inflation. Mais l’année 2012 s’est écoulée en démentant cette prévision. Pour 2013, l’espoir et l’incertitude se chevauchent !
Les acteurs du monde de la finance font généralement preuve d’un optimisme tempéré à l’image de la banque suisse Picket, pour qui 2013 se présente comme « un défi porteur d’espoir dans un contexte incertain ». Voilà une formulation pour le moins sibylline, qui démontre bien une certaine circonspection !
Certes, après un millésime 2011 marqué par la montée des risques, l’année écoulée a apporté des nouvelles rassurantes, à commencer par la détermination affichée de la Banque centrale européenne à soutenir coûte que coûte tout pays de la zone euro qui serait en difficultés financières : un simple effet d’annonce qui a fait nettement chuter les craintes d’explosion de la zone euro et explique en partie la bonne tenue des marchés financiers en 2012.
Surtout pour juger de la situation globale, il faut bien considérer que nous vivons aujourd’hui dans un monde tripolaire comme le dit le stratégiste Mathieu L’Hon.
Car si l’Europe est clairement en zone de récession, les Etats-Unis restent en croissance modeste et les pays émergents continuent leur développement à un rythme rapide, des pays comme l’Inde ou la Chine étant attendus à des niveaux de 7 à 8 % de croissance économique l’an prochain.
Hors d’Europe, quelques bonnes nouvelles surgissent ça et là. Ainsi, aux Etats-Unis, les traces du krach immobilier de 2006, qui avait contribué à la crise des subprimes, semblent de nos jours effacés, avec des prix immobiliers qui sont clairement repartis à la hausse cette année tandis que l’endettement des ménages s’est stabilisé. Reste au pays à régler le problème du fameux « mur budgétaire », ce qui n’est toujours pas fait.
Une économie mondiale toujours en croissance malgré certaines difficultés
Côté pays émergents, l’élément rassurant vient du fait que, si le manque de dynamisme des pays développés affecte la production industrielle de cette zone, l’économie montre des signes de résistance, grâce à une demande interne qui continue d’augmenter fortement. C’est le signe d’un chômage faible dans ces pays et d’une classe moyenne qui émerge et aspire à une élévation de son niveau de vie.
En Europe, alors que les banques centrales ont injecté des masses très importantes de liquidités sur le marché et maintenu les taux d’intérêts artificiellement bas, les actifs risqués comme les actions pourraient connaître à nouveau une année favorable en 2013, s’accordent à penser la plupart des observateurs.
C’est somme toute assez logique car à la différence des Etats, les entreprises, notamment européennes, sont en bonne santé financière et celles qui savent exporter bénéficient de la croissance mondiale. Toutefois, les sources de risques n’ont pas disparu et les politiques monétaires actuelles ont même des effets jugés pervers par certains.
Notamment, elles font peser une menace sérieuse sur le secteur de l’assurance-vie : les assureurs sont en effet contraints par certaines réglementations, comme la directive européenne « Solvabilite II » à acheter massivement des actifs dits sans risques comme les obligations d’Etat.
Or, ceux-ci ne rapportent plus rien et les assureurs courent le risque d’avoir à terme des difficultés pour faire face à leurs engagements vis-à-vis des assurés. Une autre crainte soulevée par certains est que la crise pourrait inciter pas à un retour du protectionnisme, ce moyen de défense qui avait précisément aggravé la crise de 1929.
A vrai dire, le mouvement a commencé et une récente enquête réalisée par le journal « L’Expansion » dénombre plus de 1600 mesures protectionnistes prises dans le monde depuis novembre 2008, les pays les plus visés étant la Chine, les Etats-Unis, l’Allemagne et la France.
Les autorités américaines ont ainsi imposé en 2012 des taxes de 24 à 250 % sur les importations de panneaux solaires photovoltaïques chinois pour protéger les fabricants nationaux. Bref, les clignotants de l’économie mondiale en ce début d’année 2013, sont au vert car cette économie semble être toujours « sous contrôle », mais elle est plus que jamais sous haute tension. Alors la prudence est de mise.
