e gouvernement burkinabè vient de décider en cette veille de rentrée académique pour les universités de Ouagadoutou et de Ouaga 2, d’un blanchissement technique de deux années universitaires (2010 – 2011 et 2011 – 2012). Cette décision vise à retrouver une année universitaire normale dans ces deux universités publiques où les activés académiques sont fortement perturbées depuis au moins cinq ans. Au-delà des universités de Ouagadougou, c’est l’ensemble des universités publiques qui sont peu ou prou en proie à des troubles périodiques compromettant la qualité de l’enseignement dispensée, voire la réussite des étudiants. Plusieurs facteurs internes et externes aux universités expliquent ces dysfonctionnements. Une étudiante burkinabè s’est sentie interpelée par la question au point de faire de la gouvernance universitaire au Burkina, un sujet de recherche pour l’obtention d’un master 2 en gestion des ressources humaines. Elle a cependant limité ses recherches à l’université de Koudougou et à la situation particulière des filles étudiantes. Vu l’actualité du sujet mais aussi pour satisfaire à l’une des exigences du jury commis pour apprécier le travail de l’impétrante, sollicité, notre journal a accepté de publier une synthèse des travaux de l’étudiante en question. ?
INTRODUCTION
Dans des travaux récents, Amaral & alii 2002a, De Boer & alii 1998, Gérard 2003, Hirsch & alii. 2001, Jones & alii 2004 déclarent en substance que la gouvernance universitaire est devenue un enjeu international dans l’enseignement supérieur car elle peut influencer sur le succès universitaires des étudiants ?
Le style de gouvernance dans les universités publiques des pays en voie de développement pose souvent des problèmes et nécessite certainement des changements dans le système par l’adoption de nouvelles pratiques idoines. De nos jours, l’échec universitaire est de plus très fréquent dans les universités africaines et les filles sont très souvent les premières victimes de ces échecs surtout dans les premiers cycles universitaires.
Le but de cette recherche est d’étudier les facteurs à l’origine des échecs académiques et d’explorer la manière dont la gouvernance universitaire pourrait contribuer au succès universitaire. ?Cette communication vise à analyser les relations entre la gouvernance universitaire et le succès académique des étudiantes.
Une approche qualitative a été utilisée pour collecter les données auprès des étudiantes de l’Université de Koudougou à travers un entretien semi-structuré de Juillet 2012 à Janvier 2013. Ainsi des suggestions seront formulées pour contribuer à l’amélioration de la gouvernance de l’Université de Koudougou pour le succès des étudiants et notamment celui des filles.
CONTEXTE
À l’instar de nombreux pays africains, au Burkina Faso on observe un intérêt croissant pour la gouvernance des établissements d’enseignement supérieur. L’université a un rôle de plus en plus important à jouer en tant que catalyseur du développement économique, social et culturel de la société dans laquelle elle évolue.
BATIONO Serge William, dans sa thèse de doctorat sur La contribution des conseils d’administration à la gouvernance des universités : de l’expérience de l’Université du Québec à Chicoutimi à la proposition d’un modèle efficace pour l’Université de Koudougou au Burkina Faso soutenue en 2011, déclarait que pour se positionner sur la scène internationale, les universités ont besoin de réformes et de transformations.
Également, Makosso en 2006 constatait avec justesse que les universités africaines connaissent des crises structurelles depuis plusieurs décennies et les raisons de ces crises ont des origines différentes telles que la persistance des conflits armés, des guerres civiles, l’instabilité politique, les grèves (enseignants, étudiants) et le style de gouvernance dans les universités.
La situation est assez inquiétante dans de nombreuses universités africaines car elles n’arrivent pas à valider plusieurs années académiques successives. Ceci est un obstacle à la formation des ressources humaines nécessaires au développement du continent.
Parfois, certains pays sont contraints de fermer les universités publiques plusieurs années de suite dans le but de faire une refonte complète du système de l’enseignement supérieur. Nous pouvons citer le cas des universités publiques de la Côte d’Ivoire qui ont ouvert seulement à la rentrée 2012. Les universités publiques du Burkina Faso connaissent aussi des crises et des troubles.
Par exemple, la première université du pays créée il y a 40 ans, a actuellement trois années qui ne sont pas validées. Selon Chouli 2009 les raisons de ces dysfonctionnements sont attribuables aux divers mouvements sociaux, à la gouvernance universitaire et souvent à l’instabilité politique qui empêchent les étudiants de suivre les cours.
Ces grèves et le style de gouvernance peuvent avoir un impact négatif sur les études des étudiants ainsi que sur leur réussite académique. Lors de cette enquête nous avons remarqué que peu d’études ont été faites sur la gouvernance universitaire au Burkina Faso. Les rares études antérieures n’ont pas insisté sur l’impact que la gouvernance universitaire pourrait avoir sur la réussite académique des étudiants ?
Comme le montrent les données statistiques de la Direction des études et de la planification du Ministère de l’Enseignement supérieur du Burkina Faso, on observe qu’un nombre infime de filles entrent à l’université, mais la plupart de ces filles ne réussissent pas, cas de l’université de Koudougou :
·Sciences Économiques et Gestion : entrée 2005-2006 : 370 étudiants, 95 étudiantes, en 2008-2009, seulement 133 étudiants et 35 étudiantes arrivent en quatrième année.
·Lettres modernes : entrée 2006-2007 : 36 étudiants, 18 étudiantes, en 2009-2010, seulement 24 étudiants et 14 étudiantes arrivent en quatrième année.
·Psychologie : entrée 2006-2007 : 32 étudiants, 9 étudiantes, en 2009-2010, seulement 18 étudiants et 2 étudiantes arrivent en quatrième année.
Selon le dernier recensement général de 2005, les femmes représente 51,7% de la population. En outre, récemment en 2010, l’Assemblée nationale a adopté une loi relative à la présence de 30% des femmes dans les structures politiques et administratives, depuis que le gouvernement a remarqué que les femmes sont exclues et ne peuvent pas contribuer efficacement au développement économique du pays.
Cependant, pour mettre en œuvre une telle mesure, il faudrait s’assurer de la présence de femmes scolarisées jusqu’au niveau de la formation supérieure ?
Cette recherche vise à identifier la relation entre la gouvernance universitaire et le succès académique des étudiantes et de formuler des suggestions pour améliorer la gouvernance universitaire au Burkina Faso pour booster le succès académique.
IMPORTANCE DE L’ÉTUDE
Il existe très peu d’études de cette nature au Burkina, ce qui rend cette étude à la fois difficile et intéressante car elle servira de base pour améliorer les conditions d’accès, de vie et de travail des étudiants. D’une part, cette recherche incitera les responsables à adopter des politiques plus favorables aux étudiantes ; et, d’autre part la mise en œuvre effective de ces politiques contribuera au développement économique du pays.
ANALYSE DE LA NOTION DE GOUVERNANCE UNIVERSITAIRE
Nous entendons par gouvernance universitaire l’ensemble des facteurs qui influent pour une bonne gestion administrative en vue d’assurer la réussite académique des étudiants.
En se fondant sur Le rapport d’évaluation des universités du Burkina Faso (p7- 18) en juin 2007- janvier 2008 par l’Agence universitaire de la Francophonie, la gouvernance universitaire se déclinerait en trois types de gouvernance : la gouvernance académique, la gouvernance sociale, la gouvernance administrative et financière.
La gouvernance académique
La gouvernance académique est la mise en œuvre à travers les conseils élus (Conseil d’Unité de Formation et de Recherche, conseil d’administration, conseil scientifique, conseil de la vie universitaire) qui, « assistent » l’autorité exécutive qu’est le président.
Les conseils élus sont composés des représentants de l’administration et des organisations syndicales (des enseignants, des personnels Agents, Techniciens et ouvriers spécialisés (ATOS) et des étudiants).
Les acteurs de la gouvernance académique sont : La Présidence, les vice- présidences ; les services centraux ; le personnel enseignant ; le personnel de soutien : (techniciens et ouvriers spécialisés) et les étudiants.
La gouvernance sociale
Le concept de « gouvernance sociale » provient plus largement de celui de la « gouvernance d’entreprise ». Il peut donc sembler utile de commencer par définir brièvement ce concept. De manière très générale, la gouvernance d’entreprise correspond à la manière dont les entreprises gèrent les retombées économiques, sociales et environnementales de leurs décisions et activités. (Jarraya, 2005).
Il s’agit essentiellement des « relations sociales » entre les salariés et l’entreprise, aussi bien en ce qui concerne les relations avec la Direction, avec l’encadrement ou dans l’équipe.
Une bonne gouvernance sociale se caractérise par des relations sociales favorables entre ces différents acteurs, ou, autrement dit, par des rapports humains de qualité. En d’autres termes, il s’agit de la capacité à « travailler ensemble » (Philippon, 2007). La gouvernance sociale de l’université s’appuie sur les deux axes suivants :
1-le fonctionnement institutionnel
Une collaboration entre l’Université de Koudougou avec le Centre Régional des Œuvres Universitaires de Koudougou (CROUK)/ représentant du Centre National des Œuvres Universitaires(CENOU).
L’université est représentée au Conseil d’Administration du Fonds national d’appui à l’enseignement et à la recherche (FONER).
Des pratiques citoyennes et démocratiques : les étudiants ont des représentants dans le Conseil d’Administration et le Conseil de Formation et de la Vie Universitaire.
2-le logement étudiant, la restauration, transport des étudiants, le système de santé, la vie culturelle et associative, les ressources de l’étudiant.
La gouvernance administrative et financière
La gouvernance administrative et financière est la politique administrative et financière de l’établissement. Elle se décline en actions à caractère administratif et financier de toutes les structures (services, UFR, départements,…).
Elle garantit la rationalité des processus administratifs et des flux financiers ainsi que l’exactitude et la cohérence des informations économiques et financières. La gouvernance administrative de l’université s’articule autour des points suivants :
Gestion des affaires estudiantines, gestion des ressources humaines, organisation administrative et informatisation. La gouvernance financière s’articule autour des points suivants : l’élaboration et l’exécution du budget, l’engagement des dépenses et les mécanismes de contrôle.
Facteurs influençant sur la réussite ou l’échec académique ?
Dans le cadre de cette étude, nous considérons le succès académique comme étant la réalisation d’un objectif pédagogique. C’est-à-dire que l’étudiant a réalisé une performance en vue de passer à une étape supérieure. L’échec scolaire est le fait qu’un étudiant quitte l’université sans qualification ou sans diplôme ?
Dans une recherche menée sur la perception de la manière dont les étudiants perçoivent leur réussite ou leur échec académique, Mkumbo et Amani (2012) ont examiné l’application de la théorie de l’attribution comme suit : « comprendre comment les étudiants attribuent leur réussite ou leur échec académique ».
Les gens peuvent réussir ou échouer en raison de facteurs personnels internes ou externes. Il a été révélé que selon la théorie de l’attribution, le succès ou l’échec des tâches académiques est associées à trois ensembles de caractéristiques :
Ils soutiennent que les causes du succès ou de l’échec peuvent être stables ou instables. Si les gens croient que les facteurs sont stables, alors ils estiment que le résultat de leur performance est susceptible d’être la même à la prochaine tentative avec la même tâche ou avec une tâche similaire. Si les facteurs sont instables, cela signifie qu’elles peuvent être modifiées, et par conséquent le résultat de la performance peut être différent à la prochaine tentative.
Les causes du succès ou de l’échec académique peuvent être soit contrôlables soit incontrôlables. Si les causes sont contrôlables, alors cela signifie que les gens estiment qu’ils peuvent modifier ces causes. Mais, d’un autre côté, si les gens croient qu-En plus de cela, ils font remarquer que dans le contexte éducatif, quatre facteurs d’attribution sont liés à la réussite ou l’échec scolaire (capacité de l’étudiant, difficulté de la tâche, l’effort et la chance).
